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Drogue

Des Canadiens qui ont admis avoir fumé du pot sont bannis des États-Unis

Les experts en immigration préviennent qu'une admission entraîne une condamnation.
Photo : Chuck Grimmett sur Flickr

Message d'intérêt public : Ne dites jamais à un douanier américain que vous avez fumé du pot. Que ce soit il y a quelques heures ou quelques années dans le boisé derrière l'école, gardez ça pour vous.

Une évidence, semble-t-il. Mais Alan Ranta, un compositeur de Vancouver qui traversait la frontière entre la Colombie-Britannique et l'État de Washington pour se rendre à un festival de musique il y a quelques semaines, risque d'être banni à vie des États-Unis pour une banale confession.

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« On n'avait rien sur nous, mais ils ont trouvé un petit sac sur lequel était écrit "weed money", dit-il. C'est ironique, il n'y avait jamais eu de weed dedans. »

Après une fouille intense — Alan pense que le douanier n'aimait pas leur « équipement de camping coloré » —, on l'a menotté et emmené dans une petite salle d'interrogation avec un banc et une toilette. Ensuite, le garde l'a interrogé sur ses habitudes de consommation.

« Comme Trudeau avait dit que ce serait légal dans un an et que c'est légal depuis trois ans dans l'État où je vais, j'ai pensé que ce ne serait pas un si grave », explique Alan.

D'un point de vue juridique, il a admis avoir contrevenu à la loi sur les substances contrôlées des États-Unis (au fédéral, le weed est toujours illégal). Les experts en immigration préviennent qu'une admission entraîne une condamnation.

Alan Ranta ne peut plus entrer aux États-Unis, au moins d'ici à ce qu'il termine un long processus de renonciation qui lui coûte 589 $. Même après, il sera toujours considéré comme un criminel. « Ça me suivra toute ma vie, dit-il. C'est après que j'ai compris la gravité de la situation. »

L'avocat Len Saunders a vu des dizaines de cas semblables dans les dernières années. D'autres Canadiens ont aussi passé des heures dans une salle d'interrogation où ils ont dû répondre sous serment à des questions sur leur consommation. « J'essaie d'avertir les Canadiens qu'ils s'exposent à un interdit de séjour aux États-Unis pour la vie s'ils font cette admission à un point d'entrée. »

Il ajoute que « c'est presque un piège. Vous n'avez même pas à l'admettre. Vous n'avez pas du tout l'obligation de répondre à cette question, assure Len Saunders. Des clients m'appellent et me disent qu'ils n'avaient pas le choix de dire la vérité, qu'ils ne pouvaient pas mentir. Changez la question : et si on vous interrogeait sur votre vie sexuelle? Est-ce que vous seriez aussi disposé à en parler? »

S'il pouvait revenir en arrière, Alan Ranta admet d'ailleurs qu'il refuserait de répondre. On peut annuler la demande d'entrée et réessayer plus tard. Sa décision de dire la vérité le hantera longtemps. « C'est plutôt dévastateur. Ma famille a une propriété à Point Roberts, Washington, depuis environ 50 ans. Je suis attaché à cet endroit, où mon père est décédé il y a dix ans. J'essaie d'y aller plusieurs fois chaque été. Je vais aussi au festival Sasquatch depuis six ans. »

Cette gaffe pourrait devenir beaucoup plus fréquente après la décriminalisation du cannabis au Canada, potentiellement dès le printemps prochain. « Ce sera pire, prévient Len Saunders. Plus de gens en auront en leur possession et admettront en fumer. Certains m'accuseront d'être alarmiste, mais je ne le suis pas. Ce que je dis, c'est : attention, vous pourriez vous causer vous-même d'énormes problèmes. »

Suivez Sarah Berman sur Twitter.