Ces photos de motels australiens vont vous faire un bien fou
Toutes les photos sont de Brett Patman

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Ces photos de motels australiens vont vous faire un bien fou

Quand le trivial touche au sublime.

Cet article a été initialement publié sur VICE Australie.

L’élégance des hôtels de luxe se passe de commentaires. Difficile de nier la fascination qu’exercent un tel confort, un tel faste et de tels équipements. Les motels possèdent quant à eux un charme plus retors. On peut penser à leurs clochettes et à leurs baignoires rouillées, mais ce serait passer à côté de la monotonie de ces ensembles, aussi réconfortante que mélancolique.

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Dans son recueil Hotel Motel 101, le photographe Brett Patman recense plus de 101 établissements à 170 km à la ronde de Sydney, un travail qui retranscrit le charme simple des hôtels du bord des routes australiennes. Sacre discret du quotidien, ses images sont à la fois un hommage au hiératisme magnétique de ces lieux et une étude de leurs formes géométriques.

Patman nous raconte : « L’idée me trottait dans la tête depuis un moment, sans savoir comment m’y prendre. Et puis un soir j’ai regardé Mindhunter… Les deux protagonistes de la série enchaînent les nuits dans des motels. Plus j’avançais dans la saison, plus j’étais inspiré. J’ai fini par dresser la liste de tous les motels au bord de Hume Highway, et c’était parti. »

Patman dirige le site Lost Collective, « compilation littéraire et visuelle des bâtiments laissés à l’abandon partout dans le monde » ; on a voulu lui poser quelques questions sur ce projet. Par exemple, comment faire le tri entre les motels mis en avant et ceux qu’on laisse pour ainsi dire sur le bord de la route ?

VICE : Salut, Brett ! Commençons par le commencement : pourquoi des motels ?
Brett Patman : Chaque motel possède son goût, son style et son kitsch bien à lui, et c’est ça que je recherchais avant tout. Ce concept, ces décors banals et triviaux qui peuvent donner de si belles choses… Dans la plupart de mes œuvres, je fais apparaître la mélancolie des ruines.

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Comment les gens ont-ils réagi à ton projet ? Tu as vu des fétichistes du motel débarquer d’un peu partout ?
La réaction la plus récurrente, c’est cette affection nostalgique pour les motels, symboles par excellence des grandes vacances en famille. Mon travail m’a permis de découvrir un petit groupe d’authentiques esthètes du motel. Ce qu’ils préfèrent, ce sont les panneaux, tu vois ces grandes enseignes pastel à néons ultra années 70 ? La typographie, ils aiment bien aussi.

C’est quoi ce truc en plus qui a rendu possible le culte des motels ? Leur place dans la pop culture ?
Pour moi ça tient à deux choses : le côté madeleine de Proust, et la culture télé des années 70-80. Quand on partage des souvenirs de grandes vacances en famille, les motels reviennent très souvent. Ils sont le symbole d’une vie plus simple, d’une période de l’année où il fait beau tout le temps, avec un ciel dégagé de toute obligation.

Les séries télé ont idéalisé les chambres de ces motels, de façon pas très glamour d’ailleurs. Grâce à l’imagination des producteurs et des showrunners, on s’est construit une fascination et une attirance avec deux trois scènes clés. Pourtant c’est bien connu, il n’y a pas plus crade qu’une chambre de motel.

En tout, tu en as pris combien en photo ? Tu les as choisis comment ?
J’en ai photographié 102 et visité 120. Pour les 18 oubliés, soit il faisait trop sombre, soit il y avait trop de voitures garées devant. Parfois c’était aussi à cause des gens qui traînaient autour : je n’avais pas envie de devoir m’expliquer.

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J’ai délimité trois secteurs autoroutiers : vers le nord, côté Central Coast, à l’ouest, du côté des Central Western Tablelands, et enfin les premiers kilomètres de la côte en Nouvelle Galles du Sud. Je m’étais préparé un itinéraire Google Maps avec tous les motels au bord des routes ou dans les parages.

Tout ça avec quelques critères : ce devait être des lieux de bord de route avec une réception à l’ancienne, les chambres qui donnent sur le parking et un plafond pas trop élevé. Du coup les grosses chaînes de motels étaient déjà éliminées. On n’y trouve pas ce cachet, cette personnalité propre aux établissements indépendants. Moi je voulais les statues kitsch, les chaises dépareillées pour les fumeurs, la peinture pastel… J’en ai quand même gardé plus de 90 % à l’arrivée !