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Culture

De la pop juste assez noire avec Ghost Love

Le trio montréalais Ghost Love présente son premier EP, One Lands
Crédit photo: Richmon Lam

Le trio montréalais Ghost Love nous offre leur premier EP, One Lands, qui sort aujourd'hui. Composé de quatre titres nés quelque part entre une amitié de longue date, une découverte Craigslist, une maison dans le sud de la France, un peu de vin et un studio personnel à Saint-Henri, cet EP a quelque chose de particulièrement sincère.

Les amis d'enfance David A.R. et Antoine F.R. ont toujours fait de la musique ensemble. En 2014, ils ont décidé de s'y atteler plus sérieusement et d'investir du temps dans leur projet musical. Avec leur guitariste, Justin M., ils nous proposent des textures musicales aussi enivrantes qu'accrocheuses, dans une pop sombre agrémentée de synthétiseurs.

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Ils ont grandi au son de la musique des années 80, et on reconnaît à travers leurs expérimentations les hooks à la Depeche Mode et les références à Slowdive. Il y a quelque chose à la fois oppressant et libérateur dans chacun des quatre titres. Les sons sont parfois plus lointains, d'autres fois plus tranchés, mais on retrouve toujours la même tension entre la pop et l'expérimental dans le rythme et les refrains.

VICE : Comment est-ce que Ghost Love est né?
David : Un jour, Antoine et moi, on est partis dans le sud de la France pour un peu plus de trois semaines pour composer de la musique. La famille d'un ami peintre nous a prêté leur maison à Sète, un petit village au bord de la mer près de Montpellier. On avait apporté nos synthétiseurs et nos guitares et il y avait aussi un beau piano dans le salon. À ce moment-là, on ne savait pas nécessairement où allait aboutir le projet.

Antoine : On a vraiment tout essayé. Je pense qu'on a dû commencer 30 idées différentes… On allait au village. On achetait du vin. On remontait en haut de la colline et on composait toute la nuit.

Justin : C'est tellement romantique non? Boire du vin au bord de la mer et composer de la musique. N'est-ce pas comme ça que tous les bands naissent? [rires]

Saviez-vous dans quelle direction vous vous dirigiez à ce moment-là?
David : Un peu oui, mais honnêtement ce n'était pas 100 % défini. On a beaucoup expérimenté avec différents styles de chansons. Il y en avait qui étaient bonnes et d'autres qui étaient moins bonnes. [rires]

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Antoine : On a fait des trucs terribles et d'autres qui se sont ramassés sur l'EP.

Comment Justin est arrivé sur le projet?
David : On avait beaucoup de textures électroniques. On expérimentait avec des synthétiseurs, des drums machines, des trucs comme ça, mais on voulait ajouter un côté plus organique, plus humain au son. C'est là qu'on a décidé de mettre une annonce sur Craigslist comme quoi on était à la recherche d'un guitariste. On avait écrit nos influences et décrit notre vibe du mieux qu'on pouvait… Disons qu'on a rencontré pas mal de personnes très bizarres [rires].

Antoine : En fait c'était vraiment plus une question de vibe parce que la partie difficile ce n'est pas de trouver quelqu'un qui a du talent, mais plus de trouver quelqu'un avec qui tu t'entends bien; quelqu'un qui est sur la même longueur d'onde que toi en plus d'avoir des goûts musicaux similaires.

David : Certaines personnes étaient exactement à la même place que nous musicalement parlant, mais au niveau de la personnalité c'était complètement off. En musique ça ne peut pas marcher.

Antoine : En tout cas, il y a du monde très weird sur Craigslist. On aura appris ça. Mais l'important, c'est qu'on a fini par rencontrer Justin. Ça a cliqué. Il y avait une good vibe dès le départ, et c'est là pour rester.

Justin : J'ai étudié la musique, la guitare et toutes ces choses qu'on apprend à l'école [rires]. J'ai aussi pris part à bien des projets musicaux au fil des années en partant du gipsy jazz au klezmer russe. Bon le klezmer, ça n'a duré que quelque gigs. C'était un peu bizarre [rires].

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L'énergie de Justin se mêle parfaitement à celle d'Antoine et de David, tous aussi laid-back les uns que les autres. Bien qu'il vive dans le Mile End, il passe quand même son temps au studio-appartement sur deux étages des deux autres et finit souvent par squatter leur divan.

