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Comment savoir si votre relation est condamnée à échouer

Mille manières de repérer le point de non-retour avec votre partenaire – à savoir celui où vous dînerez ensemble en silence en attendant la mort.

En général, l'être humain découvre le sentiment de désarroi amoureux dès l'adolescence – ce qui est plutôt une bonne chose. Il n'est jamais trop tôt pour avoir le cœur brisé et ainsi comprendre qu'il est tout à fait acceptable de pleurer à seaux sur l'épaule d'un proche après un chagrin d'amour, simplement parce que 1/ ce sentiment est susceptible de vous accompagner tout au long de votre vie et que 2/ ces moments difficiles ne feront qu'atténuer la douleur des prochaines ruptures à venir.

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Il existe néanmoins une différence conséquente entre les ruptures que vous connaîtrez avant la vingtaine et celles qui adviendront au cours des décennies suivantes. Ce ne sont pas des ruptures que l'on peut vraiment comprendre au collège, mais bien une douleur inhérente à l'âge adulte ; quand les étincelles des premiers jours se sont tristement éteintes, quand votre vie et celle de votre partenaire sont tellement liées qu'il vous est devenu impossible de vous percevoir comme autre chose qu'une entité à deux têtes, quand vous vous rendez compte que vous n'êtes plus qu'un vulgaire meuble aux yeux de la personne qui vous avait tant chéri. Le chemin qui précède toute rupture « adulte » est long et semé d'embûches. Dans les lignes suivantes, nous tâcherons d'analyser les signes annonciateurs de la mort de votre relation.

Photo : Max Pixel

VOS DISPUTES SONT DE PLUS EN PLUS FRÉQUENTES ET FUTILES

Toute relation s'accompagne naturellement de disputes. Il existe bien entendu des cas particuliers, comme ces couples mariés qui se targuent continuellement de ne jamais avoir été en désaccord. Il est fréquent de les croiser à des mariages ou à des dîners de Noël, les mains entrelacées et le visage arborant toujours la même expression enjouée, comme s'ils étaient incapables de s'aimer autrement qu'en sacrifiant des corbeaux lors d'un rituel païen.

Il est parfois difficile de savoir si vous vous battez pour un vrai motif (« Tu refuses de t'engager ! » « Tu ne descends jamais les poubelles si je ne suis pas là pour te le rappeler ! » « T'arrêtes pas de dépenser ton argent inutilement alors que tu prétends être fauché ! ») ou dans le vent (« POURQUOI AS-TU COMMANDÉ DANS CE RESTAURANT CHINOIS ALORS QUE JE N'ARRÊTE PAS DE TE DIRE QU'IL EST MAL NOTÉ SUR YELP ? » « CE N'EST PAS COMME ÇA QU'ON DÉBARRASSE UN LAVE-VAISSELLE ! » « QUI A REMPLI LA FREEBOX D'ÉPISODES DE CHASSEURS D'APPART ? ») Puis vient le moment où vous réalisez que ces disputes sont tellement stupides qu'elles ne servent absolument à rien – elles se contentent d'exister.

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LA SIMPLE IDÉE D'UN RAPPORT SEXUEL SUFFIT À VOUS DONNER LA NAUSÉE

Le jour où vous comprenez que vous devez penser à une autre personne tout au long de l'acte pour survivre, c'est qu'il est déjà trop tard. Le corps de votre partenaire a perdu toute once de sexualité. Mais pas vraiment parce que vous vous connaissez tellement bien que le lien qui vous unit transcende vos deux corps – plutôt parce que leur appareil génital ne vous évoque plus rien. À mesure que le temps passe, vous avez de moins en moins envie de faire des efforts – et vous vous contentez volontiers d'un simple frottement de vos parties intimes respectives. Toutes les positions sexuelles qui impliquent de tourner le dos à votre partenaire sont devenues vos préférées. Le sexe oral vous sera parfois d'un grand soulagement, si tant est que votre partenaire ne se risque pas à tenter le moindre contact visuel.

Heureusement pour vous, les gens ont tendance à coucher ensemble la nuit – une belle occasion pour vous de regarder votre mur dans le noir, en réfléchissant au sens de l'acte auquel vous êtes en train de péniblement vous adonner. Le sexe est l'un des rares plaisirs gratuits qui existent en ce bas monde – le fait qu'il puisse devenir aussi laborieux est forcément un bon indicateur de l'état de votre relation.

