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Life

J'ai eu un esclave sexuel, et c'était fantastique

Je vous conseille vivement d'en avoir un, pour peu que vous ayez la flemme de faire le ménage et de laver vos propres assiettes.
Esclave sexuel
Photo via l'utilisateur Flickr smplstc

En décembre dernier, j'ai rompu avec mon premier esclave sexuel. Mes impressions quant au fait de disposer d'un partenaire soumis étaient alors mitigées : si je n'appréciais pas vraiment tout ce qui touchait aux flagellations et aux fessés, j'adorais être vénérée et ne plus avoir à faire la vaisselle. Après notre rupture, je n'étais toujours pas sûre d'être l'une de ces dominatrices enclines à traiter leur partenaire de « petite bite » et à les fouetter à chaque faux pas. J'ai bien essayé de faire des rencontres sur Fetlife – site référence de la communauté BDSM –, mais au bout du troisième message envoyé par un jeune homme désireux de se faire pénétrer par un godemichet, j'ai fini par supprimer mon compte. J'étais sur le point de passer à autre chose, quand un ami m'a suggéré de faire un tour sur OkCupid.

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Comme j'avais déjà un compte OkCupid – pour des rencontres « moins ciblées » –, j'ai décidé de m'en créer un deuxième pour l'occasion. J'ai choisi une photo de profil sur laquelle on ne voyait pas mon visage, mais où je posais devant un miroir éclaboussé de vomi. Dans ma biographie, j'ai explicitement écrit que je cherchais un esclave susceptible de m'adorer en toutes circonstances, de me laisser le contrôle de sa bite et de répondre à toutes mes demandes. J'ai aussi indiqué que je n'étais pas intéressée par tout ce qui relevait de l'humiliation et de la violence physique.

À ma grande surprise, ma boîte s'est faite inondée de messages en l'espace de quelques heures. J'ai reçu des mails de toutes sortes de types. La plupart des mecs se fichaient éperdument des informations de mon profil et pensaient que j'étais assoiffée de sexe – chose qu'ils proposaient gracieusement de me fournir. Dans cette botte de foin d'obsédés sexuels, j'ai tout de même trouvé quelques aiguilles intéressantes. Pour la plupart, c'étaient des types qui prétendaient être curieux et enclins à la soumission, sans jamais avoir franchi le cap pour autant.

J'ai recueilli une dizaine de numéros de téléphone. Bien entendu, dans le monde magique des rencontres sur internet, dix numéros de téléphones n'égalent pas dix vraies rencontres IRL. Dans la vraie vie, un échange de numéro se solde généralement de quelques jours d'échanges de textos maladroits avant qu'un vague rencard soit fixé puis annulé par l'une des deux personnes. J'ai un peu honte d'avouer qu'il m'est souvent arrivé d'annuler un rencard à la dernière minute parce que j'avais simplement la flemme de prendre une douche ou que je préférais passer la soirée sur Netflix (voire les deux à la fois).

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Finalement, je suis allée à deux rendez-vous. Le premier type, Jason, m'a raconté qu'il avait 11 frères et sœurs et que ses parents étaient stupides. Notre aventure s'est malheureusement arrêtée là. Le second s'appelait Zach – il était sympa, mais il n'y a pas eu de petite étincelle.

Mais étincelle ou pas, j'étais suffisamment bourrée pour avoir envie de le ramener chez moi et de m'asseoir sur son visage – et c'est exactement ce que j'ai fait. Après quelques minutes, il a commencé à faire une crise d'angoisse. Je lui ai dit de mettre sa tête entre les genoux et je lui ai apporté un verre d'eau. Il s'est calmé et confondu en excuses, avant de rentrer chez lui. J'ai passé le reste de la nuit à fixer mon vagin en me demandant quel genre de traumatisme enfoui il avait bien pu réveiller. Peut-être que Zach s'était déjà perdu dans une grotte, ou que sa naissance s'était mal déroulée ? Après cet incident, j'ai perdu tout espoir d'assouvir mes pulsions dominatrices.

Deux semaines plus tard, j'ai reçu un message d'Andrew.

Andrew était un étudiant du nord de la Californie. Il était de passage à Los Angeles pour trois semaines afin de rendre visite à sa famille. Dans son message, il m'a longuement détaillé les raisons de sa venue, en précisant qu'il se tenait à ma disposition tout au long de son séjour. Nous nous sommes rencontrés le soir de son arrivée.

