classic soccer jerseys damien Eck
Toutes les images ont été prise au stade Jospeh-Marien par Nine Louvel.
Culture

Avec le mec qui a monté un business de maillots de foot vintage

« J’ai acheté un maillot porté et signé par Maradona à plus de 3 000 euros, mais il peut valoir jusqu’à 10 000. »
Marie Pilette
Brussels, BE

Damien Eck (28 ans), plus connu sur Instagram sous le pseudo Classic Soccer Jerseys, a une passion pour les maillots de football collector. Du maillot introuvable de 1986 du club de Napoli à celui signé et porté par Maradona, sa collection a quand même un peu plus de gueule que les contrefaçons de votre petit cousin fan du Barça. Et depuis 2017, il a décidé d’en faire son business en vendant ses précieuses trouvailles en ligne.

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On lui a donné rendez-vous au stade Joseph-Marien à Bruxelles pour qu’il nous raconte ses débuts et comment il parvient à mettre la main sur ces perles rares. Armé de son sac de sport rempli de quelques-uns de ses trésors, il nous en a dit plus sur le business bien spécifique qu’est la vente de textile sportif.

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VICE : Salut Damien, comment est née ta passion pour les maillots de football vintage ?
Damien : C’était il y trois ans, juste avant l’Euro 2016. Je viens de France donc je cherchais un maillot de l’équipe de France, et comme je n’aimais pas celui qu’ils avaient sorti pour l’Euro, j’ai cherché un maillot vintage. J’ai fait des recherches en ligne et j’ai fini par en trouver un (que je n’ai malheureusement plus). Durant l’Euro, les gens avaient toujours un petit commentaire ou un compliment sur mon maillot. C'est à ce moment-là qu’est née mon idée, même si je ne me suis lancé dans ce business que quelques mois après l'Euro.

« Les maillots vintage sont beaux et sont redevenus à la mode. Aujourd’hui, on ne les porte pas qu’au stade, mais aussi dans la rue. »

Pourquoi avoir choisir de te focaliser sur un business aussi spécifique que la vente de textile sportif ?
Auparavant, j’aidais un ami qui avait un e-shop où il vendait des maillots actuels. Un jour, je lui ai demandé si il avait envie de se lancer avec moi dans les maillots vintage et il a refusé, pensant que ça ne marcherait pas. Personnellement, j’ai toujours été persuadé que mon idée valait le coup, car les maillots vintage sont beaux et aussi car ils sont redevenus à la mode. Aujourd’hui on ne porte pas ces maillots qu’au stade, mais aussi dans la rue.

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Il y a beaucoup de concurrence ?
Oui, surtout en Angleterre. C’est là que le business de revente de maillots vintage a commencé il y a quinze ans. Sinon, il y aussi des personnes qui ont commencé comme moi et qui ont certain maillots intéressants. Mon but, c’est d’avoir des maillots très spéciaux que les autres vendeurs n’ont pas.

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Comment mènes-tu tes recherches ?
Au début, on fait quand même pas mal d’erreurs parce qu’on ne s’y connait pas trop. On ne fait pas assez attention et on achète des maillots qui se révèlent être des contrefaçons. C’est comme ça qu’on apprend. La recherche du maillot en elle-même est assez complexe, car les vendeurs étiquettent souvent mal leur produit. Ça varie de “maillot vintage” et “maillot ancien” ou “t-shirt foot”. Les maillots les plus compliqués à dénicher deviennent souvent les plus précieuses de mes trouvailles, et leur propriétaire n'a bien souvent pas conscience de leur authenticité ni de leur valeur.

« La valeur de ce genre de biens augmente avec le temps. C’était aussi ça l’idée : investir dans quelque chose qui mûrit comme du bon vin. »

Comment reconnaître un maillot original d'une contrefaçon ?
Ça dépend. Toutes les marques n’ont pas les mêmes critères. L’année de sortie du maillot est aussi un facteur. Par exemple, il y a parfois un petit code à l’intérieur du t-shirt qui indique si le maillot à été porté ou pas. Le tissu est parfois très spécifique, au point que les chinois ou les italiens ne parviennent pas à l’imiter. Il faut aussi connaître les bonnes personnes. Certains collectionneurs m’ont beaucoup aidé. Lorsque j’ai trouvé un maillot porté et signé par Maradona, je suis passé par un ami. Je l’ai acheté à plus de 3000 euros mais il peut en valoir 7000 voir 10 000. Et il faut savoir que la valeur de ce genre de biens augmente avec le temps. C’était aussi ça l’idée : investir dans quelque chose qui mûrit comme du bon vin. C’est d’ailleurs pour ça que je ne suis jamais pressé de vendre tous les maillots que j’ai sur mon site; au final, si je les ai encore dans quelques années, tant mieux.

