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Crédit photo: Asad Aman

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Culture

La formule gagnante pour Cancer Bats, c’est de faire capoter ses fans

Le chanteur du groupe punk torontois nous parle des défis de s’améliorer avec chaque album et de la façon dont la vie montréalaise a aidé le groupe à se trouver.

Le groupe de hardcore-punk torontois Cancer Bats a été une partie importante de mon introduction au genre. Avec leurs riffs de guitare abrasifs inspirés du southern rock et les cris effrénés de Liam Cormier, le chanteur, le groupe m’a conquis dès la première écoute.

Plus tôt cette année, le groupe a sorti un album-surprise, The Spark That Moves, sur lequel il reprend tout ce qui fonctionnait déjà bien avec leur son, en le poussant encore plus loin. On y retrouve le même entrain, la même énergie infectieuse, mais avec une atmosphère un peu plus cérébrale et majestueuse, peut-être mieux adaptée à la réalité des plus grandes salles dans lesquelles le groupe se produit aujourd’hui, aux sons plus tonitruants et aux refrains plus accrocheurs.

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La première fois que j’ai interviewé Liam, c’était il y a bientôt neuf ans, alors que le groupe se produisait en première partie de Billy Talent au Centre Bell. Fraîchement revenu d’une tournée avec Anti-Flag en Europe et de festivals au Népal, le groupe sera en concert demain en double tête d’affiche avec leurs pairs torontois, The Flatliners, au Club Soda. J’en ai donc profité pour appeler Liam et faire le point sur le nouvel album, les leçons apprises au cours des années et l’importance de Montréal pour le groupe.

VICE : Salut Liam! Avec votre plus récent album, The Spark That Moves , j’ai l’impression que tu as pris plus de liberté en matière de voix. D’où ça vient?
Liam Cormier : D’après moi, ça vient du fait que je chante depuis un moment, surtout depuis qu’on fait Bat Sabbath [le groupe de reprises de Black Sabbath des membres de Cancer Bats, NDLR], et [que j’ai] dû apprendre comment vraiment chanter. Ou peut-être que c’est juste parce que ça fait 13 ans que je gueule.

J’ai l’impression que ma voix s’ouvre beaucoup plus. Donc quand est venu le temps d’écrire l’album, je me disais : « Ouais, pourquoi pas pousser cette mélodie. J’avais eu ce genre d’idées pour d’autres albums, mais je n’ai jamais eu la capacité vocale pour vraiment être capable de le faire.

Justement, est-ce que je me trompe si je dis que, depuis que vous avez commencé à jouer en tant que Bat Sabbath, vous avez trouvé un nouvel équilibre dans votre propre style?
Absolument! Je te dirais qu’on a atteint un nouveau niveau, pour ainsi dire. Je crois qu’on est des joueurs plus solides, dans le sens où on en a appris beaucoup en jouant ces reprises, autant au niveau de notre technique qu’au niveau de la composition. Genre, on se rend compte qu’il y a de vraiment bonnes idées différentes lorsque vient le temps d’assembler une chanson. On prend beaucoup d’idées différentes, et on les pousse à leur max avec une certaine assurance. On se donne la liberté de se dire qu’un riff peut être vraiment cool, et qu’une intro peut avoir trois parties différentes, et que tout cela peut donner un produit final qui reste cohésif.

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On se disait qu’on ne voulait pas être un de ces groupes qui suivent toujours le modèle « couplet-refrain-couplet-refrain », donc si tu prends une chanson comme Headwound, elle se promène pas mal dans tous les sens, mais je trouve ça génial, car on a la confiance pour pouvoir le faire.

Ça fait dix ans que Hail Destroyer est sorti cette année. Pourquoi crois-tu que cet album demeure aussi important pour les fans?
Je crois que le moment était simplement parfait. On avait deux mois pour écrire un album, et on avait acquis beaucoup d’expérience dans les deux années précédentes, que l’on avait passées en tournée. Donc, on a mis tout ça ensemble comme des fous furieux, on l’a enregistré et on est repartis en tournée, donc on n’a pas eu le temps de trop y penser, on n’a pas pu corriger les erreurs que l’on aurait voulu [corriger].

