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Racisme

4 millions $ réclamés au SPVM pour profilage racial

Après avoir été condamnée à payer 14 000 $ à un plaignant en début d’année, la police de Montréal fait maintenant face à un recours collectif de la Ligue des Noirs du Québec.
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La Ligue des Noirs du Québec, représentée par l’avocat Jacky-Éric Salvant, a déposé mardi matin au palais de justice de Montréal un recours collectif contre le Service de police de la Ville de Montréal. D’après les informations rapportées par TVA Nouvelles, le montant du recours s’élève à 4 millions de dollars, mais il pourrait être plus élevé si plus de 500 plaignants - le recours exige un paiement de 8000 $ pour chacun - se manifestent.

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À l’origine de la demande de recours collectif se trouve la plainte d’Alexandre Lamontagne, un agent de sécurité qui rapporte avoir été victime de profilage racial. En août 2017, alors qu’il marchait vers sa voiture, Alexandre Lamontagne aurait été interpellé par des policiers qui s’en seraient pris à lui brutalement et auraient adopté « un comportement indiquant la pratique d'un profilage racial ou à tout le moins une volonté évidente, déréglée et malicieuse visant à s'attaquer à la personne du requérant en recherchant de faux prétextes pour nuire à la personne de celui-ci », d’après la demande de recours.

Parmi les autres victimes, il y a un courtier immobilier qui se serait fait arrêter à son domicile, après qu’une résidente a appelé la police, l’ayant vu entrer dans une propriété dont il avait les clés et qu’il avait l’autorisation de visiter dans le cadre de son travail. Il a été accusé d’entrée par effraction. Le 21 mars dernier, Jacky-Éric Salvant, l’avocat de la Ligue des Noirs, aurait lui-même été victime de profilage racial : quatre agents du SPVM l’ont encerclé dans un stationnement pour lui demander si sa voiture de marque BMW lui appartenait réellement.

L’idée du recours collectif avait déjà été évoquée depuis qu’en mars 2018, le SPVM s’est vu ordonner de verser 14 000 $ à un automobiliste noir, ironiquement étudiant en techniques policières. En 2011, alors qu’il était livreur pour un restaurant, deux policiers dans l’arrondissement de Montréal-Nord l’auraient illégalement fouillé et lui auraient demandé s’il avait de la drogue sur lui. « Les deux agents avaient nécessairement conscience qu'il était extrêmement probable que le plaignant se sente, et avec raison, victime de profilage racial l'associant à de la criminalité en matière de drogue et atteint dans ses droits fondamentaux », avait noté le juge dans l’affaire à l’époque. Le jeune homme, qui réside maintenant en Alberta, dit avoir été si dégoûté de son expérience qu’il a abandonné ses études, car il « ne voulait pas être [leur] collègue. »

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Un couple interracial de Montréal a quant à lui déposé une plainte devant la Commission des droits de la personne, pour un incident remontant à avril dernier. Alors que Tayana Jacques, une ingénieure en informatique de 34 ans de descendance haïtienne, marchait avec son copain, Brian Mann, un samedi matin sur la rue Saint-Laurent à Montréal, le couple aurait aperçu un chien de race Corgi. Trouvant le chien mignon, ils se seraient mis à rire, et des policiers à bord d’une voiture du SPVM se seraient approchés pour demander au couple de cesser de rire.

Quand Tayana Jacques a demandé aux agents s’il y avait une loi interdisant de rire en marchant, un agent lui aurait répondu que c’était à la police de déterminer si les gens rient trop fort. La femme aurait donc décidé de rebrousser chemin, mais les policiers l’auraient plaqué contre la voiture de patrouille, avant de la fouiller et de lui passer les menottes. Après que son copain blanc aurait demandé pourquoi ils l’arrêtaient, six officiers l’auraient poussé au sol. Une vidéo, prise par un témoin et publiée par The Gazette mardi, montre l’arrestation musclée de Brian Mann.

Selon le couple, c’est un cas de profilage racial, et la vidéo prouve que « la police de Montréal a abusé de son pouvoir et agi avec force excessive ».

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Cette nouvelle tombe moins d’une semaine après qu’un groupe de recherche a déterminé que les policiers du quartier Saint-Michel, à Montréal, étaient aux prises avec un problème systémique de profilage racial. Le groupe recommande, entre autres, la fin du programme de lutte contre les gangs de rue du SPVM dans le quartier. Le commandant Marc Lauzon, du poste de quartier de Saint-Michel, s’est dit surpris par ces résultats, vu que le poste travaille avec divers organismes locaux pour contrer ce problème.

Par pure coïncidence, le SPVM présentait mardi son plan d’action contre le profilage racial.

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