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Skate

On a demandé à des meufs ce que c'est de skater en Belgique

« Pour une séance photo, ils m’avaient peinturlurée de make-up et je devais skater en jupe. Je me sentais tellement mal à l'aise. »
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Brussels, BE
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Brussels, BE

Toute la culture et l'art de vivre de la scène locale du skate est à découvrir dans notre série VICE « LE SKATE EN BELGIQUE ».

Les meufs savent skater. Ça devient encore plus évident quand vous assistez à une Girls Session au Byrrrh. Tous les premiers vendredis du mois, le skatepark n’est accessible qu’aux filles, dans le but de soutenir la communauté skate féminine. Parce que plus le skate est présent dans un pays depuis longtemps, plus le sport est masculinisé. Au contraire, dans les pays en développement, les garçons et les filles commencent au même niveau et aucune distinction n’est faite entre les genres. Une organisation comme Skateistan utilise même le skate pour offrir plus de possibilités aux jeunes filles du Cambodge, de l’Afghanistan et de l’Afrique du Sud.

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Au Byrrrh, nous avons discuté avec les skateuses de leurs idoles, de ce que ça fait d'apparaître dans une compilation de fails et de ce que signifie skater en Belgique en tant que femme.

Caroline (22 ans)

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VICE : Salut Caroline, tu skates depuis longtemps ?
Caroline : Depuis environ deux ans. J’ai arrêté pendant un moment, mais j'ai recommencé il y a quelques mois.

Tes amis et ta famille te soutiennent ?
Oui, mes parents sont vraiment super cools avec ça. Ils me demandent toujours si j'ai skaté et ce que j'ai appris. J'essaie de pratiquer tous les jours. Tous mes amis me soutiennent également.

Ça a toujours été le cas ?
À l'origine, je viens d'un village français proche de la Suisse. La-bas, c’était moins le cas. J'étais vraiment la seule fille du skate park. C'est pour cette raison que j’ai arrêté pendant un moment, je ne me sentais pas vraiment à l'aise. Je n'avais pas beaucoup confiance en moi et les gars du skate park ne voulaient pas vraiment m'aider.

C’est différent à Bruxelles ?
Oui, ici, il y a déjà plus de filles qui skatent. Le week-end, on se donne souvent rendez-vous en groupe. En semaine, je skate habituellement sur la place Morichar à Saint-Gilles, où je suis bien souvent la seule fille. C'est un peu comme en France. Je trouve normal qu'il y ait une distinction entre les garçons et les filles qui skatent, mais ils pourraient au moins essayer de me parler…

Jennifer (25 ans)

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VICE : Salut Jennifer, quand as-tu commencé le skate ?
Jennifer : Euh, j'ai commencé à 19 ans… Donc, il y a cinq ou six ans ? Je voulais commencer plus tôt, mais je pense que j'avais trop peur.

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Comment et où as-tu commencé à skater ?
Je viens de Bruxelles, donc c’est ici que j’ai appris. Au début, c’était uniquement avec les garçons mais après un certain temps, j’ai aussi fait la connaissance de nombreuses meufs qui skataient.

Comment réagit ta famille ?
Ils avaient peur, mais finalement ils l'ont accepté. Quand ils ont vu ma vidéo sur ZapDeSpion (10’32), ils m’ont quand même dit qu'ils trouvaient ça trop dangereux.

La classe ! Tu es sur le ZapDeSpion avec un bail ?
Ouais, à l’époque, ça a été vu par tout le monde. Et d’après un pote je suis également sur Failarmy.

Mea (28 ans)

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VICE : Tu skates depuis quand, Mea ?
Mea : J'ai commencé à 14 ans. J’ai dû arrêter entre mes 17 et 25 ans car on m’a mis une prothèse au genou. Je ne pourrais plus jamais skater, donc maintenant, je regarde.

Tes amis et ta famille te soutiennent ?
Je suis originaire de Hongrie. Là-bas, il n'y a vraiment aucune distinction entre garçons et filles. Si vous allez dans un skate park, il y a presque autant de meufs que de mecs. Voir une fille sur un skate, il n’y a rien de bizarre.

Il y a tant de skateuses que ça en Hongrie ?
Oui vraiment. Même les personnes âgées l'utilisent comme moyen de transport en ville. La fille du Premier ministre possède une entreprise de béton, tu vois ? C'est pourquoi les villes sont si douces, haha.

Je pense que c'est différent ici à Bruxelles.
Oui, ici, c'est très différent pour une fille. Mon patron m'a même dit qu'il trouvait ça bizarre que je skate. Il y a souvent des gars pas très contents de voir des filles se ramener au skate park. Je les entends secrètement dire: « Pff, pourquoi ces connes sont là… » C’est vraiment stupide.

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Avais-tu une idole quand tu étais plus jeune ?
J'avais l'habitude de suivre Chad Muska. Au final, ça a toujours été des hommes, juste parce que je ne connaissais pas de skateuses. En Hongrie, il n’y avait que les très grands noms comme Tony Hawk et Chad Muska qui étaient un peu connus. On regardait leurs vidéos VHS dans le skate shop.