Les mélodies sont poignantes, les textes ressentis, et, ensemble, ils réussissent à transmettre l'émotion d'un certain moment figé dans le temps. Ils font confiance à leur instinct et cherchent à tout prix à ne pas dénaturer leurs idées initiales.


Pour ce qui est de la démarche artistique et de la composition des chansons, comment ça se passe?

Antoine : On est rendus à un point où on se fait tous tellement confiance que peu importe comment l'idée commence, il n'y a pas de place pour les egos . It's all about making a good song! Peu importe qui fait quoi. Personnellement, c'est la première fois que j'ai une aussi belle chimie avec d'autres musiciens.

David : On se fait confiance. On se laisse aller et surtout expérimenter. J'ai l'impression que certains musiciens ont tendance à vouloir trop raffiner ou perfectionner, mais de notre côté, on essaie le plus possible de laisser notre musique intacte; comme elle est venue au moment où l'idée est venue. Il faut garder l'essence de moment qu'on a voulu capturer.

Antoine : C'est tellement facile de ruiner une idée en la retravaillant trop. On essaie de faire attention à ce qui feelait bien depuis le départ.

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Ghost love… Pourquoi ce nom?
On cherchait un nom. Et c'est un peu difficile de trouver un nom qui n'est pas déjà pris par un band de métal obscur. On avait déjà une chanson qui s'appelait Ghost Love et, comme on trouvait que ça sonnait bien et que ça glisse sur les lèvres, c'est juste resté.

Est-ce qu'il y a une chanson avec laquelle vous entretenez un lien particulier sur le EP?
David : Santenders. On n'avait pas la quatrième chanson et le EP s'en allait au mix trois jours plus tard. Des fois, quand tu as un deadline, la créativité arrive d'endroits dont tu ne te doutes même pas. Aujourd'hui, c'est une de mes chansons préférées. D'abord parce que le processus de création a été intense à cause du délai serré et aussi pour son aspect particulièrement raw. C'est à mes yeux, une des chansons qui respire le plus.

Antoine : Dark Times reste une de mes chansons préférées parce que je me rappelle du moment où l'a composée. La vibe était parfaite, même si c'est un peu flou [rires]. La performance vocale de Dave là-dessus est hallucinante. Je me rappelle que deux ou trois soirs avant, on écoutait du Eurythmics et je pense que ça a influencé la chanson. C'était le milieu de l'hiver et Donald Trump venait de se faire élire, c'était vraiment un dark time.

Justin : One Lands est probablement ma préférée parce que j'ai l'occasion de faire beaucoup de bruit quand on la joue. Mais j'aime vraiment toutes les chansons qui se retrouvent sur l'EP. Chacune d'elles a quelque chose de très accrocheur.

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Vous qui passez votre temps dans votre studio, quand est-ce que vous jugez qu'une session a été bonne?
David : Je pense que les meilleures chansons arrivent quand tu ne les forces pas. C'est vraiment cliché, mais il faut laisser la chanson te choisir et ne pas essayer de forcer la chanson à entrer dans un certain moule ou à aller dans la direction que tu crois qu'il faudrait qu'elle prenne.

Antoine : C'est quand on n'a pas d'idées préfaites. Peut-être ouvrir une petite bouteille de vin aussi des fois ça aide. Après on gosse des sons, on s'amuse et il y a toujours quelque chose qui finit par accrocher. Les bonnes idées se passent souvent très vite. Il faut juste savoir les saisir.


Le groupe a déjà fait quelques concerts à Toronto, et à Montréal. Récemment, ils ont donné un spectacle au Crystal Palace, un petit loft sur des Pins où se donne mensuellement un spectacle de cabaret queer et qui réunit toutes sortes de talents.


Antoine : C'était vraiment le fun ce show-là. On essaie de ne pas jouer trop souvent pour garder cette espèce de fébrilité et que ça reste toujours excitant pour nous de performer.

Vous pourrez donc les voir le 19 août au Centre Phi à leur spectacle de lancement avec Rose Bush, Awwful et DJ Jeffany pour le party d'après-spectacle. Le groupe a aussi quelques dates de prévues cet automne au Québec et en Ontario.