Il ressemblait à presque tous mes anciens partenaires sexuels : grand, dégingandé et un peu nerd. Pour faire simple, disons que c'était le genre de type à porter de gros pulls en laine. Il est allé me chercher un verre, et nous sommes très vite entrés dans le vif du sujet. Nous devions mettre en place quelques règles sur ce que nous voulions et ne voulions pas. C'était la discussion la plus étrange que j'ai jamais eue lors d'un premier rencard. En gros, j'ai répété tout ce que j'avais indiqué sur mon profil. Il m'a à nouveau expliqué qu'il ne resterait que pour quelques semaines, avant de m'avouer qu'il avait une autre dominatrice dans sa vie. Il avait même dû lui demander sa permission pour me rencontrer – et elle a accepté dès qu'elle a su que je ne comptais pas lui infliger de souffrance physique (c'était leur « truc »).

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Durant ces trois semaines, Andrew et venu chez moi presque tous les jours pour assouvir mes désirs. Il me faisait la cuisine, me servait à manger avant de tout débarrasser. J'avais souvent une liste de corvées à lui refiler, comme plier mon linge ou faire les courses à ma place. Il me conduisait partout où je voulais. Il m'a demandé s'il pouvait s'occuper de moi pendant que je prenais mon bain, mais il ne me frottait pas la tête assez fort et utilisait beaucoup trop de savon. Finalement, je l'ai laissé me masser et m'appliquer de la crème hydratante après la douche.

Souvent, il me demandait la permission de se masturber juste après. Dans toute ma clémence, je lui accordais, avant de retourner tranquillement à mes affaires pendant qu'il éjaculait dans mon lit. À chaque fois, je pouvais sentir son regard posé sur moi, mais je ne lui ai jamais prêté attention. Je continuais simplement de vaquer à mes petites occupations. Ça l'excitait de savoir que je me fichais éperdument de son plaisir. Il me demandait la permission de pouvoir jouir et, quand je lui permettais enfin, il devait me dire « merci » plusieurs fois jusqu'à ce qu'il ait complètement fini. Je l'obligeais ensuite à rester couché jusqu'à ce que j'ai terminé ce que j'avais à faire, avant de finalement le laisser s'essuyer.

Nous n'avons couché ensemble qu'une seule fois. Mis à part ça, je me contentais de m'asseoir sur son visage pendant qu'il se branlait. Quand il dormait chez moi, il se contentait de s'allonger sur le sol de ma chambre (à sa demande). Je dormais tranquillement dans mon lit et je me réveillais pour qu'il me prépare le petit-déjeuner. Quand je n'étais pas avec lui, il m'envoyait des messages type « Bonjour déesse. Je me lève en pensant à vous. En espérant que vous m'autoriserez à vous servir aujourd'hui », ou « J'ai très envie de vous. Je m'imagine à quatre pattes en train de vous lécher le cul .»

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Avec Andrew, j'ai atteint un niveau de confort que je n'avais jamais égalé auparavant. Je ne me suis jamais sentie gênée en sa présence, ou effrayée à l'idée de dire ou faire quelque chose de travers. Pendant ces trois semaines, il s'est dévoué à moi comme aucun homme ne l'avait jamais fait – et j'ai adoré ça. Il était autant excité par le fait de me servir que moi à l'idée de me faire servir. Rien ne paraissait artificiel. C'était la première fois que j'étais vraiment moi-même dans une relation amoureuse.

Pendant notre premier rendez-vous, Andrew m'a demandé pourquoi j'étais opposée à la violence et à l'humiliation. Je lui ai répondu que ça ne me tentait pas, mais que j'ignorais toujours pourquoi. Aujourd'hui, je le sais : je n'ai pas envie de disposer d'un homme soumis qui fétichiserait le fait de servir une femme parce que ça lui paraîtrait « mal ». Andrew était capable de m'adorer et me vénérer sans cet élément, et je constate aujourd'hui que c'est extrêmement rare. Notre jeu serviteur/dominatrice était presque exclusivement psychologique. Je ne sais pas si je pourrais revivre ce que j'ai vécu avec Andrew avec un autre homme. Mais je suis certaine d'une chose : vivement le prochain.

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