C’est un de ces trucs où j’y repense, et c’est flou. On était littéralement en train de jammer sept jours par semaine, douze heures par jour, dans un sous-sol dans l’est de Toronto, et on ne perdait pas une seule seconde, on s’y mettait avec furie, et ç’a été le vibe de l’été 2007 pour nous, j’imagine.

Quelle est la leçon la plus importante que tu as apprise depuis sa parution?
D’après moi, c’est l’importance de cette grande communauté. On s’est donné le défi de faire le plus de shows possible, après la parution de l’album, et toutes les relations qu’on a forgées lors de ces tournées il y a dix ans sont les plus fortes que nous avons aujourd’hui. Les gens qui viennent nous voir en Suisse ou peu importe, ce sont des gens qui sont là depuis le début, des amis qu’on s’est faits à l’époque parce qu’on voulait simplement aller partout et rencontrer le plus de gens possible.

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Quand je t’ai interviewé juste avant la sortie de Bears, Mayors, Scraps and Bones , tu me disais avoir senti la pression de devoir faire le meilleur album possible, pour pouvoir supplanter Hail Destroyer . Continues-tu à ressentir cette pression après chaque nouvel album?
Je crois que le truc dont on s’est rendu compte en écrivant cet album-là, à cette époque de notre carrière, c’est qu’on ressentait beaucoup de pression des autres gens, et non pas notre propre pression créative auto-imposée. Maintenant, on est au point où lorsqu’on est en train de composer de nouvelles chansons, on veut juste faire capoter les fans de Cancer Bats, et pas nécessairement essayer d’exciter le genre de personne qui travaille en radio, ou peu importe.

Pour moi, le but c’est de faire des chansons pour les kids qui ont des tatouages de notre logo et de le faire pendant le plus longtemps possible pour que le mec qui a un tatouage Cancer Bats dans le visage ne le regrette jamais!

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Tu as eu l’idée de fonder le groupe lorsque tu habitais à Montréal, comment est-ce que la ville a influencé votre groupe?
En effet, c’est là que Scott et moi avons commencé à jammer, à l’époque. Il prenait le train, durant ses congés, car il travaillait chez VIA Rail, donc il descendait à Montréal et on jammait, lui à la guitare et moi à la batterie. On n’a jamais pensé que ça pouvait aller plus loin que ça, vu qu’il habitait à Toronto.

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Une grande partie de ce que j’ai appris en termes des arts en général, et de toute la vibe qu’il peut y avoir autour d’un groupe, je l’ai appris à Montréal. J’y habitais à une époque où plein de trucs cool et inspirants se passaient, comme Wolf Parade et Arcade Fire et The Unicorns et tout ça. Et ces groupes-là ne faisaient pas qu’écrire des chansons : ils faisaient attention à tout ce qui entourait l’image et l’énergie du groupe, et prenaient ça très au sérieux. J’ai donc voulu appliquer ça à un groupe de hardcore.

J’étais à fond dans la scène de graffiti, donc on collait des wheatpastes de chauve-souris partout dans Montréal et Toronto. Et ça, c’était directement inspiré de la scène montréalaise, donc il y avait des gens qui comprenaient la vibe de Cancer Bats avant même de nous entendre, juste à cause des wheatpastes.

Et as-tu continué à porter attention à la scène d’ici?
Oui, absolument! C’était un peu plus difficile quand on était constamment en tournée, mais maintenant, le truc le plus important qui m’y ramène ces jours-ci, c’est mes collaborations avec le producteur Snails. J’ai aussi pas mal d’amis qui font de la moto qui vivent dans Saint-Henri, donc, parfois, je prends ma moto et je reviens à Montréal chiller avec eux au Bait & Schlang ou au Loïc, et ça fait du bien.

Cancer Bats seront en concert au Club Soda, à Montréal, le vendredi 7 décembre.

Billy Eff est sur internet ici et .