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Dans une relation à long terme, les femmes s’ennuient plus vite au lit que les hommes

« On apprend aux femmes à étouffer leur sexualité », nous dit un sexologue spécialiste du désir.
Dans une relation à long terme, les femmes s’ennuient plus vite au lit que les hommes
Photo Luis Diaz Devesa/ Getty Images

Mais un nombre grandissant d’études précisent que c’est le désir sexuel qui pose problème pour les femmes, particulièrement lors d’une longue relation. Elles ressentiraient plus vite que les hommes un manque de désir, d’excitation et de satisfaction sexuelle.

Wednesday Martin a fait des recherches sur le sujet pour un article qu'elle a publié dans le magazine The Atlantic, intitulé The Bored Sex. Elle a compilé certaines des études qui font état du phénomène depuis quelques années. L’article mentionne notamment l’étude anglaise de 2017 qui montre que les femmes ont moins d’intérêt pour le sexe lorsqu’elles sont en relation depuis plus d’un an, et que celles qui partagent un toit avec leur partenaire ont tendance à ressentir moins de désir sexuel que les autres. L’autre étude citée, parue en 2012, nous apprend que plus la relation avance dans le temps, plus le désir sexuel des femmes baisse, ce qui n’est pas le cas du côté des hommes. Et enfin, les résultats d’une étude allemande de 2006 montrent que si 60 % des femmes souhaitent avoir des relations sexuelles « fréquentes » au début d'une relation, dans les quatre années qui suivent ce chiffre tombe à moins de 50 %, et après 20 ans de relation, il tombe à 20 % environ. La libido des hommes, encore une fois, reste stable pendant toute la durée de la relation.

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« Ça confirme ce que je vois chez mes patients depuis des années », explique François Renaud, sexologue et psychothérapeute spécialisé dans les questions de désir, quand VICE lui a demandé de commenter le phénomène.

« Les femmes ont une tendance à s’emmerder plus rapidement que les hommes dans une relation monogame, poursuit le sexologue. Elles veulent une forme de variété sexuelle, alors que les hommes se contentent souvent de très peu. C’est souvent les femmes qui vont perdre leur désir en premier, et même parfois assez rapidement. »

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Photo Luis Diaz Devesa/ Getty Images

Chez les couples qui viennent le consulter, le sexologue remarque que souvent, les femmes pensent que leur conjoint aurait du mal à accepter qu’« elles sont plus sexuelles » qu’eux. « Pour protéger un peu l’ego masculin et le rôle de l’homme qui apprend la sexualité à la femme, les femmes se recroquevillent un peu dans une position pudique et conservatrice », dit François Renaud. La sexualité du couple se poursuit alors, confortable, redondante et prévisible.

Pour François Renaud, c’est aussi dû à la façon dont les sociétés traitent la sexualité féminine. « Depuis longtemps, on les catégorise comme étant le genre qui veut moins de sexe, mais, en vérité, on réprime la sexualité féminine et on apprend aux femmes à étouffer leur sexualité, le slut shaming est un bon exemple. »

Le sexologue a noté que l’erreur que les couples font, c’est de penser qu’une sexualité fréquente est une sexualité satisfaisante, comme si le simple fait de faire l’activité était un gage de succès en soi, comme si le sexe de mauvaise qualité dans un couple monogame hétérosexuel n’existait pas. Il y a aussi la question de la pression que les partenaires ressentent. L’idée qu’il vaut mieux faire mal l’amour ou ne plus faire l’amour du tout plutôt que d’être rejeté : « La première fois que tu fais l’amour avec ton partenaire, il y a toujours une anxiété et une crainte du rejet. À un moment donné, on devient confortable dans la relation et on ne veut plus vivre cette insécurité-là. » Le sexologue travaille avec les couples pour essayer d’arriver à maintenir cette stabilité et cette sécurité tout en créant un sentiment d’exploration avec leur partenaire.

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« Souvent, quand les couples me parlent de leur sexualité, je leur dis : “J’ai l’impression que vous vous masturbez l’un dans l’autre” et souvent les femmes vont me répondre : “Absolument. C’est ça qu’on fait. On s’utilise pour avoir un orgasme, mais il y a pas de relation sexuelle.” »

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Le travail à faire, selon le sexologue, c’est d’apporter le plus de variété possible pour que l’activité sexuelle reste intéressante. Pour parler de cette nécessité, il compare la vie sexuelle à un parc aquatique : « Si tu fais toujours les mêmes glissades, tu finis par t’ennuyer. »

Alors, on souhaite à tous de bonnes glissades, et n’oubliez pas de changer de glissoire.

Marie Boule est sur Twitter.