Quand les gens de l'alt-right critiquent les snowflakes et les défenseurs des droits LGBTQ+, un de leurs arguments préférés est qu'on « invente des mots ». Ils persistent à dire qu'il n'y a que deux sexes, que la diversité des genres n'existe pas et qu'ils ont même de la littérature scientifique pour le prouver.En même temps, c'est normal qu'à mesure qu'on redéfinit les constructions sociales, de nouveaux mots se forment. Et aujourd'hui, guess what, on va en explorer un nouvel ensemble : non-binarité.
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Je me suis rendu compte, en discutant avec plusieurs personnes que beaucoup de gens ne savent pas ce que c'est la non-binarité, aussi appelée genderqueerness. C'est une conversation qui survient de plus en plus, notamment grâce à la populaire nouvelle émission de VICELAND Twiz & Tuck. Tuck est un homme trans qui a longtemps travaillé dans la porno et Twiz une personne non-binaire qui fait de l'art visuel. Beaucoup se demandent « Est-ce que Twiz est un homme ou une femme? » Aucun des deux. « Qu'est-ce que cette personne-là a entre les jambes? » C'est pas important et c'est pas de tes affaires. « Mais comment ça? Je veux savoir! Je revendique le droit à l'information! »Aujourd'hui, dans le monde occidental, le terme non binaire est souvent remplacé par genderqueer. Comme vous le savez probablement, le genre, comme la sexualité, est aujourd'hui compris comme un phénomène fluide, c'est-à-dire qu'il change et évolue, qu'il n'est pas statique. Une personne genderqueer est donc quelqu'un qui se situe quelque part dans le milieu du spectre du genre et ne se considère ni homme ni femme.Il y a des trolls qui trouvent le concept ridicule et tentent de réduire le problème au facteur biologique. Oui, en effet, les gens qui se considèrent genderqueer ont des organes génitaux masculins ou féminins, ou même parfois les deux. Mais il y a une nette différence entre le genre biologique, l'expression du genre et l'identité de genre.Genre biologique : Définit exclusivement par les organes génitaux avec lesquels on est nés (ou ceux que l'on s'est fait greffer chirurgicalement). À ne pas confondre avec le sexe, qui est déterminé ainsi que par les chromosomes (XX ou XY) que l'on a et les hormones (testostérone ou estrogène) que notre corps produits.
D'où ça sort, ce terme-là, genderqueer ?
Pourquoi y a-t-il autant de confusion?
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Expression du genre : La manière dont on exprime son genre, à travers son style vestimentaire, son comportement, et la perception de ces choix par la société.Identité de genre : Comment l'on se sent, psychoémotionnellement, et à quel point on s'identifie (ou pas) à un genre ou à un autre.Voici un petit schéma vraiment le fun avec une personne en pain d'épices pour vous aider à mieux comprendre :Pour Silver Catalano, artiste électro de la Côte-Nord, le champ est ouvert. « Tu n'as pas besoin d'être gai, lesbienne ou bisexuel pour être queer. Ce n'est pas relié à l'orientation sexuelle, mais bien à l'identité de genre. C'est une opinion personnelle sur l'identité de genre réservée à soi sur comment est-ce que l'on se positionne dans la société vis-à-vis de l'idée des genres féminin et masculin.Tu n'as pas besoin non plus d'être flamboyant ou d'exprimer vestimentairement ton opinion sur le fait que tu es queer pour être queer. Être queer, c'est avant tout une position psychologique sur le concept de l'identité de genre en société », a écrit Silver sur Facebook. « Avant, c'était un mot méchant qui voulait dire weird. Je trouve ça le fun qu'on l'utilise maintenant pour définir sa façon personnelle de jouer avec les couleurs ou à l'extérieur des standards. »Il y a deux ans, VICE a publié un article qui se penchait sur la question : Est-ce que les hétéros peuvent se considérer comme queer?
Qui peut se considérer comme queer?
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Une question pertinente, car il n'est pas peu commun de nos jours d'entendre quelqu'un s'identifier comme queer, genderqueer, pansexuel, agenre, etc. On y donne, entre autres, l'exemple de Jaden Smith, qui a notamment été modèle pour la collection femme de Louis Vuitton, ou encore de Lily-Rose Deep, qui avait été outée par erreur lorsqu'elle avait affirmé lors d'une campagne de sensibilisation LGBTQ que ses préférences sexuelles se situaient « quelque part dans un vaste spectre ». L'article de VICE, qui n'est pas malintentionné, mais est un peu maladroit, ne parvient pas vraiment à répondre à la question.Pour d'autres, par contre, la question n'a pas besoin d'être posée, et la réponse est claire : non, les hétéros ne peuvent pas être queer. Il est compréhensible qu'après s'être battue (et la bataille continue) pendant si longtemps pour avoir le simple droit d'exister, la communauté queer soit réticente à l'idée de laisser des hétéros cisgenres (qui a un genre correspondant au genre assigné à la naissance) emprunter le terme. Lorsqu'une majorité emprunte à des minorités, elle ne prend souvent que le bon et délaisse les côtés plus déplaisants (comme les préjugés et la violence systémique). Comme le dit Chloë Curran dans l'article d'AfterEllen, « ils enlèvent le plaqué or sur un tas de merde ». Le minimum requis pour se définir comme queer, c'est de ne pas être un ou une hétéro cisgenre.
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C'est qui, l'autorité queer?
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Comme être genderqueer ou non-binaire a surtout à voir avec la façon dont on se sent par rapport à soi-même et moins avec la façon dont les gens nous voient, il peut parfois être dur de travailler dans certains milieux où les rôles de genres sont considérés comme plus importants. Dans le milieu de la porno, par exemple.Jane Way travaille dans l'industrie pornographique et est escorte à Montréal et à Toronto. Autre manifestation du spectre de genderqueerness, Jane est genderfluid et ne s'identifie pas comme homme ou femme, mais oscille plutôt entre les deux, selon plusieurs facteurs. « Il y a des jours où je fais des tournages et je ne me sens plus comme moi-même, je porte du mascara des fois, mais je ne suis pas très maquillage. En ce moment, j'ai une manucure et, si un jour je me sens particulièrement mâle, j'arrache mes ongles, raconte-t-elle. La fluidité, c'est hyper frustrant, parce que ça change et fluctue continuellement dans le spectre. Pas nécessairement tous les jours, mais de semaine en semaine. »« Je pense que, comme n'importe quoi, n'importe quelle communauté ou mouvement en général peut devenir trendy au niveau mainstream, d'une façon négative ou positive. La plupart du temps, je trouve que c'est d'une façon négative, car les gens s'approprient le style vestimentaire de la communauté, plutôt que les valeurs et le lifestyle qu'elle représente. »