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VICE Student Guide

Des étudiantes nous parlent du moment le plus intense de leur baptême

« Je l’ai supplié à l’avance de ne pas bander. »
Arkasha Keysers
Antwerp, BE
baptême étudiant
Foto via Flickr.

Des MST aux syllabi en passant par les TD et l’assiette de pâtes au ketchup, VICE plonge dans la vie étudiante. Retrouvez nos articles dans le Guide VICE de l'étudiant.

Les étudiants aiment bien avoir de grandes discussions autour d'un tas de sujets : le meilleur bar (celui qui propose la pinte la moins chère), le cours le plus difficile ou plus largement l’avenir de la planète. Cependant, rien ne les divise plus que le sujet du baptême étudiant. Pour ses détracteurs, c'est une affaire dégoûtante, humiliante et sexiste qui symbolise à peu près tout ce qui ne va pas dans notre société. Pour ses défenseurs, il s'agit avant tout de tradition et de folklore, d’un sentiment d’appartenance au groupe, d'entraide et de maturité.

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Les avis sont encore plus partagés concernant le traitement réservé aux filles. C'est pourquoi j'ai demandé à cinq femmes comment elles avaient vécu le baptême dans leurs cercles étudiants respectifs.

Clara - Demetris (cercle étudiant des bio-ingénieurs de l’Université d’Anvers)

Lors de mon baptême à Demetris, j'ai dû m'asseoir comme une cow-girl sur un type et manger des morceaux de hareng entre ses orteils. Ensuite, j'ai dû danser en ondulant sur lui. « S'il te plaît, ne bande pas », lui ai-je demandé à l'avance. J'ai dansé de façon un peu bêbête et heureusement il n'a pas eu d’érection. Après ça, une autre fille et moi-même avons dû enlever nos vêtements et nous enduire mutuellement de sirop. À ce moment-là - ne me jugez pas, j'étais très saoule - on a commencé à se rouler des pelles devant tout le monde, pour leur plus grand plaisir. Ce n’était certainement pas très féministe ni politiquement correct de faire ça, mais je ne regrette rien. Et oui, il y a d’office une pression de groupe, mais j'ai toujours senti que c'était ma propre décision. J'aime d’ailleurs toujours raconter cette anecdote épique. Ce que j'aime aussi, c’est tout ce rituel de transition. C’est un truc qui n’existe plus vraiment dans notre société. Lorsque ces épreuves sont terminées, vous avez vraiment le sentiment de faire partie d’un groupe. C'est très agréable.
En fait, j'ai fait ce baptême pour montrer à un certain mec que j'osais faire ce genre de choses. Ça n'a pas marché, mais c’est encore mieux car j’ai couché avec une fille. Tester vos limites fait également partie de votre cheminement vers l’âge adulte. Je peux vite me sentir oppressée par les gens qui essayent de me protéger. Quand mon baptême a été terminé, j’ai dû me faire ramener chez moi. Ma plus jeune sœur a ensuite déclaré: « Quand tu es rentrée à la maison, j'ai pris la décision de ne jamais entrer dans un cercle d'étudiants. »
Encore aujourd’hui, je dois constamment me défendre contre tous mes amis qui n'ont pas été baptisés. Ils me disent qu'ils ne l’auraient fait pour rien au monde et tant mieux pour eux, mais ils ne devraient pas essayer de me faire sentir honteuse parce que moi, j'ai choisi de le faire.

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Photo via Flickr.

Hanne - Eligia (cercle des étudiants en gestion et comptabilité de la Karel de Grote Hoogeschool d’Anvers)

Lors de mon baptême au sein d’Eligia, j’ai d’abord été entraînée à boire dans la cave du café Den Aalmoezenier. Comme j’avais bu beaucoup de bières, je devais vraiment pisser super fort. Mais bien sûr, ce n'était pas autorisé par mes Maîtres. Je devais uriner dans le coin de cette cave avec tout le monde autour de moi. C’est sûr que dans ce genre de moments-là, on se sent vraiment misérable. Ensuite, je suis montée pour être vendue. Les maîtres de baptême ont enduit mes seins et mes organes génitaux avec de la crème fraîche. Deux garçons devaient tout lécher. Par après j'ai encore dû afoner une bière et ils ont lancé une musique sensuelle sur laquelle je devais enlever mes vêtements. Bien sûr, j'ai fait de mon mieux, car plus vous donnez de votre personne, plus vous êtes vendue chère. Je suis allée jusqu’au bikini. Ils m'ont demandé si je ne voulais pas enlever aussi mon haut, mais j’ai refusé. Vous n'êtes pas obligée de perdre votre dignité pour être vendue, même si vous êtes bourrée. Finalement, on m'a vendu quatre fûts et un bac.

Dès que vous portez le tablier blanc propre aux Maîtres, vous pensez que vous avez le pouvoir et le droit d’être super rude avec les bleus. Je pense que c’est la principale raison pour laquelle il y a des gens qui ont été mis sous pression ou qui ont vécu de mauvaises expériences - mais pas moi. J'ai également baptisé des gens par après. Je n'ai pas ressenti ce sentiment de pouvoir et de puissance, mais j'étais assez fière d'être arrivée jusque là. Rétrospectivement, je pense que le baptême a été l’un des meilleurs moments de mes années d’études. Vous vous sentez vraiment soulagé et fier d’avoir enduré ce baptême avec votre groupe. Ensuite il y a le TD baptême et ça c'est vraiment trash.

