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On ignore combien de demandeurs d’asile iront à l’école

Et la rentrée scolaire est dans deux semaines.
Image via Flickr

Les nuits qui se rafraîchissent et les surligneurs en rabais ont dû vous mettre la puce à l'oreille: d'ici deux semaines, la marmaille du Québec sera extirpée des piscines publiques pour regagner les salles de classe.

Enfin, presque toute la marmaille.

La majorité des jeunes demandeurs d'asile ne seront pas prêts pour la rentrée le 28 août, croit le porte-parole de la commission scolaire de Montréal (CSDM), Alain Perron.

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On ignore même combien de demandeurs d'asile sont en âge d'aller à l'école.

Selon les données les plus récentes du ministère de l'Immigration, 2785 demandeurs d'asile sont hébergés temporairement à Montréal, 700 autres ont trouvé un logement depuis juillet.

Lesquels ont entre 5 et 16 ans? Silence radio du côté du ministère de l'Éducation. Du côté du ministère de l'Immigration du Québec, on nous a renvoyés à celui du Canada, qui n'a pas répondu.

La CSDM ignore même combien d'enfants sont venus s'inscrire cet été. Son porte-parole Alain Perron nous dit avoir reçu l'inscription de « centaines » de nouveaux arrivants, et pas que des demandeurs d'asile.

Le flou persiste du côté des organismes communautaires. « Il ne semble que personne ne soit capable de donner des chiffres », s'exclame Chantal Ismé, vice-présidente de la Maison d'Haïti.

Qu'adviendra-t-il des jeunes demandeurs d'asile?

La CSDM indique que l'entrée en classe se fera de manière graduelle, ce qui n'est pas inhabituel. La situation est particulière parce que beaucoup des demandes d'asile ont été faites l'été, relève Alain Perron, mais la CSDM est habituée à accueillir des élèves à l'année.

La commission scolaire indique avoir ciblé les quartiers au sud de Montréal, où il y a encore de la place pour recevoir les enfants. Il s'agit surtout d'écoles primaires. Ces données ont été transmises au gouvernement et aux organismes, de manière à rediriger les demandeurs d'asile vers ces quartiers.

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Les deux autres commissions scolaires de Montréal seraient aussi prêtes à recevoir des demandeurs d'asile, indique M. Perron, ainsi que celles de Laval et de la Rive-Sud.

Officiellement, l'éducation n'est pas gratuite pour les demandeurs d'asile dont la demande n'a pas encore été acceptée; elle coûterait même plusieurs milliers de dollars par année par enfant. La CSDM assure que tous les enfants à Montréal en âge d'aller à l'école pourront y aller gratuitement.

Il s'agit cependant d'une position de la CSDM, et non de celle du gouvernement. On lui demande de régulariser la situation pour tous, explique M. Perron.

Le projet de loi 144, déposé en juin, est présentement à l'étude, et garantirait la scolarisation de tous les enfants, peu importe leur statut. Selon M. Perron, celui-ci pourrait être adopté début septembre.

La Concertation haïtienne pour les migrants 2017 a également demandé au ministère de l'Éducation d'accélérer le processus, afin « d'éviter que certains enfants ne se retrouvent exclus et doublement marginalisés », indique le communiqué. On demande à ce que la loi soit rétroactive.

Chantal Ismé espère d'ailleurs que le ministère saura mettre les ressources nécessaires en termes de psychologie, d'orthopédagogie, pour accueillir les enfants adéquatement.

« Beaucoup d'entre eux, par exemple ceux qui viennent du Brésil, ou du Chili, qui ont fait une traversée difficile, ils arrivent avec quelques traumas. C'est quelque chose qui va devoir être pris en compte, avance Mme Ismé. Je pense que le défi, ça va être de tenir compte de la réalité de ces enfants. »

La CSDM se dit sûre d'obtenir le financement nécessaire de la part du gouvernement pour le bon déroulement des opérations, mais qu'ils n'en sont pas encore à formuler des demandes de ressources supplémentaires.

Le ministère de l'Éducation n'a pas donné suite à nos demandes d'entrevue.