Plusieurs milliers de personnes dans la rue pour le climat à Montréal
Photos par Sara Barrière-Brunet
environnement

Plusieurs milliers de personnes dans la rue pour le climat à Montréal

Les militants ont encore de l’espoir et de l’humour.

« Vous espérez combien de personnes? », demande le commandant Pierre Liboiron du SPVM à l’une des coordinatrices de la marche.

- On pensait 150 000, lui répond-elle en riant.

- Et de façon plus réaliste ?

- Faut vivre d’espoir, c’est ça qu’on fait !

- Vous êtes là pour les bonnes raisons, regardez la planète », lui répond-il avec un grand sourire, en montrant le ciel pluvieux.

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Cet espoir, on le retrouve chez les autres militants de la grande manifestation de la semaine de la Terre. « On a la flamme, ça me donne la flamme de voir tout ce monde, » dit Léo, un des élèves du secondaire qui marchent chaque semaine depuis février. Ce samedi, ils étaient 10 000 selon les organisateurs de La Planète s'invite au parlement. Groupes environnementaux, syndicats, organismes communautaires et étudiants ont convergé vers le parc Mont-Royal à Montréal pour presser le gouvernement à agir de façon drastique pour faire face à l’urgence climatique.

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« Et oui, on est encore là ! », dit Annabelle, une militante de Pour le Futur Mtl. « On lâchera pas, ils pensent que la pluie va nous arrêter! » Elle rit.

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Avant le départ de la marche, les étudiants du secondaire parlent des amitiés que le mouvement a créées : « C’est fou comme je me suis fait des amis », dit Amita. « On partage tous les mêmes valeurs, alors ça aide à tenir. »

Des groupes distribuent des pancartes avec des photos d’animaux en voie d’extinction, une banderole affiche en grosses lettres le mot « Panique! », des enfants brandissent des dessins de la Terre.

Théo, 16 ans, a réfléchi à un slogan qui allait marquer les esprits : « J’étais dans mon lit le soir avant la manifestation, en train de brainstorm dans ma tête, et là j’ai pensé à monsieur Legault, et je me suis dit qu’il faudrait une phrase-choc et c’est la première chose qui m’est venu à l’esprit. »

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Le résultat de ce brainstorm nocturne : « Legault, mange moi le cul comme si j’étais ta soeur. »

La pancarte a du succès.

« L’humour c’est important dans les pancartes », dit Anaïs, qui porte une pancarte “ Fuck me, not the climate” . « C’est triste comme sujet, les nouvelles sont tristes, nous on est tristes, alors il faut faire un peu sourire. »

Les manifestants ont aussi le sourire parce qu’ils sont ravis de se voir aussi nombreux malgré le mauvais temps. « Quand je vois tant de monde ça me donne espoir qu’ensemble on peut réussir, que les gens comprennent », dit Camélia, étudiante infirmière. « Et y a des vieux et des jeunes en plus! » Son amie Carla acquiesce : « Quand j’ai vu qu’il pleuvait ce matin, je me suis dit qu’on allait être dix. On dirait que les gens ont aussi peur que nous! »

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« 1 pas en avant, 3 pas en arrière, c’est la politique, du gouvernement ! scande la foule.

« Et 1, et 2, et 3 degrés, c’est un crime contre l’humanité ! »

Devant le monument George-Étienne Cartier, les trois groupes partis d’endroits différents de la ville se rejoignent, les cris s’intensifient, on s’applaudit. Devant la foule rassemblée, les groupes et syndicats se relaient au micro pour partager de courts messages. Le porte-parole d’un syndicat enseignant cite Albert Einstein : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire. »

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Les discours parlent de solidarité avec les sinistrés, de lutte, de panique, on interpelle les gouvernements : « Monsieur Legault, Monsieur Trudeau, que doit-on faire pour que vous ayez envie de protéger nos vies? » lance une militante de la Planète s’invite à l’Université.

« Si agir implique de se rebeller contre l’inaction de nos dirigeants, nous choisissons la rébellion ! », dit François Léger Boyer du groupe Extinction Rebellion. Albert Lalonde, le co-porte-parole de Pour le Futur Mtl prend la parole : « Ce que je peux constater, c’est que c’est vous qui tenez le volant et vous êtes plus obstinés que jamais à nous emmener collectivement dans le mur, à fond les manettes, et que notre sortie de route sera définitive. », dit-il. « Tout ce que je connais et que j’aime est en jeu, et vos excuses, j’m’en câlisse. »

Le collectif La planète s'invite à l'université a créé une coalition de jeunes partout au Canada, Climate Strike Canada. Le 3 mai, des manifestations auront lieu à Montréal, Québec, Vancouver et Toronto.

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