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Si vous êtes dans le comité d’Eligia et qu’au cours de la semaine de bleusaille, vous embrassez ou avez des relations sexuelles avec un ou une bleu(e), alors vous devez vous enfiler une schaampint. C’est une bière dans laquelle se trouvent les poils pubiens du bleu avec qui vous avez fait quelque chose. C’est un sacré défi pour le bleu ou la bleuette de fixer quelqu'un droit dans les yeux et de lui livrer une bière qui contient ses propres poils pubiens. Ça arrivait parfois et c'était hilarant.

Malheureusement, les filles du cercle sont souvent mal considérées si elles ont beaucoup de partenaires. Si vous dites que vous avez couché avec sept personnes, vous êtes déjà perçue comme une salope alors que si vous êtes un mec, on vous fait un high five. Lors du voyage au ski, il y avait cette fille qui avait couché avec un type la première nuit. Une heure plus tard, elle avait dépucelé avec un autre mec dans un petit débarras. Elle était très mal vue, à la fois par les filles et par les garçons. Pendant le cantus lors de cette semaine au ski, on a beaucoup chanté à son sujet. Heureusement, elle arrivait à en rire.

Angela - Magistra
(cercle des étudiants en pédagogie de la Karel de Grote Hoogeschool d’Anvers)

Le thème de mon baptême, c’était les chiens. Donc oui, on peut dire que c’était déjà mal barré. On nous a baladé à quatre pattes sur les pavés du centre-ville d'Anvers. Je ne voulais vraiment pas le faire, alors j'ai inventé que j’étais blessée et que la guérison était très lente. Du coup, j’ai dû sautiller sans m’arrêter et crier « je suis une putain de mijaurée ». Si je ne le criais pas assez fort ou avec assez d’enthousiasme, j'étais punie. C’est entre autre à cause de ça que j'ai dû nettoyer la gerbe des autres. Je me souviens qu’une fille devait vomir et les maîtres de baptême ont pris peur. Parce que s'il y avait des traces de vomi sur la Grote Markt, les baptêmes pourraient ne plus y être autorisés. Alors ils ont ordonné à cette fille de se rouler dans ses propres flaques de vomi. Après qu’on soit rentrés prendre une douche, j'ai participé au cantus des bleus. À la fin, il y avait cette chanson intitulée « De pappenheimer », sur laquelle vous deviez vous déshabiller. Je ne sentais pas de faire ça et je n’ai pas enlevé mes vêtements, mais tout les autres le faisaient, et jusqu’au bout. Je n’ai pas pu me taire et j’ai fait des commentaires là-dessus puis j'ai été exclue du cantus pour manque de coopération. J'ai trouvé ça dégueulasse et je n'y suis jamais retournée.

Stephanie - Hortecta (cercle de la faculté d'agronomie et d'architecture du paysage de l’Université de Gand)

Je n'ai pas été autorisée à boire lors de mon baptême. Cela faisait partie des règles du cercle. Lors de l’achat des bleus, les maîtres m’ont posé les questions typiques: quelle taille de bonnet j'avais, avec combien d'hommes j'avais couché et si j'avais déjà embrassé une femme. Même si les résultats des épreuves et les efforts fournis jouent un peu sur votre prix, ce sont toujours les plus belles filles qui seront vendues au prix fort.
Au bar de notre cercle, on avait l’habitude de se passer les glaçons de bouche à bouche, donc tout le monde avait déjà embrassé tout le monde, en principe. Mais l’histoire la plus juteuse d’Hortecta, c’est qu’au cours d’un cantus, toutes les filles du comité se sont mises à pouffer. Ce n’est qu’à la fin du cantus qu’elles ont déclaré toutes avoir un œuf vibrant inséré dans le vagin.

Lauren - Hermes (cercle de la faculté d'ingénierie de l’Université de Gand)

Les membres du comité ne font parfois rien de leur vie, mais lors du baptême, ils pensent être au-dessus des autres. Ces baptêmes, c'est juste un formidable déploiement de puissance. Mais pour les bleus, ça crée de vrais liens. Au début de mon baptême, j'ai dû faire beaucoup d’à-fonds. Puis vint l’heure de l’épreuve : j’ai dû enlever mes vêtements et, en bikini, prendre une gorgée d'un mélange graisseux avec des morceaux de bouffe pour chat. Ensuite, j'ai dû le passer en bouche-à-bouche à un garçon qui devait alors l'avaler. Finalement, nous avons été vendus ensemble. Ici, il a beaucoup de filles super ivres qui aiment bien emballer tout le monde, mais c’est leur choix. Il y a bien sûr des étudiantes de première année et des commitards qui commencent à batifoler entre eux, mais ça se produit toujours avec un consentement mutuel. Je n'ai jamais ressenti que les choses étaient forcées. Je me suis d’ailleurs éclatée avec le cercle et si je devais recommencer mes études, je me ferais baptisée à nouveau.

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