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Youth For Climate

Cinq erreurs climatiques belges qui prouvent la nécessité des manifestations

Grâce à ce petit résumé des gaffes climatiques nationales, vous gagnerez tous les débats, que ce soit contre votre oncle, vos profs ou Jean-Marie Dedecker.
Brecht Neven
Ghent, BE
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Foto: Kubra Mayda

Avec quatre ministres du climat, on pourrait presque penser que la Belgique a déjà réglé ses problèmes climatiques. Bien au contraire. Récemment, la plus grande erreur a bien sûr été la présentation par Joke Schauvliege (CD & V) des marches pour le climat comme une conspiration d’écologistes radicaux. Cette rumeur, qui lui aurait été chuchotée par la Sûreté de l’État s’est révélée être un mensonge complet. Ca lui a d’ailleurs coûté sa place, et le jeudi suivant, les adolescents qui manifestaient étaient plus nombreux que jamais. Et tant mieux, car nous avons besoin d’eux en tant que donneurs de leçons. Anuna De Wever a d’ailleurs déclaré dans le journal De zevende dag que les pommes ne devraient plus être importées d’Espagne car c’est un non-sens total. Comme une centaine d’entreprises sont responsables de 71% des émissions de CO2 depuis 1988 et que les pommes espagnoles arrivent généralement en Belgique par bateau, l'empreinte écologique des pommes ne diminue pas avec les émissions des grands pollueurs.

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Parce qu'après deux mois de marches pour le climat, vous ne pouvez plus vous en sortir avec un plaidoyer incohérent. Nous avons donc dressé pour vous un tableau concis des plus grandes erreurs climatiques de la Belgique. De cette façon, vous pourrez remporter chaque débat un peu houleux avec vos professeurs, vos parents ou Jean-Marie Dedecker.

1. Ignorer complètement les objectifs climatiques européens

Les chiffres ne mentent pas. C’est la merde niveau politique climatique dans notre pays. En 2017, les émissions de gaz à effet de serre en Belgique ont encore augmenté. Selon les objectifs climatiques européens, notre pays devrait réduire ses émissions de CO2 de 15% d’ici 2020.

Les émissions des grandes industries et des centrales électriques sont soumises à la réglementation européenne. La Belgique n’a donc aucune influence en la matière. Ce dont on parle donc ici, ce sont les émissions provenant de l'agriculture (oui, les pets de vache), le chauffage des bâtiments (il suffit de mettre un pull) et les transports (une bonne excuse pour sauter sur une trottinette). Pour la Flandre, ces émissions doivent être réduites de 15,7%, de 14,7% pour la Wallonie et 8,8% pour Bruxelles.

Nous sommes actuellement à environ 5%. 3/10, vos parents seraient-ils contents avec un 3/10 ? Non. Les objectifs pour la période entre 2021 et 2030 ont été revus à la baisse, -35% par rapport à 2005. C’est pas jojo. C’est à se demander à quoi servent nos ministres du climat.

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2. Reporter la sortie totale du nucléaire

En principe, toutes les centrales nucléaires belges devront fermer leurs portes en 2025, mais il y a beaucoup de procrastination au sein du gouvernement. La sortie nucléaire avait été décidée il y a de nombreuses années et tous les partis politiques étaient d'accord sur ce point. Récemment, cependant, de plus en plus de voix vont dans le sens d’un plus long maintien des centrales électriques. La N-VA et le Vlaams Belang sont de fervents défenseurs de ce délai et le CD & V est également en discussion à ce propos.

Le 20 février, on a appris que l’Agence fédérale de Contrôle nucléaire , l'AFCN, étudiait les exigences de sécurité nécessaires pour que les centrales restent ouvertes plus longtemps. Réfléchissez, « exigences de sécurité », que veulent-ils dire exactement ? Peut-être qu’il y a des fissures et du béton moisi dans les centrales de Doel et de Thiange ? Vous avez bien lu, les centrales luttent contre la pourriture du béton. Les groupes actionnaires néerlandais (les centrales se situent quasiment à la frontière) commencent à s’inquiéter. « Les militants affirment que la vie de millions de personnes est menacée et que les responsables ne garantissent pas la sécurité de la population », a écrit Het Laatste Nieuws.

