Société

DIVERSIDEAS: Notre nouvelle vidéo sur le harcèlement sexuel dans la nightlife

« Plus qu’une décision rédactionnelle ; c’est presqu’une affaire personnelle. »
Souria Cheurfi
Brussels, BE

Dans notre série DIVERSIDEAS, on invite des gens à s’exprimer sur des sujets qui touchent de près ou de loin à ce mot fourre-tout qu’est la « diversité ».

Le 8 mars, c’est la Journée internationale de la lutte pour les droits des femmes. Et le combat continue. On avance, on colle des affiches, on lance des projets, on gueule, on manifeste, et quand il le faut, on se casse.

Cette année, pas mal d’événements ont provoqué la colère des femmes* en Belgique et dans le reste du monde. Le viol et le meurtre de Julie Van Espen, les Ubers violeurs, et plus récemment, la récompense de Polanski aux Césars.

Publicité

Ça écoeure, ça fâche, et ça donne l’impression qu’on n’y arrivera jamais. Qu’on n’aura jamais les mêmes droits et privilèges que vous, les hommes. Que nos corps seront pour toujours sexualisés, nos voix tues, et nos salaires réduits.

Mais cette colère montante est terrain propice aux changements. Jamais les médias n’ont autant abordé les questions du genre, du harcèlement sexuel, du consentement et des inégalités que cette dernière année. Le silence se brise ; on ose enfin pointer du doigt notre société malade et ses agresseurs, plutôt que les victimes. On n’y est pas encore, mais on avance, et dans les moments difficiles à encaisser, quand ça se frotte à toi dans le tram, quand ça ignore ta présence dans un meeting, quand ça continue alors que t’as dit « stop », quand ça sépare l’homme de l’artiste, c’est ce qu’il faut se rappeler. Parce que sinon, on perd espoir…

La harcèlement sexuel ne touche bien sûr pas que le milieu de la nuit ; il existe au travail, dans la rue, et même chez soi. Cette vidéo n’aborde qu’une minime fraction du problème. En tant que femme qui aime faire la fête, j'aurais tout aussi bien pu témoigner dans cette vidéo. Mais j'ai le luxe de pouvoir donner la parole aux autres pour aborder des sujets qui me paraissent importants et soutenir des combats. Ce projet est donc plus qu’une décision rédactionnelle ; c’est presqu’une affaire personnelle.

Publicité

Sara Dziri (29 ans) est DJ, productrice et organisatrice des soirées Souk Session et Not Your Techno ; Lise Mernier (28 ans) fait partie du plan SACHA, un plan de lutte contre violences sexistes et sexuelles spécialement conçu pour les milieux festifs ; Tilke Wouters (24 ans) est activiste, elle fait de la slam poetry, rédige des articles pour nous, et est jeune propriétaire du Café Blond à Gand ; Camille Leys (25 ans) est scénographe et architecte d’intérieur et travaille également dans des bars ; Manny Moiselle (37 ans) est mannequin, chanteuse et gogo danseuse ; et en plus de son travail en tant que bartender, Elena Majecki (21 ans) est photographe spécialisée dans la scène musicale et festive.

Le temps d’une journée, comme pour les deux épisodes précédents, notre salle de réunion s’est transformée en salle d’interview, de confession. Ces six jeunes femmes ont eu le courage de venir partager leurs expériences, d’affronter la caméra pour dire ce qui devait être dit, la voix parfois tremblante. Qu’il s’agisse d’une main au cul ou d’un viol, toutes ces expériences sont des agressions sexuelles et ne doivent pas être prises à la légère.

Je les admire et les remercie, parce que honnêtement, je ne sais pas si j’aurais eu le cran de passer de l’autre côté de la caméra.

Souria Cheurfi, rédactrice en chef VICE Belgique.

Ne ratez plus jamais rien : inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire et suivez VICE Belgique sur Instagram.