Culture

Comment Montréal a changé la vie d’Azamat B.

Le DJ et fondateur de Rinse France est de retour en ville pour quelques événements et s’ouvre sur son temps passé ici et les leçons qu’il y a apprises.
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Dans toutes les industries, il y a de ces gens dont la contribution et l’influence sont incalculables. J’aime croire que Laurent Bassols, alias Azamat Bogdanov, est une de ces personnes qui ont changé le monde de la musique montréalaise.

J’ai rencontré Laurent pour la première fois en 2011, et il m’a tout de suite fasciné. Je commençais dans le milieu du nightlife, et je ne savais pas du tout qui était ce charmant jeune homme à l’accent prononcé du sud de la France que tout le monde surnommait « The Catalan Don ».

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« Honnêtement, je voulais quitter la France. Je m’emmerdais un peu, je savais pas trop quoi faire », dit Laurent de son premier déménagement à Montréal en 2009. « J’avais arrêté les études, et je suis venu passer deux mois, et j’ai vraiment adoré. »

Originaire de Perpignan, dans le sud de la France près de la frontière espagnole, Laurent a fondé avec ses amis La Big Familia, un collectif qui organisait des soirées dans leur ville ainsi qu’à Montpellier. Rapidement, il se met à mixer et les événements du collectif gagnent en notoriété. À un des partys perpignanais, le collectif booke le DJ new-yorkais Cobra Krames, qui joue à Montréal un peu plus tard, après le déménagement de Laurent. Ce dernier se rend à la soirée où mixe Krames et y rencontre Sinjin Hawke, Martyn Bootyspoon et toute l’équipe avec qui il formera le collectif Boomclap, qui prend possession des vendredis au Blue Dog, rue Saint-Laurent.

« En France, il y avait pas grand-chose. Sur la scène à Perpignan, il n’y avait que [la Big Familia], pour ainsi dire. Donc Montréal, pour moi, c’était un peu ma première interaction avec une plus grande ville. Ce que j’avais adoré, c’est que tous les styles se mélangeaient assez facilement, explique Bassols. Tu pouvais aller dans une soirée de rap avec des gens qui écoutaient de la house ou aller dans une soirée house avec des gens qui écoutaient de la techno. Tout le monde se mélangeait et j’aimais ça, parce que j’étais pas fan d’un seul style en particulier, et le fait de mixer tous ces trucs-là de façon tout à fait normale aux oreilles des gens, c’est vraiment le truc qui m’a marqué. »

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Le but de Boomclap était en quelque sorte de célébrer cette mixité évoquée par Laurent. On pouvait dans les mêmes cinq minutes entendre du rap, de la grime, de la techno et du baile funk. Les line-ups des événements étaient uniques, comme leur idée incongrue, mais géniale de faire jouer ensemble la légende britannique Ben UFO avec le roi de la ballroom, MikeQ.

Maintenant redéménagé à Paris après des problèmes de visa, cet amour de la diversité musicale et de la recherche de nouveaux talents sert à Laurent dans ses fonctions en tant que cofondateur et programmateur pour Rinse France, subdivision parisienne de la célèbre radio pirate britannique, dont les origines remontent elles aussi aux soirées Boomclap. « À l’époque, on avait booké Manaré au Torn Curtain. Le lendemain on a joué avec lui à Toronto aussi, et on s’est trop bien entendus, raconte Laurent. Quand je me suis fait expulser du Canada, j’ai squatté chez lui pendant quelque temps, et il avait le projet de monter une webradio, et on a décidé de bosser là-dessus ensemble. »

Après une soirée de financement pour leur projet, Laurent et Manaré se sont fait approcher par les gens de Rinse FM à Londres, qui leur ont demandé de développer la marque Rinse en France. Depuis maintenant cinq ans, Rinse France est devenu un important catalyseur de la musique électronique. « La scène musicale en France se porte bien, mais je crois que c’est un concours de circonstances, un peu comme Boomclap l’avait été : on était au bon endroit, au bon moment », estime Laurent.

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« Il y avait une nécessité d’avoir un média qui recentrait un peu toutes les cliques, tous les labels, tous les artistes ou, du moins, une bonne partie, précise-t-il. Souvent, ça amène à de belles rencontres entre certaines personnes, et même des collaborations. »

Bien qu’il n’habite plus ici, Laurent reste attentif à ce qui se trame au Québec. « Évidemment, j’ai un soft spot pour la ville, et dès qu’il y a un artiste montréalais qui débarque, ça va m’intéresser peut-être plus que quelqu’un d’une autre ville, parce que j’y suis attaché, confie-t-il. Je ferais pas ce que je fais aujourd’hui chez Rinse si c’était pas de Montréal, de ce que j’y ai vécu et les gens que j’ai rencontrés. »

Azamat B. sera de la partie samedi le 8 juin au Tokyo BBQ, ainsi que dans le cadre du festival Mural

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