Evelien Bouilliart (29 ans)

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VICE : Hey Evelien, je sais que tu skates depuis un moment. Combien de temps exactement ?
Evelien : Depuis 19 ans. Ca fait un moment, haha.

Lorsque tu as commencé, tu étais sans doute l'une des seules filles à skater en Belgique, non ?
Oui, le skateboard n'était pas vraiment à la mode. Quand je suis allée dans un skate park pour la première fois, je ne savais pas du tout ce que c'était. J'ai dû batailler avec mes parents pendant longtemps, mais heureusement, ils sont très ouverts d'esprit. Ma mère avait un pot rempli de francs belges dans le café où elle travaillait. Si on arrivait à la remplir, je pourrais acheter une planche à roulettes en plastique chez Blokker. Je n'ai jamais arrêté depuis.

Ce n’était pas effrayant d’être une fillette de 10 ans dans un skate park rempli de mecs ?
J'ai été élevée de manière très indépendante, donc je ne pensais qu’à une chose : fuck it. S'ils sont autorisés à skater ici, je peux le faire aussi. Un mec cool est immédiatement venu pour m'aider. Ce premier jour, j'ai même appris à faire un drop. J’étais conquise.

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À quoi ressemblait la scène à cette époque ?
C’était l’époque où j’allais avec mes amis au skate park Zumiez, qui s'appelle maintenant Rampaffairz. La-bas, j’ai pris le petit Axel Cruysberghs sous mon aile. Par après on est souvent partis à l’étranger ensemble pour participer à des compets.

Aujourd'hui, il y a beaucoup plus de modèles féminins qui inspirent les jeunes filles. Il y a les skateuses hardcores comme Lacey Baker et Leticia Bufoni et les skateuses un peu plus fashion comme skatemoss. Je comprends le délire, mais il n’est pas souvent question de skate, plus d’influencers.

As-tu déjà eu l’impression d’être plus perçue comme femme que comme skateuse ?
Oui, quand j'étais très jeune, j'ai vécu un truc du style. Pour une séance photo, ils m’avaient peinturlurée de make-up et je devais skater en jupe. Je me sentais tellement mal à l'aise. Rien que du marketing, pas du tout crédible.

Tu as aussi été absente pendant un certain temps.
Oui, principalement à cause de blessures, mais aussi à cause de la crise économique, où j'ai perdu beaucoup de sponsors. Les femmes n'étaient pas une priorité. La fédération sportive belge ne m'a jamais aidé. Maintenant, je dois skater plus pour en tirer quelque chose. Je suis devenue l'un des deux entraîneurs de Skateboard Vlaanderen et je vais travailler avec Maité Steenhoudt et Lore Bruggemann. Ça va frapper fort.

Je vais enfin obtenir ma première pro board de mon nouveau sponsor, Autonomy. Bien qu'ayant skaté pour des team comme Element, je n'ai jamais eu de pro board. Vous la verrez bientôt apparaître.

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Aïcha-Louise (20 ans)

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VICE : Tu skates depuis longtemps, Aïcha-Louise ?
Aïcha-Louise : Non, pas si longtemps. Ca fait seulement deux mois.

Pourquoi as-tu commencé ?
Une de mes amies allait souvent faire du skate avec un groupe de filles à Bruxelles. Puis j'ai commencé à sortir avec elles et elles sont devenues mes amies. Et le skate aussi.

Est-ce que tu vas principalement skater avec elles du coup ?
Oui, comme que je connais ce groupe, c’est plus facile pour moi d'apprendre avec elles. Si j’avais été toute seule, uniquement avec des mecs autour de moi, je ne suis pas sûre que j’aurais continué. En tant que fille, c’est un peu difficile d’apprendre dans un environnement comme celui-là. Je suis vraiment contente qu'il y ait des sessions comme celles-ci.

Vicky (17 ans)

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VICE : Depuis quand fais-tu du skate, Vicky ?
Vicky : Depuis un an et demi.

Quel a été l’élément déclencheur ?
Je connaissais quelques mecs qui skataient et j’ai essayé une fois avec eux. Puis j'ai moi-même acheté une planche.

As-tu reçu beaucoup d'aide de leur part ?
Ils pensaient que j’en aurais vite marre, du style « dans un mois, tu vas arrêter.». Au final, ils étaient chill et ils m'ont aidé lorsque j'ai décidé de continuer.

Et ta famille ?
Ouais, eux trouvaient ça moins chouette. C’est surtout mon frère qui désapprouvait, parce que je traînais trop avec les garçons. Ma mère déteste ça parce que je reviens souvent couverte de bleus.

Tu vas parfois seule dans un skate park ?
Bien sur. Je n'y pense pas trop. Parfois, ils passent leur temps à me regarder. Je ne supporte pas ça. Je n'oserais jamais leur dire en face, mais je pense : fuck off.

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