VOUS VOUS CONTREFICHEZ DE SES SENTIMENTS

Faisons un petit exercice :

1/ Imaginez votre partenaire assis près d'une fenêtre, nimbé de la lumière du jour. Des grains de poussière flottent autour de lui. Vous venez de lui envoyer un texto pour le traiter d'idiot(e), et il pleure à chaudes larmes. C'est de votre faute. Tout sentiment de dignité a abandonné cet être, qui pleure bien trop pour s'en cacher ; des larmes creusent un sillon sur son faciès meurtri, avant de tomber inéluctablement au sol, jusqu'à ce que la pièce dans laquelle il se trouve sente le sel. Et tout ça, c'est de votre faute. Que ressentez-vous ?

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A. Un sentiment de tristesse
B. Rien du tout

2/ Un bus prend de la vitesse. Vous connaissez bien ce son – celui d'un véhicule bruyant se frayant un chemin sur la route. Vous entendez des enfants rire et jouer au loin. Un gros ballon rouge atterrit sur la route du bus. Soudain, vous apercevez l'amour de votre vie, étalé sur la route, un filet de sang coulant de sa bouche, les os brisés. Votre partenaire voulait simplement prendre le bus, pour finalement s'écraser mollement contre son pare-chocs avant. Il est mort, désormais. Ses yeux sont toujours ouverts, mais son regard vide. Penchez-vous sur son corps pour mieux l'observer. Observez bien le visage de celui que vous avez un jour pris dans vos bras en lui chuchotant « Je t'aime ». Que ressentez-vous ?

A. Un sentiment de tristesse
B. Rien du tout

3/ Votre lit grince, et vous reconnaîtrez ce bruit entre mille. Vous aviez tellement peu de travail que vous avez quitté le bureau un peu plus tôt aujourd'hui – vous êtes rentré chez vous à pied, des écouteurs sur les oreilles, et avez marché pendant une heure sans rien faire d'autre que profiter du moment présent, passant parfois votre main dans les buissons qui croisaient votre route, cueillant une fleur à l'occasion – et vous voici enfin à la maison, prêt à prendre une douche pour clore cette douce journée. En montant les marches, vous entendez votre lit grincer. De quoi s'agit-il ? Vous ouvrez sans attendre la porte de votre chambre : votre partenaire – qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme, peu importe – est en train de s'empaler sur le pénis d'un autre. Des emballages de capotes parfumées parsèment le sol. En outre, votre partenaire passe délicatement une grosse plume rose sur le torse d'une personne au corps parfaitement musclé. Ce n'est pas une relation sexuelle comme les autres : ce sont des ébats passionnés et riches en accessoires. Que ressentez-vous ?

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A. Un sentiment de tristesse
B. Rien du tout

RÉSULTATS :

Une majorité de A : Tout va bien !
Une majorité de B : Rien ne va plus.

Photo : Chris Bethell

VOTRE DISCUSSION DE COUPLE RESSEMBLE À CELLE QUE VOUS AVEZ QUOTIDIENNEMENT AU BUREAU

« T'as fait quoi ce week-end, toi ? Il a fait beau, c'était cool. J'ai même été à la Coulée Verte. Par contre, c'était Shanghai. Du monde partout, une horreur. Tu bouffes où à midi ? Au Franprix ? Et tu fais quoi ce soir ? Un verre, OK. Sinon, t'as vu le débat ? Pas mal Mélenchon, hein ? »

Lorsque votre échange vespéral avec votre partenaire ressemble à celui que vous avez avec votre n+1, il est peut-être temps d'assumer votre côté macroniste et de prendre les choses en main.

VOUS VOUS DITES QUE LE FUTUR N'EST QU'UN CONCEPT PARMI D'AUTRES, AU MÊME TITRE QUE LE POSTMODERNISME, OU LE RACISME INSTITUTIONNEL

En gros, si vous écoutez Trisomie 21, matez Koyaanisqatsi puis pensez à votre jeunesse passée à l'île de Ré, n'attendez plus : tuez-vous.

VOUS VOUS METTEZ À RÊVER D'UNE VIE AUX CÔTÉS DE N'IMPORTE QUEL AUTRE ÊTRE HUMAIN – MÊME JACQUES SÉGUÉLA FERAIT L'AFFAIRE

Votre partenaire est à vos côtés en ce dimanche matin pluvieux. La gueule pâteuse, l'haleine incertaine, le ronflement tremblotant, celui-ci, malgré ses 27 printemps à peine sonnés, vous dégoûte. Lecteur des Inrocks, vous en venez à penser qu'Eugénie Bastié vous rendrait plus heureux. Lectrice de Valeurs Actuelles, la perspective de coucher avec Geoffroy de Lagasnerie vous ravit d'avance. Vous êtes dans cette phase désastreuse où vous vous mettez à haïr tout ce que l'autre aime : les cocktails à base de gin, les bulots, le populisme – aussi corrects soient ces éléments. Vous n'avez plus une once de patience, et le fleuve de votre relation amoureuse s'est tari au point de n'être plus qu'un ruisseau nommé « habitude » – c'est du moins ce que vous a suggéré votre psy.

