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Gaming

Qui joue vraiment aux Simulators ?

Un représentant d'Excalibur Publishing m'a parlé de ces jeux qui ressemblent aux métiers de la vraie vie, en moins bien.

Photos publiées avec l'aimable autorisation d'Excalibur Publishing

Si la seule chose qui vous a empêché de devenir chauffeur routier est la pression conjointe de vos parents et de votre conseillère d'orientation, j'ai une bonne nouvelle pour vous. Grâce à Excalibur Publishing, vous allez enfin pouvoir réaliser vos rêves de gosses. Le jeu vidéo est un moyen de s'échapper de la réalité, et c'est pourquoi cette société britannique édite tout un tas de Simulators : c'est à eux qu'on doit des simulateurs de camion de pompiers d'aéroport, de camion-poubelle, ou encore de chariots élévateurs qui se conduisent tout seuls.

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Concrètement, la plupart des jeux qu'ils éditent se présentent un peu comme des GTA pour monomaniaques, à ceci près que les graphismes sont souvent laids, les missions ultra-répétitives et ennuyeuses, qu'il n'y quasiment aucune liberté d'action, et qu'on ne peut évidemment pas pimenter les choses en lançant des grenades ou en roulant sur des piétons (encore qu'à 2:52, cette vidéo de Bus Simulator semble prouver le contraire). Ah, et ces jeux sont bourrés de bugs. Bref, a priori, rien ne permet de comprendre qui joue à ces jeux, ni pourquoi de plus en plus de ces simulateurs voient le jour.

Je voulais donc comprendre ce qui motivait Excalibur Publishing à éditer ces jeux, et qui était susceptible de vouloir « devenir un agent de nettoyage des rues accompli » ou « maîtriser les nombreuses tâches très exigeantes auxquelles est confronté un conducteur de chariot élévateur au quotidien ». Je n'ai aucun préjugé sur ces métiers, mais j'étais curieux de savoir qui pourrait vouloir passer trois heures à faire semblant de conduire un camion sur l'autoroute.

J'ai donc contacté Richard Barclay, représentant d'Excalibur Publishing qui m'a expliqué que s'ils éditaient ces jeux, c'était pour le fun et pour la passion des choses pas passionnantes. Je me suis senti bien bête d'avoir jugé trop vite leurs jeux, parce qu'en fait, il paraît que plein de gens y jouent.

Nettoyer la rue et survivre, deux tâches centrales dans

Street Cleaning Simulator

VICE : Vous offrez de très nombreuses simulations, dans des domaines très précis, comme Street Cleaning Simulator. Pourquoi faites-vous ce genre de jeux ?
Richard Barclay : Notre but est d'offrir une expérience radicalement nouvelle au joueur. On ne peut pas trouver son public sans prendre des risques en essayant de se distinguer et d'essayer d'aborder des sujets nouveaux et intéressants. Notre position dans l'industrie du jeu vidéo fait que nous pouvons nous attaquer à des types de jeux que les autres éditeurs n'osent pas développer, et c'est ainsi que nous nous sommes constitué une base de fans. Quel que soit le thème abordé, il y aura toujours quelqu'un pour le trouver génial.

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Quel public des jeux comme Travaux Routiers Simulator, Plateforme Pétrolière Simulator ou encore Chasse-Neige Simulator visent-ils ?
Notre public se compose notamment de professionnels, qui n'hésitent pas à nous faire savoir quand un camion ne fait pas le même bruit dans nos jeux que dans la vraie vie. Il y a aussi des joueurs d'âge moyen qui sont sincèrement enthousiasmés par le thème de tel ou tel simulateur. Évidemment, les jeux où l'on peut conduire ont plus de succès parce que les gens peuvent s'identifier à ce genre d'activités. Les conducteurs expérimentés apprécieront de pouvoir conduire calmement, et les joueurs plus jeunes de développer des compétences qui seront utiles dans leur vie future.

Dans vos jeux, on part souvent du bas de l'échelle pour gagner progressivement en responsabilité. Cherchez-vous à défendre l'idée que quel que soit le métier qu'on exerce, on peut réussir par le travail ?
Il faudrait toujours récompenser ceux qui travaillent dur. Dans la vie réelle, cela peut prendre des années pour atteindre la réussite professionnelle. Nos jeux permettent de connaître cette réussite beaucoup plus rapidement.

Avez-vous des concurrents crédibles sur le marché des simulateurs, ou êtes-vous en situation de quasi-monopole ?
Je ne parlerais pas de monopole, mais c'est vrai que nous avons contribué à populariser ce genre. Il y a de plus en plus de simulateurs depuis quelques années. Mais des titres comme Goat Simulator ou Surgeon Simulator sont allés dans le mauvais sens. Nous, nous faisons des simulateurs sérieux, fidèles à la réalité. Mais ces simulateurs-là en font trop, même si cela constitue malgré tout une concurrence intéressante pour nous.

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Certains de vos jeux ont-ils déjà connu un certain succès critique ? Commercial ?
Notre plus gros succès, Euro Truck Simulator 2, nous le devons à une campagne promotionnelle bien rodée sur le web, à un gameplay simple et prenant, et à la qualité du graphisme. La passion de notre équipe de développement pour les camions est vraiment contagieuse. Pour nos simulateurs, nous cherchons des développeurs qui aiment profondément un sujet. Quand on aime vraiment quelque chose, cela se ressent ensuite dans la qualité du jeu.

À l'inverse, y a-t-il un jeu qui a fait un flop inattendu ?
Zoo Park est un jeu sorti l'an dernier. Contrairement à d'autres jeux de gestion similaires, le but n'est pas d'amasser le plus d'argent possible. Le but du jeu est bien plus altruiste : la mise en valeur de l'espace et la recherche sont mis au cœur du gameplay, et on obtient par exemple des récompenses en sauvant une espèce en danger. J'espérais que ce jeu se vendrait plus, étant donné sa singularité.

Zoo Park, une simulation de zoo singulière

Certains prétendent que GTA incite à la violence – pensez-vous que des enfants jouant à vos jeux pourraient se trouver une vocation de grutier ou de conducteur de tracteur ?
Effectivement. Nos jeux permettent de connaître une expérience de réalité virtuelle extrêmement aboutie. On peut même jouer à Euro Truck Simulator 2 avec un volant, des pédales et un masque Oculus Rift. C'est comme si on conduisait un camion en vrai, alors en théorie, c'est une expérience qu'on peut reproduire dans la vie réelle. Un de nos employés qui jouent à nos jeux depuis deux ans a obtenu son permis récemment, du premier coup. On ne peut pas être certain que cela ait un rapport, mais j'ai remarqué que parmi les gens qui ratent leur permis, il y en a plein qui n'ont jamais joué à Euro Truck Simulator.

Comment travaillez-vous à la réalisation de vos jeux ? Êtes-vous en contact avec des experts, des professionnels de chaque métier ?
Pour des jeux comme Farming World ou Post Master, nous avons travaillé directement avec les développeurs, afin de tester le jeu au fur et à mesure et de nous assurer que le jeu est le meilleur possible. Mais pour être honnête, non, jusque là, nous n'avons pas travaillé avec des professionnels pour développer nos simulateurs, à l'exception d'European Ship Simulator. Nous voulons proposer une simulation de bateau la plus réaliste possible.

Merci beaucoup Richard.