environnement

Les jeunes font passer un examen sur l’urgence climatique à François Legault

« Monsieur le premier ministre, ferez-vous vos devoirs? »
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Le premier ministre François Legault et le ministre de l’Éducation et de l'Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, ont du pain sur la planche. Une coalition de collectifs de jeunes a rédigé à leur intention un examen de 24 pages, en réponse à l'examen de français qui avait mis les élèves du secondaire en colère, car il portait sur l’adaptation aux changements climatiques, sans parler des solutions immédiates et urgentes.

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Pour le futur Montréal, La planète s’invite à l’université, le collectif Devoir environnemental collectif (DEC) et ENvironnement JEUnesse (ENJEU) se sont réunis pour créer cet examen, marquer la fin de l’année scolaire et souligner la dernière manifestation de l’année du collectif Pour le futur Montréal, qui marche chaque vendredi depuis 14 semaines.

« C’est un peu pour terminer l’année avec un devoir à faire au courant de l’été », explique Catherine Gauthier, la directrice générale d’ENvironnement JEUnesse. Elle précise qu’elle parle non pas seulement en son nom, mais au nom de tous les jeunes représentés par les divers mouvements.

L’examen, long de 24 pages, ressemble beaucoup à celui soumis aux élèves de secondaire 5 le 2 mai dernier. Le contenu, bien sûr, diffère. Il n’est plus question d’adaptation, mais bien d’urgence.

Le premier volet est un dossier préparatoire, qui s’ouvre avec un article sur le rapport du GIEC et un autre article sur l’atteinte des cibles de GES du Québec reportée à 2030. Les pages suivantes présentent les mouvements de la jeunesse et leurs revendications, et un témoignage d’une jeune de Sainte-Marthe-sur-le-Lac affectée par les inondations : « J’ai commencé à être triste et déprimée quand j’ai su que tout était perdu. Je n’ai pas eu la chance de voir ne serait-ce qu’une chose car tout a été jeté… J’ai pleuré des heures et des jours! » écrit la jeune Nadine, avant de conclure sur une note d’espoir. Le dossier préparatoire se poursuit avec le texte de la Loi climat présentée par Le Pacte pour la transition, et se termine avec une section « vrai ou faux ».

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À la suite du dossier préparatoire, François Legault et Jean-François Roberge pourront lire les consignes. La question qui leur est posée est la suivante : « Quelles actions le Québec devrait-il poser afin de limiter la hausse des températures sous le seuil de 1,5 °C? »

Vous avez 3 heures 15 minutes pour rédiger une lettre ouverte d’environ 500 mots, précise-t-on. En clin d’œil, les jeunes ont laissé les deux pages classiques d’un examen de fin d’année : « version brouillon » et « version définitive ».

Dans la section « vrai ou faux », une partie est en gras : c’est celle qui concerne le rôle de l’éducation dans la lutte aux changements climatiques. « L’éducation peut jouer un rôle important, on parle trop peu des enjeux climatiques à l’école, propose Catherine Gauthier. On pourrait en mathématiques par exemple, faire des calculs en lien avec les impacts climatiques, en français on pourrait débattre, apprendre à écrire des lettres ouvertes ou encore travailler en sciences sur les questions de science du climat. »

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La coalition insiste sur le fait que l’information concernant l’urgence climatique est souvent difficile à comprendre : « Le 1,5 °C ou 2 °C, ça peut paraître compliqué, par exemple, et ça doit se faire par l’école d’expliquer aux jeunes. C’est vraiment le message qu’on entend passer aujourd’hui », explique Catherine Gauthier.

Un autre élément important pour cette coalition, c’est la nécessité de former les enseignants sur ces questions et de leur donner plus de ressources pour sensibiliser les élèves. « Les institutions québécoises et l’enseignement québécois pourraient être des modèles sur les questions écologiques! dit-elle. On devrait voir des toilettes qui récupèrent l’eau de pluie, des aides financières pour que les élèves puissent acheter un vélo, ou on pourrait avoir des jardins et des potagers dans les écoles.

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« Nous on apprend rien au gouvernement, les gouvernements le savent déjà qu’on fonce droit vers un mur et ils continuent de perpétuer un certain statu quo, poursuit-elle. On a besoin de voir des politiciens courageux, en particulier face aux nouvelles générations auxquelles ils vont léguer une crise climatique tout à fait injuste. »

Les jeunes veulent insister sur la question du langage souvent utilisé par les politiciens, le terme de « changements climatiques » leur paraît trop doux pour exprimer l’urgence. « On devrait parler en termes de crise, pour reprendre l’expression de Greta, “notre maison est en feu”, donc on va pas dire “oh oui, on déménage” ou “on change de maison”, non. C’est une urgence », rappelle la directrice générale d’ENvironnement JEUnesse.

L’examen a été envoyé au premier ministre et au ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur en fin d’après-midi ce jeudi 16 mai. « Vous avez environ cinq jours pour vous préparer à l’épreuve d’écriture », est-il précisé.

Les jeunes attendent les copies.

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