VOUS NE PRENEZ PLUS LA PEINE DE VOUS PLIER EN QUATRE APRÈS UNE DISPUTE

Mater un film de François Ozon, écouter un discours de Benoît Hamon, partir en week-end en Normandie : toutes ces décisions prises un lendemain de dispute vous paraissent désormais hors de portée, tant elles ont été prises à une époque où vous étiez encore capable de faire des compromis sans vous donner la diarrhée.

VOUS ÊTES COUPABLE D'ADULTÈRE EN BONNE ET DUE FORME

Bon, on sait pertinemment, vous et moi, que vous avez déjà trompé votre partenaire. Mais ça ne comptait pas vraiment. Vous étiez bourré, et vous respectez l'adage popularisé par Thierry Ardisson selon lequel : « Sucer, ce n'est pas tromper. » L'honnêteté n'engage que ceux qui y croient, pensez-vous. Le problème, c'est que la tromperie épisodique est devenue un flirt quotidien, que vous pensez anecdotique. Vraiment ? Votre collègue en charge des ressources humaines mérite-t-elle autant d'attention lorsqu'elle passe dans les couloirs vêtue d'un pull informe ? Posez-vous les vraies questions – et pas des trucs du genre « le fascisme passera-t-il en 2017 ? ».

VOUS REFUSEZ DE VOUS ENGAGER DANS DES ACTIVITÉS DE QUALITÉ AFIN DE NE PAS CROULER SOUS LES MAUVAIS SOUVENIRS

Vous vous souvenez de ce restaurant d'inspiration japonaise, à la décoration discrète et de bon goût ? Les serveurs, aimables, vous avaient souri alors que vous passiez simplement à quelques mètres de la devanture en compagnie de votre bien-aimé de l'époque – qui est toujours avec vous aujourd'hui, mais que vous n'aimez plus vraiment, et dont les poils dans le nez vous dégoûtent. Vous pensiez avoir trouvé le lieu de votre prochain rendez-vous romantique, susceptible d'abriter une distorsion du continuum spatio-temporel vous permettant d'enchaîner dîner de qualité et coït innovant sans jamais passer par les cases « politique », « ex » et « problème des banlieues hexagonales ». Malheureusement, vous savez pertinemment que vous rendre dans un tel lieu au crépuscule de l'idylle ne fera qu'aggraver la situation. Vous ne manquerez pas de regretter avoir dépensé 135 euros – deux plats, deux desserts, une bouteille de pinard, deux digestifs –, au passage.

Photo de Jake Lewis

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VOTRE RELATION DÉPEND UNIQUEMENT DE LA DURÉE DE VOTRE BAIL

34 mètres carrés pour 1 000 euros. À ce prix-là, mieux vaut que votre partenaire ne vous quitte pas, sous peine de voir votre pouvoir d'achat diminuer de 37 % pour rejoindre celui d'un étudiant en lettres modernes. Je vous comprends : vos parents ne sont ni attachés parlementaires, ni radiologues, ni huissiers. Mais avez-vous vraiment envie de vivre comme si vous étiez à Abou Ghraib ? (La réponse est dans la question.)

VOUS ÉLABOREZ DES STRATAGÈMES ABSCONS POUR ÉVITER « LA DISCUSSION »

Vous vous souvenez de la saison 3 de The Walking Dead, quand la petite troupe menée par Rick Grimes rejoignait une prison pour se protéger du « terrible » gouverneur. En gros, la série succombait à la célèbre stratégie du « twist scénaristique existant uniquement pour meubler l'inconséquence dudit scénario » (je sais, c'est tiré d'un comic, ça n'enlève rien).

Toutes les histoires, charnelles ou cathodiques, doivent savoir tirer leur révérence. Certains, tel ce couple d'octogénaires s'étant suicidés dans un palace parisien, ont quitté la grande comédie humaine avec classe et émotion. D'autres, comme vous, s'imaginent que la fin d'une histoire amoureuse vient d'elle-même, qu'elle fait irruption dans la vie des hommes – comme un cancer, en gros.