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Lequel de tes maillots a été le plus difficile à acquérir ?
J’ai acheté un livre de maillots de foot en décembre 2017 et j’y ai vu un maillot des Pays-Bas qui m’a tapé dans l’oeil. Il est très spécial, et aussi très cher, car il a été confectionné pour les joueurs et n’a jamais été commercialisé. Je l'ai acheté à 1700 euros.

Es-tu à la recherche d’un maillot spécifique pour le moment ?
Oui, mais il est assez cher : celui de l’Allemagne de l’Ouest en 1990. Il ressemble un peu à celui des Pays-Bas mais en vert foncé. Un autre maillot qui ne se vendait pas sur le marché.

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Où trouves-tu toutes ces pièces ?
Au début je les trouvais beaucoup sur des sites tels que leboncoin, 2ememain, ou encore Ebay et des sites de reventes Hollandais. J’ai également commencé à faire le tour des friperies à Bruxelles. Il y en a de plus en plus donc je trouve de plus en plus de maillots. Il arrive maintenant qu’on me contacte directement pour me vendre des maillots, donc au lieu de acheter un ou deux à la fois, je peux en acheter dix, vingt voire trente.

Donc tu ne voyages pas pour ton business ?
Non. Je viens d’avoir un fils de deux mois donc pour l’instant ce n’est pas vraiment possible. Mais je sais qu’il y a beaucoup de maillots de foot en Ukraine, en Pologne etc. Je suis aussi en contact avec ces personnes via Instagram, a priori le business se passe plutôt comme ça.

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C’est ta seule source de revenu ?
Non, j’ai un job à côté. Je travaille dans le marketing. J’ai hésité à en faire mon activité principale mais je veux que cela reste une passion. Je veux garder le plaisir de vendre et d’acheter ces maillots car si je suis obligé de vendre pour survivre, ce n’est pas intéressant. Je veux aussi que mes followers sur Instagram prennent du plaisir à voir mes maillots, plutôt qu’une incitation à la consommation.

Pour nous donner une idée, combien gagnes-tu à peu près par mois grâce à tes ventes ?
Au final, je n’arrive pas à mettre énormément dans ma poche, car je réinvestis presque tout. Mais en théorie, je pourrais être mieux payé qu'avec un job 'classique' grâce à la vente de certains modèles.

Quels maillots sont les plus convoités par tes clients?
Tout ce qui est un peu années 1990; les couleurs flash et des coupes larges qu’on peut retrouver dans les friperies. Les gens recherchent aussi les petits logo Nike ou Adidas sur leurs maillots ; quelque chose d’assez tape à l’oeil au final.

Comment ta clientèle entend-elle parler de toi ?
Grâce aux bouche à oreille et Instagram. J’ai désormais plus de 35 000 abonnés. Au début c’était un peu difficile mais c’est comme ça; cela prend du temps.

« L’idée, c’est que les gens portent des maillots de foot dans la rue sans avoir honte. De nos jours, certains ne sentent toujours pas à l’aise car ils voient ça comme un truc de beauf. »

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On est tombé sur un compte Instagram appelé Fokohaela. Ils s’inspirent de modèles de maillot de foot connus et les détournent de manière décalée, t’en penses quoi ?
Je connais et je trouve ça cool. Si ça peut amener les gens à acheter les vrais au final alors pourquoi pas. Il y a aussi un autre compte qui s’appelle Golden Caban, mais je suis un peu moins fan. On ne voit plus le maillot car il est très détourné, parfois trop.

Dans la même lignée, que penses-tu des marques de luxe qui détournent et parfois s’approprient la culture du football dans leurs collections ?
Je trouve ça bien. L’idée, c’est de faire porter aux gens des maillots de foot dans la rue sans qu’ils aient honte. De nos jours, il y a encore des gens qui ne sentent pas à l’aise car ils voient ça comme un truc de beauf. Mais dès que c’est dans un style année 1990 ou que des marques de luxe se l’approprient, alors leur vision change un peu.

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D’ailleurs, on aimerait bien t'en prendre un. Il coûte combien celui-là ? (voir ci-dessus)
300 euros.

Ah d’accord, ce sera pour une autre fois sans doute, mais merci !

Toutes les images ont été prises au stade Joseph-Marien. Ne ratez plus jamais rien : inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire et suivez VICE Belgique sur Instagram.