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Environnement

L’apathie face aux changements climatiques est pire que le déni des changements climatiques

Un rapport dit plus clairement que jamais à quel point le danger est réel. Et les dirigeants font comme si de rien n’était.
Photo : Goddard Space Flight Center et Drew Angerer, Getty

L’article original a été publié sur VICE États-Unis.

Imaginez qu’on sache depuis des décennies qu'un astéroïde se dirige vers la Terre. Les scientifiques ne connaissent pas la taille exacte qu’il aura après être entré dans l’atmosphère terrestre ni l’endroit précis où il percutera la planète, mais ils ont transmis au fil des ans des rapports au sujet de sa progression et de la dévastation potentielle. L’importance de tenter de modifier la trajectoire de l’astéroïde ou de mitiger les conséquences de l’impact est évidente pour tout le monde. Mais les dirigeants nient que les astéroïdes existent ou soutiennent que le mieux, c'est de ne rien faire, parce que, si on fait quelque chose, on risque de nuire à l'économie.

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Cette analogie entre un astéroïde et les changements climatiques n’est pas parfaite. Les conséquences des changements climatiques ne surviennent pas aussi soudainement que l’impact d’un astéroïde. Mais elle illustre l’absurdité de l’administration Trump, par exemple, qui, en réponse au réchauffement rapide de la planète et à l'extrême probabilité qu'il cause de terribles catastrophes, se bouche les oreilles et crie des monosyllabes pour ne rien entendre. Lundi, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié un rapport avertissant qu’à moins de réduire les émissions de 45 % d’ici 2030 et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, la température terrestre moyenne augmentera de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle.

Si rien de cet ordre n’est fait et que la hausse de température atteint 2 °C, les conséquences seront évidemment plus graves. Pénuries d’eau, pénuries alimentaires, propagation de maladies favorisées par la chaleur, comme la malaria, vagues de chaleur, augmentation du nombre de feux de forêt, etc. Et un réchauffement de 2 °C n’est pas le pire scénario envisageable. Si les émissions de gaz carbonique se poursuivent au rythme actuel, la température augmentera de plus de 4 °C par rapport à l’ère préindustrielle d’ici 2100.

Évidemment, le gouvernement des États-Unis ne propose aucune solution. La délégation américaine à l’ONU a « accepté » le rapport, tout en ajoutant une réserve fantasque, soit que « l’acceptation du rapport ne signifie pas que les États-Unis approuvent les conclusions du rapport ou le contenu sur lequel elles sont basées ». Bien que Donald Trump ait déjà grotesquement déclaré que les changements climatiques étaient « créés par et pour les Chinois », l’approche de son gouvernement est calquée sur celle des dirigeants républicains de la Caroline du Nord qui ont formellement laissé de côté un rapport de 2010 sur la hausse du niveau des océans : ce n’est pas un déni des changements climatiques, mais une dangereuse apathie.

Un récent communiqué rédigé pour expliquer l’annulation d’exigences imposées par Barack Obama en matière d’efficacité énergétique des véhicules nous en donne un éloquent aperçu. La National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) a prédit que la température augmenterait de 4 °C d’ici 2100 par rapport à l’ère préindustrielle, mais se résigne au désastre plutôt que de tenter de le prévenir. Changer notre destin, écrit la NHTSA, « exigerait une hausse substantielle des innovations technologiques et leur adoption par rapport à ce que nous avons aujourd’hui et exigerait que l’économie et le parc automobile s'affranchissent des combustibles fossiles, ce qui actuellement n’est pas technologiquement faisable ou économiquement faisable ».

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En 2100, les gens qui auront survécu à la hausse de la température et à l’élévation du niveau des océans verront probablement cette évaluation de ce qui est faisable comme une déresponsabilisation lâche et révoltante. Même si les changements climatiques ont débuté, il est encore temps de transformer notre société pour réduire la gravité de ses conséquences. Les obstacles ne sont pas technologiques ou économiques, ils sont politiques. Les dirigeants et leurs alliés choisissent d’ignorer les risques à long terme, pour conserver les avantages à court terme d’une alliance avec l’industrie des combustibles fossiles. Trump et les autres seront morts quand le réchauffement climatique sera de plus de 2 °C. Mais beaucoup d’entre nous seront encore là et subiront les conséquences de leurs décisions.

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