Donbass
Photos Yegan Mazandarani
Culture

Les oubliés du Donbass

Dans son ouvrage « Parias, carnet en RPD », le photographe franco-iranien Yegan Mazandarani s'intéresse à ces femmes, ces enfants, ces soldats, qui vivent à l’ombre de la guerre entre tranchées et ruines depuis 5 ans.

Elle ne fait plus les gros titres des médias depuis bien longtemps. Pour beaucoup, la guerre du Donbass, à l’est de l’Ukraine, est oubliée ou presque. Pourtant, le conflit demeure. Il oppose depuis avril 2014 l’Ukraine à deux républiques séparatistes autoproclamées soutenues par la Russie : la République populaire de Lougansk et la République populaire de Donetsk. Les accords de Minsk signés en 2015 instaurent un cessez-le-feu mais n’ont en aucun cas valeur de paix. La guerre du Donbass a déjà fait plus de 10 000 victimes et 1,5 million de déplacés et ce triste bilan continue de s'alourdir.

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En septembre 2018, le photographe Yegan Mazandarani s’est rendu dans le Donbass, du côté des séparatistes ukrainiens, avec l’objectif de témoigner du quotidien de celles et ceux, femmes, enfants, soldats, qui vivent à l’ombre de cette guerre. « Le dénominateur commun de ces gens-là c’est la lassitude et l’usure qui se lisaient sur les visages, explique le photographe. Quand j'étais sur place, cela faisait quatre ans qu'ils vivaient avec un couvre-feu et que la ville était enclavée, isolée et régulièrement bombardée et c'est toujours le cas aujourd'hui. »

Là-bas, il reçoit un accueil chaleureux de gens qui se sentent oubliés, abandonnés, oppressés face à un conflit qui leur semble insoluble. « Ce sont les populations qui sont oubliées, le conflit lui est uniquement passé sous silence, tout est très opaque poursuit, Yegan. C'est une guerre de tranchées, comme il y a un siècle. Il y a des crimes de guerre atroces, des populations civiles qui sont en première ligne, des mouvances nazies très inquiétantes et une volonté de ne pas résoudre ce conflit, qui dépasse largement la région du Donbass. »

De ce voyage aux confins de l’Europe est né Parias – Carnet en RPD, ouvrage rassemblant certains clichés argentiques de Yegan : des visages de ces oubliés du Donbass, mais aussi des scènes de vie ordinaires comme pour mieux nous rappeler qu'en temps de guerre, la vie continue. « Selon le Larousse, les parias sont "des personnes méprisées, écartées d'un groupe", explique le photographe franco-iranien. Les Donbassiens sont effectivement méprisés, l'image qu'on donne d'eux est souvent grossièrement dessinée, et ils sont surtout écartés de la communauté internationale. En cela, elles se rapprochent d'une autre communauté de personnes que je connais très bien et sur lesquels je travaillerai, les Iraniens. »

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Les photos ci-dessous :

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Yegan Mazandarani expose son travail dans le Donbass du 16 au 19 juillet, à L'Est galerie, 76 rue St-Maur, 75011 Paris.

Le travail photographique de Yegan est visible sur son site Internet.

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