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Société

Ma première relation sexuelle après ma transition

Quand Charlie Craggs a commencé à se présenter comme une femme en tout temps, elle a eu ses premières relations sexuelles avec des hommes hétéros et directement observé qu’ils s’intéressent peu au plaisir des femmes.
Sirin Kale
propos rapportés par Sirin Kale
Illustration par Niallycat

Je suis une femme trans. Avant ma transition, je couchais avec des hommes gais même si je ne me considérais pas comme gai. Je me suis toujours vue comme une femme. Maintenant, je me vois comme une femme hétéro : je couche avec des hommes hétéros ou bis.

L’une des principales choses que j’ai observées, c’est à quel point je suis traitée différemment. J’en ai appris beaucoup sur la façon dont les hommes traitent les femmes, que la féministe que je suis n’aime pas. Je n’avais pas une vie sexuelle très active avant la transition parce que j’étais déprimée, mais, quand je couchais avec quelqu’un, je n’étais pas traitée de cette façon. En particulier, les hommes hétéros ne se soucient pas de savoir si la femme a atteint l’orgasme. Ce que toute femme sait, mais que je n’ai évidemment bien compris qu’après la transition.

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Ma première relation sexuelle après la transition — j’ai toujours été une femme trans, donc c’est la première depuis que j’ai commencé à me présenter en tant que femme en tout temps —, c’était avec un gars avec qui j’échangeais des messages depuis quelque temps. L’un des avantages d’être une femme trans dans les médias, c’est de recevoir occasionnellement des messages de gars mignons, auxquels je réponds s’ils me plaisent. Un d’eux, qui m’avait vu aux nouvelles au début de ma campagne Nail Transophobia, m’a écrit et me demandait des photos de moi de temps en temps. Un jour, il a proposé qu’on se rencontre. On est sortis quelques fois avant de coucher ensemble — étant chrétienne, je ne couche pas avec un gars le premier soir.

Ça n’a pas été extraordinaire. En fait, c’était mauvais. Horrible. Je ne voulais rien de grandiose. J’avais couché avec des hommes auparavant, je ne me considérais pas comme vierge, c’était simplement ma première fois après ma transition. J’avais juste envie d’avoir une relation sexuelle avec quelqu’un.

Ç’a été cependant très satisfaisant pour lui. J’ai eu l’impression qu’il ne se préoccupait pas de mon corps ou de mes sentiments. Je ne voulais pas l’épouser — en fait, si ça se trouve, il s’intéressait plus à moi que moi à lui —, mais je voulais qu’il me respecte. On a baisé, il a joui et c’était fini. Même si je n’avais pas eu d’orgasme. Je lui ai demandé : « As-tu terminé? Parce que moi, non. » C’était embarrassant. Je n’allais pas me faire jouir toute seule après qu’il est venu. Il n’était même plus à côté de moi.

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Quand j’ai compris qu’il n’avait pas juste oublié que je n’avais pas joui, mais qu’il ne s’en souciait pas, ça m’a laissé un mauvais arrière-goût. J’ai compris que c’était ce que mes amies m’avaient raconté toute ma vie : les gars ne se servent de nous que comme d’un jouet sexuel, ils ne s’intéressent qu’à eux. Je ne l’ai jamais revu après.

C’était différent avec les hommes gais. J’avais le sentiment qu’il y avait un plus grand équilibre : ça se terminait pour l’un et l’autre de la même façon. Les gais ont plus d’empathie et de savoir-vivre au lit, ils veulent vous faire jouir aussi.

Je pense que les femmes devraient être moins polies. Il faut dire ce qu’on aime. Les hommes se passent très bien de ces conversations parce qu’ils gagnent à tous les coups : ils viennent vraiment facilement. Mais imaginez que vous couchez avec un homme et que vous ne le faites pas jouir. Vous venez sur lui et partez. Il vous dira : « Reviens, ce n’est pas fini! » Il n’hésitera pas une seconde.

Les hétéros qui couchent avec des femmes trans croient certains mythes. Par exemple, qu’elles ne peuvent pas venir à cause des hormones. Peut-être que quelques-unes ne le peuvent pas, mais moi si. Des hétéros avec lesquels j’ai couché ne m’ont pas touchée. Quand je leur ai demandé pourquoi, ils m’ont dit des choses comme : « Oh, je pensais que tu ne voudrais pas être touchée, la dernière trans avec qui j’ai couché n’aimait pas ça. »

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Vous seriez surpris d’apprendre combien d’hommes hétéros ont des relations sexuelles avec des femmes trans. On est attrayantes : les trans sont la catégorie en plus forte hausse de la porno. Beaucoup de gars me disent qu’ils ont toujours eu envie de l’essayer, ce que je trouve assez grossier, personnellement. C’est intéressant qu’autant d’hétéros — je vous le dis, très hétéros, vous ne vous en douteriez jamais — veulent l’essayer. Je suis allée dans une école de garçons assez dure et je vous jure que j’aurais pu coucher avec la moitié des garçons de mon âge si je l’avais voulu. La majorité des hétéros ne veulent pas nous présenter à leur maman, mais veulent volontiers nous amener chez eux pour baiser une trans une fois dans leur vie. Souvent, ils veulent aussi que la fille trans les prenne, et ce sont souvent les plus hétéros, les plus viriles.

Il y a un groupe d’hétéros que les femmes trans appellent des poursuiveurs, car ils poursuivent toutes celles qu’ils trouvent pour coucher avec elles. Ils les fétichisent et coucheraient avec n’importe laquelle, à la seule condition qu’elle soit trans. Des types très étranges. Ce n’est pas une qualité d’être qualifié de poursuiveur, ce n’est pas attachant. Si une personne ne fréquente que des trans et refuse de coucher avec des filles cisgenres, c’est très rebutant pour moi parce que la seule différence entre elles et une femme trans, c’est le pénis, littéralement.

Je pense que pour tout groupe de personnes marginales, il y a un groupe d’hommes maladivement obsédés par elles. Ils les fétichisent, ce qui n’est pas un compliment. D’ailleurs, ces hommes ne coucheront pas avec une trans après sa transition : ils ne sont obsédés que par les queues. Moi, je veux trouver un gars qui m’aime pour ce que je suis, pas parce que je suis une trans ou en dépit du fait que je suis une trans. Simplement quelqu’un qui, apprenant que je suis trans, n’en fera pas de cas.

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Mon conseil aux femmes trans qui s’apprêtent à coucher avec des hétéros serait de parler de sexe avant. C’est dans leur intérêt. Communiquez. On doit dire ce qu’on veut et cesser d’être polies. Les femmes trans doivent jouir aussi! Comprenez votre valeur, votre corps, vos besoins et vos désirs. Vous valez autant que l’homme avec qui vous couchez.

S’il ne vous a vue que comme un jouet sexuel dans lequel il a pu jouir, volez quelque chose chez lui! Il vous a traitée comme une prostituée, aussi bien être payée. C’est réellement ce que je fais maintenant. Si le gars ne me respecte pas, je vole quelque chose et je m’en vais.