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Candidats recherchés pour réaliser des fantasmes

On parle aux Français derrière un site web dédié au plaisir de ses utilisatrices.
Photo : Anna Sastre/Unsplash

« Te traiter comme un chien dans le garage au sous-sol. Poussiéreux, gris et froid, le garage dégage une ambiance particulière qui m'a toujours excitée. Toi à quatre pattes te salissant les genoux, je te promène. Je sens que tu te crispes de peur de te faire voir par d'autres personnes. »

Obsédés par les petites culottes et l'univers des fantasmes féminins

Sur le site Mmmmmm.fr, les femmes confient leurs fantasmes, en espérant les réaliser. Chaque annonce indique le nombre de kilomètres nous séparant de celle qui souhaite un chien dans son garage, de celle qui cherche un « instant de tendresse, me retrouver dans les bras d'un homme, recevoir des bisous, me faire caresser les cheveux ».

Créé depuis peu en France, ce site est géré par la même équipe de trois hommes que Vends-ta-culotte.com. Parmi eux, Paul, qui aime bien les dessous féminins depuis son enfance, alors que son père semblait obsédé par les tenues de Madonna, et Jean-Michel, qui vénère le bas arrondi des seins.

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Casser les codes des sites de fétichisme porno

Avec Vends-ta-culotte, ils souhaitaient concevoir un site plus mignon et rigolo que vulgaire. Ils voulaient casser les codes des sites de fétichisme porno. Croyant au début que les femmes vendraient leurs dessous pour des raisons financières seulement, ils se sont aperçus que d'autres facteurs comptaient aussi beaucoup, comme le plaisir de s'exhiber, l'excitation de se savoir désirée et des amitiés à approfondir. « Il ne faut pas négliger le contact, la discussion, la relation sociale, voire la complicité qui se noue entre un client et une vendeuse », m'explique Paul, réitérant que la culotte servait véritablement de lien social. Pour lui, la culotte permettait de démocratiser le sexe, puisque tout le monde peut s'amuser à vendre ou à acheter une culotte sur internet. « Il n'y a rien de révolutionnaire dans notre démarche : on répond à un vide. Même si on est ultra-connecté, on se sent toujours plus seul, on a besoin de rêver », me confie-t-il. Avec Vends-ta-culotte, les sous-vêtements permettaient de se sentir membre d'une communauté.

Sentiment d'appartenance et exhibition

Grâce à Mmmmmm.fr, le sentiment d'appartenance est entretenu par les fantasmes, qu'ils soient liés à de la lingerie, à des massages de pieds ou à des orgies devant un épisode de Game of Thrones. Conçu pour plaire aux femmes avant tout, le site réussit à avoir un taux de participation féminine de 20 %, contrairement aux autres sites de rencontres, qui n'en obtiennent habituellement environ que 10 %.

À la suite d'une étude réalisée avec plus de mille femmes, le site se présente comme un site de rencontres érotiques, mais sans profil visible directement, sans photo de mecs avec un chat dans les bras ou de filles en bikini, trinquant à leur troisième pina colada trop sucré sur une plage de Cuba. Le site se base uniquement sur des fantasmes, m'explique Paul : « pas de chichi, on prend contact pour réaliser un fantasme partagé », pour se découvrir ensuite, « comme un jeu ». Plus stressant tout de même qu'une partie de Scrabble.

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Contrairement à d'autres sites de rencontres intimes, comme Jouer Avec le Fantasme, SexeQuébec et Sexcitemoi, Mmmmmm.fr n'énonce que les fantasmes des femmes. Paul souligne que les fantaisies sexuelles illégales, comme la zoophilie, sont interdites sur le site, mais que la prédominance de certains fantasmes l'a surpris. Il trouve les femmes assez exhibitionnistes : « Elles sont excitées de se montrer dans la rue, les ascenseurs, les parcs. Et quand elles veulent des hommes, elles ne veulent pas nécessairement revoir le partenaire ensuite. Que de la baise. »

Règles de conduite et protection virtuelle

Les personnes intéressées par « Je rêve d'un esclave attentionné. Je rêve d'un homme qui ferait mes tâches ménagères » peuvent poser leur candidature, en respectant quelques règles élémentaires de courtoisie et de respect.

Des règles de conduite sont affichées sur le site, comme l'interdiction de traquer ou de harceler quiconque. « On en a déjà beaucoup sur Vends-ta-culotte à cause des mecs lourds. Donc c'est toute cette expérience qu'on met au service des filles sur Mmmmmm.fr, pour qu'elles soient à l'aise et protégées. »

Toutefois, cette protection est uniquement virtuelle. Une femme peut signaler des messages louches à un modérateur, signaler un abus, mais il n'y a pas de rappel pour ce qui peut se passer ailleurs que sur un écran d'ordinateur. Lorsque je demande à Paul s'il est indiqué qu'un fantasme peut ne rester qu'un fantasme et que quiconque, à tout moment, pourrait changer d'idée et ne plus vouloir exécuter le scénario proposé « d'être prise sur mon balcon, en nuisette en été au soleil tombant, gémir de plaisir pour attirer l'attention du public sur mon plaisir et faire pipi, là, debout pendant que je jouis », il convient que ce n'est écrit nulle part. « Mais bon, pour nous, cela paraît évident! » dit-il, alors que le consentement sexuel n'est pas si simple à comprendre pour tous.

La prostitution, néfaste aux sites de rencontres?

Alors que la sécurité et le respect des participantes sont importants, mais plus ou moins remarqués sur le site, les créateurs mettent surtout l'accent, dans leurs règles de conduite sur l'interdiction de proposer ou solliciter des services sexuels avec contreparties financières. Cette règle, contre toute forme de prostitution, s'affiche en majuscule, mais les règles concernant l'usurpation d'identité, les propos nuisibles à la vie privée d'autrui ou aux mineurs et le contenu pouvant porter atteinte à la dignité humaine ne sont pas édictés avec autant d'urgence. La prostitution serait-elle plus dangereuse que les propos choquants sur les sites de rencontres? Plutôt pour le rendement financier des sites que pour la sécurité de tous les utilisateurs.

Les créateurs du site, baptisé un moment « Le rendez-vous des fantasmes », passant de l'univers des petites culottes aux fantasmes féminins, tentent de faire profiter le plus grand nombre de personnes possibles, et d'en profiter, en surfant entre le kitsch, les désirs et les grivoiseries.