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Les risques de l’ecstasy auraient été exagérés

Les études menées jusqu’à récemment sur la MDMA comportent d’importantes failles.
Image : Victor de Scwanberg/Getty Images

L'article original a été publié sur Tonic.

Une nouvelle étude donne à penser que les risques de dommages cérébraux pour le consommateur moyen d’ecstasy pourraient avoir été exagérés, car dans les études précédentes on a surestimé la consommation moyenne.

La nouvelle étude, publiée dans le Journal of Psychopharmacology, remet donc en questions les résultats des études précédentes et leur conclusion qu’une « consommation de faible à modérée » d’ecstasy altère de façon permanente la sérotonine présente dans le cerveau.

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La sérotonine est un important composé chimique du système nerveux central qui entre autres influence l’humeur. La MDMA, principal composant de l’ecstasy, déclenche chez celui qui en prend la production de sérotonine — c’est ce qui crée le grand sentiment de bien-être. Mais, quand les réserves de sérotonine sont épuisées, elle cause aussi une sorte de naufrage émotionnel.

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Balázs Szigeti, un chercheur de l’Université d’Édimbourg, a examiné les précédents résultats, en particulier une étude de l’imagerie cérébrale qui a permis de conclure que la consommation d’ecstasy causait une diminution des transporteurs de la sérotonine dans le cerveau. D’entrée de jeu, la catégorisation des consommateurs d’ecstasy l’a surpris. « J’ai trouvé bizarre qu’on dise que des personnes qui consomment deux comprimés deux fois par mois ont une "consommation de faible à modérée". Je soupçonne que c’est beaucoup plus que ce que prend le consommateur moyen », a-t-il déclaré à PsyPost.

Pour déterminer la quantité d’ecstasy que prend le consommateur moyen, il s’est référé au Global Drug Survey, qui recueille des données anonymes sur la consommation de drogues. En analysant les réponses de 11 168 personnes qui ont dit avoir consommé de l’ecstasy au moins une fois dans la dernière année, lui et ses collègues ont constaté que c’est vraiment moins que ce qui avait été estimé : les participants prennent en moyenne 12,2 comprimés par année. Dans l’étude à partir de l’imagerie cérébrale des participants, la consommation moyenne rapportée était de 87,3 comprimés par année. C’est une immense différence : 720 %.

On peut en déduire que la plupart des consommateurs moyens ne risquent pas de subir les dommages cérébraux décrits dans l’étude précédente. « Notre analyse indique que les altérations sérotoninergiques causées par l’ecstasy sont probablement surestimées pour la majorité des consommateurs. C’est une bonne nouvelle pour eux et pour l’utilisation de la MDMA à des fins médicales, mais, comme nous l’écrivons dans le rapport, cela ne signifie pas que la consommation d’ecstasy, donc de MDMA, ne cause pas de dommages », dit-il.

Même si la MDMA a le potentiel d’améliorer le traitement de troubles alimentaires et a permis une avancée dans le traitement du trouble de stress post-traumatique, son illégalité rend difficiles les recherches, ne serait-ce que pour déterminer ses risques réels. Il n’est évidemment pas idéal de devoir s’appuyer sur l’auto-évaluation de personnes qui en consomment illégalement, mais, dans ce cas-ci, c’est à partir de ces données qu’on a pu montrer qu’il est à tout le moins nécessaire de poursuivre les recherches, idéalement auprès de consommateurs réellement moyens.