Les GIF surdimensionnés de Nicolas Sassoon nous font tripper

FYI.

This story is over 5 years old.

Culture

Les GIF surdimensionnés de Nicolas Sassoon nous font tripper

Des environnements immersifs optiques et cinétiques qui défoncent aussi bien en ligne que hors ligne.

On ne remerciera jamais assez GIPHY et son personnel de se donner corps et âme pour nous feeder si bien en GIF et en n'importe quoi pourvu que ça loope. Sans aucune exception, cette boucle infernale nous fait tous triper, car au-delà du simple divertissement, elle rend nos conversations en ligne ainsi que nos fils d'actualités considérablement moins chiants.

Pour la petite poignée de créatifs et d'artistes ayant capté et apprivoisé les subtilités de son fonctionnement, le GIF est aussi un moyen assez efficace de repousser les limites de leur pratique. C'est le cas de Nicolas Sassoon, artiste franco-canadien qui a fait du net art un de ses terrains de jeux favoris, et de la création screen-based son expertise . Cet été, Sassoon se casse la tête sur deux nouveaux projets qui cherchent à redéfinir l'espace architectural à travers le numérique. Le premier, SKYLIGHT, est une résidence de création en ligne organisée par Akademie Schloos Solitude et ZKM Karlsruhe; le second est une nouvelle série pour WALLPAPERS, un projet de mapping architectural qui fera sa première apparition au New Forms Festival 17 à Vancouver. Comme nous sommes fans du travail de Sassoon et qu'il a une actualité bien chargée, nous avons voulu en profiter pour vous en dire un peu plus sur sa pratique.

Publicité

Établi à Vancouver depuis près d'une décennie, Sassoon explore cette scission ambiguë entre réel et virtuel, et profite des nombreuses spécificités qu'offre le GIF. Principalement présentés en ligne, les travaux de Sassoon peuvent cependant prendre la forme d'installations in situ, de projections, de sculptures, de prints et même de textiles, par exemple une collaboration récente avec Uniqlo.

Bien conscient qu'à notre époque nous sommes tous plus ou moins engagés dans une relation compliquée avec le numérique (relation qui fausse nos perceptions), Sassoon cherche constamment à explorer les relations possibles entre ses compositions animées, les espaces architecturaux tangibles et les espaces numériques offerts par l'écran.

Ajoutez à cela un brin de nostalgie et un intérêt assumé pour l'esthétique visuelle issue d'un graphisme informatique encore plus old school que le 1.0. « À travers cette imagerie, j'explore un large éventail de formes et de figures, encodées visuellement via des motifs pixélisés et des palettes de couleurs limitées, nous explique-t-il. J'utilise cette imagerie pour ses qualités optiques et picturales, et aussi pour sa dimension poétique et ses limitations. Traduire des propriétés-sensations matérielles à l'écran est essentiel dans ma recherche – cela se traduit souvent à travers des éléments optiques voir cinétiques »,
ajoute-t-il.

De l'espace réel à l'internet il n'y a que quelques clics

Dans ses travaux récents, Sassoon immortalise certains des lieux qui ont marqué sa vie artistique et personnelle en créant de larges GIF publiés en ligne. Votre capacité à scroller sera votre seule manière de découvrir la totalité des détails qui y sont illustrés. Et Dieu sait qu'il y en a.

Publicité

« Ces œuvres explorent les dimensions nostalgiques et fantastiques de l'imagerie que j'utilise, tout en faisant référence à des lieux de production culturelle, nous dit-il. En l'occurrence, SKYLIGHT, AVENUE et INDEX sont basées sur des espaces autogérés qui ont existés à Vancouver et dans lesquels j'ai organisé des événements. » Des espaces éphémères qui ont disparu du jour au lendemain, mais qui ont agi en tant que plaques tournantes de la scène culturelle de Vancouver.

WALLPAPERS, un projet à double sens

D'un tout autre format, WALLPAPERS est un projet collaboratif qu'il lance en 2011 avec Sara Ludy et Sylvain Sailly. Ce catalogue de tapisseries numériques à double sens (double sens, car il existe aussi bien sur internet que dans l'espace réel et que son existence matérielle nourrit son existence immatérielle, et vice versa) puise la quasi-totalité de son essence dans la dimension décorative, sociale et domestique qui émerge de la production de motifs graphiques. Mais ce n'est pas tout. « De façon plus large, WALLPAPERS fait référence à une multitude d'imageries et des formats tirés de l'histoire de l'infographie, des arts décoratifs et des recherches personnelles de chaque artiste », ajoute-t-il. Sassoon s'inspire des fonds d'écran les plus basiques ou même des tapisseries et motifs qui ressemblent étrangement à ceux qui décorent tant bien que mal les murs de chez votre tante célibataire, et on comprend pourquoi.

En ce qui concerne l'expérience AFK ( away from keyboard) de WALLPAPERS, les projections et installations massives reprennent le contenu web pour l'intégrer à un lieu physique, ce qui permet au public d'interagir et de s'immerger au cœur d'architectures et d'environnements augmentés et ajustés à échelle humaine.

« Ce projet s'intéresse à la fois aux expériences quotidiennes que l'on peut avoir sur écran, ainsi qu'à une dimension plus large, physique et partagée de cette même technologie, nous explique-t-il. On passe d'une expérience intime d'un motif vu sur écran à une expérience partagée, physique, voire psychédélique du même motif projeté à une échelle humaine. »Ainsi, WALLPAPERS fait référence à des expériences physiques et numériques, et imagine des allées et venues entre les deux mondes : un mouvement devenu presque machinal dans une société vivant en symbiose avec la technologie et le virtuel.

Si vous voulez en savoir plus sur son travail, Nicolas a un site web ici et un compte Instagram . Le résultat de sa résidence en ligne organisée par Académie Schloss Solitude et ZKM Karlsruhe et commandée par Claudia Maté, SKYLIGHT, est présenté ici. Enfin, si vous êtes à Vancouver à la fin septembre, vous seriez bien débile de ne pas vous pointer au New Forms Festival pour faire l'expérience de la quatrième série de WALLPAPERS avec de nouvelles pièces de Sara Ludy, Sylvain Sailly, Nicolas Sassoon, Sabrina Ratté, Jennifer Chan, Kareem Lotfy, Joey Holder et Julian Hou.