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Santé Canada veut interdire la publicité pour les opioïdes d’ordonnance

Ottawa soutient que la surprescription « contribue à la crise des opioïdes au Canada ».

La ministre fédérale de la Santé, Ginette Petitpas Taylor, a annoncé mardi son intention d’interdire la plupart des formes de marketing et de publicité à propos des opioïdes d’ordonnance. En 2017, plus de 4000 personnes sont mortes de surdoses au Canada, et le gouvernement avance que la surprescription est une grosse partie du problème.

D’ici le 18 juillet, Santé Canada tiendra des consultations pour sonder les scientifiques et l’industrie. Mais, avant l’entrée en vigueur du règlement, les fabricants et les distributeurs doivent « mettre immédiatement fin à leurs activités de marketing ayant trait aux opioïdes au Canada ». Au courant du mois prochain, ils pourront se conformer à cette mesure sur une base volontaire.

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Évidemment, on ne parle pas ici de publicité pour la drogue sur des panneaux d’affichage et à la télévision, mais plutôt des « présentations commanditées par le fabricant lors de conférences, des programmes de formation continue, des annonces publicitaires dans des revues médicales et des visites individuelles de représentants commerciaux ».

Les Canadiens sont les deuxièmes plus grands consommateurs par habitant d’opioïdes d’ordonnance au monde. Ces médicaments sont généralement utilisés pour traiter la douleur, mais ils ont tendance à créer des dépendances. Une fois prescrits, ils se retrouvent aussi éventuellement sur le marché noir.

En 2017, le Canada a observé une augmentation de 34 % des décès qui seraient liés aux opioïdes, par rapport à 2016. « Les taux élevés de prescription d’opioïdes sont l’un des facteurs qui contribuent à la crise des opioïdes au Canada », a dit Ginette Petitpas Taylor.

La Colombie-Britannique est la province la plus touchée avec près de 1400 morts en 2017.

Une équipe spéciale de Santé Canada sera affectée à l’application de cette mesure et disposera d’un budget de cinq millions de dollars sur cinq ans.

Si elle se réjouit d’une telle mesure du gouvernement fédéral, la directrice de l’organisme communautaire en réduction des méfaits Cactus Montréal, Sandhia Vadlamudy soutient que le la priorité est surtout d’informer et de sensibiliser les médecins qui prescrivent des opioïdes.

« Le danger est de tomber dans des sous-prescriptions, alors qu’il y a beaucoup de gens qui reçoivent ces médicaments et qui ne sont pas problématiques, dit-elle. Il ne faut pas faire automatiquement l’association que ces personnes vont devenir dépendantes. Il faut prescrire de façon éclairée et faire le tour des options. »

Au Québec, les chiffres de 2017 de la Régie de l’assurance maladie montrent que, pour la première fois en six ans, les médecins ont prescrit moins d’opioïdes à la population inscrite au régime public que l’année précédente. Plus de 379 000 personnes ont reçu ces médicaments l’an dernier. C’est 4000 de moins qu’en 2016, mais 36 000 de plus qu’en 2011.

Simon Coutu est sur Twitter .