Avec les prisonniers qui luttent contre les incendies en Californie
Les pompiers du camp de conservation d’Antelope menés par un capitaine du Cal Fire, lors des feux de forêt d’octobre, dans le comté de Sonoma. Les camps de pompiers prisonniers sont issus des camps de travail des prisonniers qui ont construit nombre de routes dans l’arrière-pays californien au début des années 1900. 

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Avec les prisonniers qui luttent contre les incendies en Californie

« Ils travaillent comme des fous. Ils se chargent des aspects les plus durs et ingrats de la lutte contre les incendies. »

Cet article a été réalisé avec l'aide du Marshall Project.

Les récents feux de forêt, qui ont touché le nord de la Californie, ont réduit en cendres plus de 80 000 hectares et ont fait 42 morts. En réponse, le Cal Fire (le département chargé de la lutte contre les incendies) a mobilisé plus de 11 000 pompiers. 1 500 d'entre eux sont des détenus issus des « camps de conservation » de sécurité minimum gérées par le Département des Corrections et de Réhabilitation (CDCR), où ils sont formés à la suppression des incendies et à la gestion d'autres situations d'urgence, comme les inondations et les tremblements de terre.

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Carlos Marin se rase la tête pendant une pause au camp de conservation de Growlersburg, en novembre 2016. Près de 3 800 détenus se sont retrouvés à combattre les incendies cet automne.

Le photographe Brian Frank a couvert ces camps au cours de l'année écoulée et habite à dix minutes de Coffey Park, un quartier du comté de Sonoma qui a été durement touché par les feux. Il a suivi les détenus pendant leurs missions, mais aussi pendant leur temps libre, occupé à jouer aux cartes, à soulever de la fonte et à étudier.

Si les poids ont été interdits dans les prisons californiennes, une dérogation permet aux pompiers prisonniers d'avoir une salle d'entraînement, étant donné que la lutte contre les incendies exige une condition physique irréprochable.

La semaine dernière, Frank a photographié les hommes du camp de conservation d'Antelope, alors qu'ils se battaient contre les flammes dans le quartier d'Oakmont à Santa Rosa.

S'il existe un haut niveau de coopération parmi les différents groupes ethniques quand les détenus sont déployés sur les feux, certaines zones des camps de conservation – comme cette « salle de télé latino » – sont réservées pour éviter les tensions ou violences raciales.

« Ils travaillent comme des fous. Ils se chargent des aspects les plus durs et ingrats de la lutte contre les incendies », explique Frank. « Ils creusent les tranchées à s'en briser le dos et dégagent tous les combustibles qui pourraient être sur le trajet du feu. C'est vraiment un taf ingrat. »

On compte 43 camps de conservation en Californie, et 30 à 40 % des pompiers du Cal Fire viennent de ces camps. Les détenus font des services de 24 heures, dormant souvent dans la nature, puis ils ont le droit à 24 heures de repos avant de retourner au feu. La majorité des détenus californiens retirent un jour de leur peine pour chaque journée où ils se sont bien comportés. Les détenus du programme de lutte contre les incendies retirent deux jours de leur peine pour chaque journée passée au camp de conservation.

L'équipe du camp d'Antelope marche dans la forêt dans le comté de Sonoma. Le gros du travail consiste à tailler dans les broussailles pour permettre d'acheminer l'eau à proximité des feux.

Les feux sont désormais contrôlés à 98 % en Californie du nord, notamment grâce au travail de quelque 3 800 détenus issus des camps de conservation qui se battent contre les incendies depuis deux semaines.

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Les détenus des camps de conservation californiens ont le droit à plus de temps libre et de liberté pour interagir sans supervision.

Un certain pourcentage de détenus doit rester en tenue, prêts à répondre à un appel à tout moment, parce qu'ils peuvent être déployés à tout instant par le Cal Fire.

Dominic Hernandez, un chef, travaille dans la cuisine du camp de conservation quand il n'est pas sur la ligne de feu.

Des pompiers prisonniers du camp d'Antelope reprennent leur souffle sur une colline menacée par les flammes.

Sans accès aux téléphones portables ou à Internet, le seul lien des détenus avec leurs proches se fait à la cabine téléphonique.

Les rayons du soleil percent à travers la fumée dans le comté de Sonoma.

Les détenus gagnent des crédits pour réduire leur peine, notamment en s'occupant du camp ou en travaillant pour la communauté.

Les prisonniers sont encouragés à finir leurs études pendant leur détention. Entre deux feux, nombre d'entre eux étudient.

Les détenus travaillent pendant 24 heures d'affilée, et dorment souvent dans la nature.

Eduardo Amezcua étouffe un point chaud, pendant que Jon Hooker regarde avec sa tronçonneuse.

Des pompiers prisonniers se mettent en rang avant d'être déployés au camp de conservation de Growlersburg, en novembre 2016.

Eduardo Amezcua, épuisé par les feux de forêt du comté de Sonoma, fait une pause au bord d'un sentier.

Eduardo Amezcua, un pompier prisonnier du camp de conservation d'Antelope, éteint les flammes qui ont détruit une bonne partie du pays du vin californien.