En retardant la sortie totale du nucléaire, Electrabel se ferait 850 millions d’euros chaque année. Si lors d’une fête de famille, l’Oncle Serge vous lance sur le sujet en stipulant les centrales nucléaires doivent rester ouvertes, rappelez-lui simplement que nous devrions peut-être penser à notre propre sécurité pour une fois, et non aux profits des sociétés énergétiques.

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3. Ne pas s’engager pour une plus grande ambition climatique

Deux jours seulement après la plus grande manifestation climatique jamais organisée en Belgique, notre pays a voté contre les nouvelles directives européennes en matière d'économie d'énergie. Seules la Belgique et la République tchèque ont voté contre. Mais qu’est ce qui s’est passé dans la tête de nos ministres du climat ? Probablement un truc du style : ignorons complètement les revendications des 70 000 citoyens qui se sentent concernés. La ministre fédérale du climat, Marie Christine Marghem (MR), a également participé à la marche.

Malheureusement, ce n'était pas un cas unique de stupidité belge (mais qui est encore surpris ?). Quelques jours plus tard en Pologne, lors de la conférence sur le climat qui s'est tenue à Katowice fin de l’année dernière, notre pays a refusé de souscrire à une déclaration d'ambition dans laquelle il avait été reconnu que les ambitions climatiques devaient être revues à la hausse. Tous nos voisins et la Commission européenne l'ont signée.

Heureusement, chaque jeudi pendant huit semaine, Kyra Gantois et Anuna De Wever, nos héroïnes climatiques nationales, ont donné des coups de pieds dans la consciences des politiciens. L'idée comme quoi les jeunes ne seraient préoccupés que par leur petites personnes et leurs profils Instagram est donc immédiatement rejetée. Sorry.

4. Continuer à investir dans les combustibles fossiles

La politique climatique belge manque de vision. L'accord que le port d'Anvers a récemment conclu avec le groupe chimique britannique Ineos est significatif à cet égard. L'accord a scellé la construction de deux nouvelles usines produisant des matières premières pour le plastique. Les usines veulent utiliser le gaz de schiste américain, l’un des combustibles fossiles les plus polluants.

L'Union européenne aspire à la neutralité climatique totale d'ici 2050. Cela signifie qu'aucun autre gaz à effet de serre ne pourra être émis. Le CO2 qui entrera quand même toujours dans l'air devra être collecté et stocké. Il est incompréhensible que nos décideurs continuent de s’orienter sur des bénéfices à court terme et qu’ils investissent dans l’une des matières premières les plus polluantes.

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5. Répandre des théories du complot au sein du Parlement

La dernière erreur est tellement ridicule que ça en deviendrait presque drôle. Joke Schauvliege a posé une question très spéciale en 2008 - lorsqu'elle était membre du Parlement flamand - à la ministre de l'Environnement de l'époque et membre du parti Hilde Crevits (CD & V).

Schauvliege s'inquiétait des chemtrails, ces traces blanches laissées par les avions et dont les conspirateurs affirment qu'ils empoisonnent intentionnellement la population. Les amoureux des petits bonnets en alu sont convaincus que certaines puissances - les Américains, l'OTAN ou, pire encore, les Illuminati - tentent d'influencer nos pensées grâce à ces traînées blanches. En réalité, ces traces sont simplement des nuages artificiels qui se forment par condensation.

Comment une personne qui amène sérieusement l'une des théories du complot les plus répandues sur la table du Parlement peut-elle être ministre du Climat ? Bonne question. Le fait que Schauvliege soit toujours à côté de la plaque était donc écrit dans les étoiles et prouve une fois de plus qu’une Belgique surréaliste n'est pas seulement l’oeuvre de Magritte, mais aussi celle d'une politique climatique défaillante.

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