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Culture

Arrêtez avec votre putain de Game of Thrones

La semaine dernière, la série Game of Thrones faisait son grand retour. Je ne l'ai pas encore regardée, et je ne la regarderai sans doute jamais.

Deux cosplayeurs, visiblement fans de Game of Thrones. Photo via

Note : Vous pensez que Clive Martin est un sombre enfoiré qui ferait mieux de ne jamais parler d'un sujet qu'il ne maîtrise pas ? Vous n'êtes pas seul.

Lundi dernier, Game of Thrones – à savoir la série qu'Internet aime plus que tout au monde – rempilait pour une quatrième saison. Pour une raison obscure, tous ses fidèles spectateurs se sentent obligés de la décrire en la comparant à d'autres séries HBO : « The Wire avec des sorciers », « Les Sopranos avec des épées », etc. Pour ma part, je n'ai jamais regardé le moindre épisode, et je ne le ferai probablement jamais.

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Et ce n'est pas parce que je n'ai pas la chaîne HBO, ou que tous les torrents que j'essaie de télécharger s'avèrent être des films pornos. C'est tout simplement à cause de ma profonde aversion pour tout ce qui appartient à ce genre embarrassant qu'est la fantasy.

Nous connaissons tous l'archétype du fan de fantasy : c'est un fervent admirateur de Warhammer qui soupire bruyamment lorsqu'un enfant ne respecte pas les règles de son jeu favori à la lettre. Sa trajectoire culturelle l'a mené des livres de Terry Pratchett au Seigneur des anneaux, en passant par les cartes Magic. Il déteste la mode sous toutes ses formes, mais prend soin d'être original. L'ensemble de sa garde-robe est un hommage à ses influences, du t-shirt XXL estampillé Donjon de Naheulbeuk à l'amulette offerte pour tout achat du coffret Diablo sur PC.

Game of Thrones semble pourtant destiné à un public plus large, qui aime True Detective et les films de David Lynch. La série est sexy, sanglante, servie par d'excellents acteurs et traite aussi de politique. Il est même possible de l'évoquer en soirée sans que personne ne se moque de vous. Mais même si mes amis me disent sans cesse que la série GoT n'est pas uniquement destinée aux amateurs de dragons et de mana, je suis beaucoup trop allergique à tout ce qui touche au domaine de la fantasy pour les prendre au sérieux.

Je me fiche complètement de savoir si Game of Thrones ressemble à « Mad Men avec des magiciens » plutôt qu'à Donjons et Dragons. C'est un désintérêt de longue date : le même qui m'a fait m'endormir devant le premier Seigneur des anneaux, sortir de la salle de cinéma durant le second, et ignorer totalement le troisième (je ne parle même pas du Hobbit,qui a réussi à ennuyer les fans les plus inconditionnels de la saga de Tolkien). Si ma maîtrise de l'orthographe a sans doute été retardée par le fait que je préférais lire des comics plutôt que parcourir l'univers du Disque-monde, je peux au moins me vanter d'avoir toujours dit que Muse était un groupe de merde.

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(Photo via)

Peut-être serais-je une meilleure personne si je laissais de côté mes préjugés et que j'apprenais à apprécier la profondeur, la richesse narrative et l'humour subtil qui sont caractéristiques de l'univers de la fantasy d'après ses fans, tout du moins. Mais je ne crois pas que le problème soit là, puisque que je ne considère pas mon imagination comme étant particulièrement limitée. Quand j'étais petit, j'adorais Ghostbusters, et j'étais un des seuls gosses à apprécier Les Aventures du baron de Münchausen. Je ne perdais pas mon temps à me demander combien de meurtres il y avait dans les films avant de me décider à les regarder, je ne rembobinais pas la séquence lesbienne d'American Pie 2, et j'ai finalement atteint un niveau de lecture satisfaisant quand j'ai eu ma période « auteurs cool » et que j'ai lu les œuvres de Kerouac, Salinger, Philip K. Dick, etc.

Même quand j'ai découvert l'alcool, les filles et le nu metal, je me suis retrouvé à faire des trucs typiques de fans de fantasy, comme essayer de décrypter les propos de l'Architecte dans Matrix Revolutions ou analyser tous les plans larges de Twin Peaks. Je n'ai absolument rien contre le paranormal, l'occultisme et tous ces trucs, à partir du moment où le mot « orque » n'est jamais mentionné.

Je ne pourrais jamais adhérer à la « culture » fantasy . C'est cette culture qui englobe tout, de Pink Floyd aux livres qu'on ne peut lire qu'en lançant des dés. J'ai toujours considéré que cette culture appartenait aux gens incapables d'affronter le monde réel, ses génocides, ses déceptions amoureuses, ses modes qui changent sans cesse, ses gens sexuellement actifs et ses intégristes religieux.

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Je vous entends déjà me traiter de réactionnaire. Mais qui est le plus réac dans ce cas-là : moi, ou le type qui se couche tous les soirs en cochant sur son mur les jours qui le sépare de la sortie d'un film qui s'appelle La Désolation de Smaug ? Mon vrai problème, c'est sans doute que je vois l'univers fantasy comme une terre de conservatisme, prônant une vision archaïque du monde. Tout ça ne m'évoque rien de plus que des ménestrels titulaires du BAFA qui travaillent au Puy du Fou, des barmans qui portent des pantalons en velours côtelé et, plus généralement, Philippe de Villiers.

(Photo via)

Il y a aussi le problème du sexe. Malgré la présence de Viggo Mortensen, Orlando Bloom et Liv Tyler, Le Seigneur des anneaux se garde de toute référence sexuelle, et se contente de quelques scènes de baisers particulièrement chastes. Aussi loin que je me souvienne, les mecs de Pink Floyd ont toujours prétendu que le sexe n'existait pas, et je pense pouvoir affirmer qu'il n'y a aucune trace de fellation dans le Disque-monde. Dès qu'on évoque le sujet, tout le monde s'accorde à dire que Game of Thrones est bourrée de scènes de sexe. Je dois admettre que c'était plutôt bien pensé d'identifier le problème de la fantasy et de le résoudre à grand renfort de testicules fermes et de seins rebondis.

Selon moi, les livres, films, chansons et autres séries qui traitent de personnages arborant des oreilles pointues ont été créés par des individus présentant de gros troubles relationnels. J'ai encore un mauvais souvenir de l'orchestre de mon lycée jouant The Piper at the Gates of Dawn, et il m'est tout simplement impossible de trouver un quelconque intérêt à Tolkien et aux allusions mythologiques. OK, je ne me suis jamais reconnu dans l'album 2001 de Dr. Dre, mais au moins, sa musique semblait évoquer un monde qui existait vraiment – pas un univers fantastique pour adolescents retardés.

Et puis, où sont les minorités ethniques dans Le Seigneur des anneaux ? C'est une accusation classique que tous les humoristes ratés ont déjà évoqué, mais je vous incite quand même à vous poser la question. Après quelques recherches, la justification la plus commune que j'ai pu trouver explique que la fantasy se fonde sur le folklore national. Mais attendez un peu – je croyais qu'on parlait de fantasy ? C'est cool de se plonger dans un univers avec des orques, des dragons et des nains, mais aucun Noir ? À mes yeux, c'est un brin « problématique ».

Comme je l'ai dit, je n'ai jamais regardé Game of Thrones. Peut-être que la série est géniale. Peut-être qu'un jour, je laisserais de côté ma mentalité étriquée et que je profiterais d'une rediffusion pour enfin voir la lumière. Mais pour l'instant, je suis incapable de mater ces putains d'orques incestueux.

@thugclive