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Société

Presque la moitié des Québécois refuserait de voter pour un homme qui porte un turban

Ça augure mal pour le nouveau chef du NPD
Photo tirée de Facebook.

Jagmeet Singh a été élu chef du Nouveau parti démocratique avec une majorité absolue (53,8%) dès le premier tour, ce que son prédécesseur, Thomas Mulcair, n'avait pas su accomplir. Mais le chemin qui lui reste à parcourir pour séduire les électeurs pourrait être ardu : le turban qui le coiffe et le kirpan qui l'accompagne sont loin de faire l'unanimité au Québec.

Ces signes religieux plombent son image dans la province, où près d'une personne sur deux (47%) refuserait catégoriquement de voter pour une personne qui arbore ces signes religieux, peu importe les politiques qu'il met de l'avant.

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Ces résultats présentés par la firme Angus Reid sont beaucoup plus négatifs que ceux présentés par la firme Léger en août, où moins d'une personne sur trois (28%) estimait qu'elle serait découragée de voter pour un sikh portant un turban.

La question des symboles religieux est épineuse au Québec. Rappelons qu'à la dernière élection, l'appui à Thomas Mulcair et à son parti avait dégringolé dans la province après que le chef se fut prononcé en faveur du port du niqab pendant les cérémonies de citoyenneté.

Le possible retrait du crucifix à l'Assemblée nationale avait aussi causé son lot de remous à l'époque de la Charte des valeurs du Parti québécois. Le symbole avait été mis en place en 1936 sous Duplessis, qui manifestait ainsi sa volonté de lier politique et catholicisme. Malgré des débats houleux sur l'État et l'importance de la laïcité, le symbole religieux trône toujours au Salon bleu.

La firme de sondage Angus Reid contextualise les résultats du présent sondage en soulignant l'opposition au port des signes religieux bien documentée dans la province, ainsi que le soutien de la population au projet de loi 62 sur l'offre et la réception de services publics à visage découvert.

Avant son élection, Jagmeet Singh avait exprimé son opposition à ce projet de loi, jugeant qu'il brimait les libertés individuelles, et avait affirmé qu'il appuierait une éventuelle contestation de la loi. La cheffe du Bloc québécois, Martine Ouellet, avait alors attaqué le candidat et dénoncé une « montée de la gauche religieuse ». Depuis son élection en tant que chef, Singh s'est rétracté : il n'a finalement pas l'intention de contester la loi 62 s'il accède au pouvoir.

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Le politicien insiste sur le fait que sa religion n'influera pas sur ses prises de décision et est confiant que les Québécois sont ouverts d'esprit et qu'il saura faire sa place dans la Belle province.

Un nouveau sondage n'est jamais gage de vérité absolue, mais celui-ci semble indiquer que rien n'est gagné d'avance pour le NPD au Québec.

Et le reste du Canada

Ailleurs au pays, le turban choque moins. À l'échelle nationale, sept Canadiens sur dix (69%) disent qu'ils pourraient voter pour un sikh portant turban et kirpan s'ils étaient en accord avec ses politiques. La moitié des citoyens croit cependant que « quelques-uns » ou « la plupart » de leurs amis ou des membres de leur famille ne voteraient pas pour une telle personne.

Malgré cela, une proportion élevée de gens (71%) croit qu'il est bon d'avoir une personne issue d'une minorité à la tête d'un grand parti, et une grande majorité des citoyens (77%) croit que seules les politiques d'un élu devraient compter, et non sa religion ou son identité culturelle.

Il reste tout de même que plus de la moitié des Canadiens (54%) croient que la religion de Singh va miner ses résultats électoraux, une proportion qui passe à sept personnes sur dix (69%) au Québec.