Créé avec Toyota Canada

Comment utiliser la Terre comme batterie

À peine âgé de 30 ans, Marc-Antoine Audy et son équipe mènent la charge dans le développement de technologies géothermiques.
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Cet article fait partie de Ré:Génération, un partenariat entre VICE et Toyota qui souligne les histoires et les personnes liées au mouvement croissant pour l’énergie durable.

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Il faut l’avouer, on fait tous un peu le saut quand on reçoit sa première facture d’Hydro-Québec de l’hiver. On estime en effet qu’environ 64 pour cent des frais énergétiques d’une habitation sont consacrés au chauffage. Mais, dans un bureau de la ville de Québec, Marc-Antoine Audy et son équipe proposent une autre solution durable, dont les secrets sont enfouis sous terre.

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À peine âgé de 30 ans, Audy est coprésident et copropriétaire d’Induktion Géothermie, avec qui il fait la promotion de cette énergie renouvelable qu’on connaît encore mal dans la province. Pourtant, la géothermie pourrait offrir une solution énergétique durable pour de nouvelles constructions, qui s’inscrit dans une volonté de diversification de nos sources d’énergie. On a donc jasé avec lui afin qu’il nous explique son parcours et les solutions que peut offrir la géothermie.

VICE : Salut Marc-Antoine! On connaît encore très peu la géothermie au Québec. Comment t’es-tu retrouvé dans ce milieu?

Marc-Antoine Audy : Je suis natif de Québec, et j’ai étudié à l’Université Laval en génie mécanique avant de faire une maîtrise en génie alimentaire. Ce qui me motivait le plus, c’était de contribuer à la lutte contre les changements climatiques de manière concrète et tangible, et la construction écoénergétique me semblait être une bonne avenue.

Quand j’étais dans l’agroalimentaire, on parlait beaucoup de l’importance du chauffage et de la qualité de l’air dans les bâtiments. Dans ce domaine-là, on utilise beaucoup la combustion de biomasse, et même si c’est moins pire que les combustibles fossiles, ça entraîne tout de même de grosses émanations de gaz à effet de serre.

Peux-tu m’expliquer en quelques mots c’est quoi, la géothermie?
Pour le dire simplement, c’est d’aller puiser l’énergie dans le sol pour réduire de près de 70 pour cent la consommation énergétique d’un bâtiment. Ça couvre donc le chauffage, l’eau chaude et la climatisation. C’est la technologie la plus écoresponsable qui soit.

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Le principe est de poser un échangeur de chaleur souterrain et de faire circuler dans un tuyau un liquide caloporteur qui sera perturbé par la chaleur du sol. On amasse donc beaucoup d’énergie et de chaleur du sol, qu’on renvoie dans le bâtiment au-dessus pour le chauffer efficacement, peu importe sa taille. Le sol devient donc une batterie très puissante.

Connaissais-tu déjà un peu les bases de la géothermie avant de commencer dans l’entreprise, ou c’était complètement nouveau pour toi?
Quand j’étais en génie mécanique, en fin de programme, je devais choisir des cours à option. Il y en avait un en mécanique du bâtiment, et près de 35 pour cent du cours était consacré aux énergies innovantes. Il était donc question des énergies solaire et photovoltaïque, et la géothermie en faisait aussi partie.

Je trouvais que c’était une solution vraiment intéressante et qui méritait d’être développée. Je me suis donc intéressé à la géothermie, j’ai rencontré l’équipe d’Induktion et je me suis lancé dans cette aventure!

Certains pays, comme l’Islande, sont réputés pour leur utilisation de cette technologie. Pourquoi en entend-on moins parler ici?
Au Québec, le coût de l’électricité est bas grâce à l’hydroélectricité. Ce n’est donc pas un sujet qui interpelle le commun des mortels, dont la maison est chauffée par des plinthes électriques, car le coût des rénovations est considérable si on veut passer à la géothermie, et les maisons ne sont pas toujours compatibles. Par contre, dans les maisons de luxe chauffées par des thermopompes, il y a un gain d’intérêt. Il y a aussi le coût du forage, qui est très élevé et peut rebuter les gens qui voudraient s’y intéresser.

L’intérêt se trouve donc davantage dans le cas de nouvelles constructions, ou pour des espaces commerciaux. C’est un gros investissement initial, mais les gens voient vite que ça en vaut largement la peine au bout du compte. C’était aussi plus simple avant, car le gouvernement offrait un crédit d’impôt qui permettait aux gens d’économiser s’ils convertissaient leur bâtiment à la géothermie, mais il n’est malheureusement plus offert.

À quoi ressemble le futur proche pour la géothermie?
Avec les programmes de location qu’on met de l’avant, qui permettent d’éliminer les risques associés à un investissement, on peut répondre à la demande dans le Grand Nord québécois. Les coûts de chauffage là-bas sont énormes, et les gens chauffent principalement au diesel, qui coûte cher et pollue. Donc, leur très haut coût d’électricité peut être réduit par des systèmes géothermiques. Évidemment, c’est un enjeu logistique, car ça implique la mobilisation des équipements pour réaliser les projets, qui sont très coûteux.