FYI.

This story is over 5 years old.

Music

PREMIÈRE : Écoutez « Cell Phone 1 », le nouvel album de CO/NTRY

Beaver Sheppard et David Whitten récidivent avec un album de post-punk singulier et dérangeant.
Marina Corsillo

Trois ans après la parution de son premier album, Failure, le duo CO/NTRY composé de Beaver Sheppard et David Whitten nous revient avec Cell Phone 1. Cet album se distingue par la richesse de sa production – l'album a notamment été réalisé par Whitten – et ses huit titres plus courts que ceux auxquels CO/NTRY nous avait habitués. Le groupe décrit sa musique comme du post-punk adulte contemporain, de la sleaze wave ou encore de la thrash pop.

Publicité

Une seule écoute du nouvel opus suffit pour comprendre l'univers sonore décrit par CO/NTRY. Les pièces So Get a Baby et Cash Out sont menées par des lignes de basse frénétiques aux tonalités post-punk, Beyond Belief évoque l'électro pop nostalgique de Failure, et Too Much salue au passage la légendaire formation New Order. Infusée de saxophone lascif et d'une guitare glauque, Living In A Body est pour sa part tout en contrastes et rappelle le thème de Twin Peaks. Le duo propose d'autres pistes plus expérimentales comme Second Life et Who Cares, venant ainsi renforcer la proposition singulière et volontairement dérangeante de Cell Phone 1.

« David me botte définitivement le cul lorsqu'il est question d'appuyer sur les bons boutons et de bien faire sonner les choses, explique Beaver Sheppard. Il sait ce qu'il fait et moi, je n'y comprends rien. » CO/NTRY a aussi pu compter sur l'aide du réalisateur et musicien Emmanuel Ethier à titre d'arbitre durant le processus. « C'est un gars vraiment chill. Il a une bonne oreille et nous a aidés à faire en sorte qu'on ne se batte pas trop. D'un autre côté, c'est bon de se battre, sinon ça veut dire que t'es en train de faire de la merde. »

VICE s'est rendu au studio de David pour jaser avec le duo et goûter à une recette de poulet piquant que les deux tentent de recréer.

VICE : Vous revenez d'une tournée aux États-Unis durant laquelle vous avez fait un détour à Nashville pour y manger du poulet frit piquant chez Prince's . Racontez-moi l'expérience. Qu'est-ce qu'il a de spécial ce poulet? David Whitten : C'est un endroit mythique où nous voulions manger depuis un bon bout de temps. Nous voulions goûter leur poulet frit piquant qui fait leur réputation depuis plus de 100 ans.

Publicité

Beaver Sheppard : C'est aussi probablement l'endroit où j'ai pu sentir la plus riche et puissante odeur de toilette. Une odeur qui marque une vie.

DW : Nous avions commandé le Xtra piquant et le XXXtra piquant sans savoir quelles en seraient les conséquences.

Et?
BS : Cette nuit-là, je me suis réveillé en éprouvant les douleurs qu'une femme donnant naissance peut ressentir. Non, j'exagère, mais je n'ai jamais eu de brûlures d'estomac d'une telle intensité.

DW : Ça reste tout de même l'un des meilleurs poulets frits qu'on ait pu manger.

Vous êtes tous les deux des touche-à-tout dans la vie : cuisiniers, musiciens, artistes visuels… Dans laquelle de ces disciplines est-ce que vous vous sentez le plus créatifs? BS : Je me sens créatif quand je suis avec David. On s'entraide beaucoup dans tout ce qu'on fait.

DW : On se sent créatifs quand il n'y a pas de pression. Si c'est trop occupé en cuisine, on passe à la musique. Quand c'est la musique qui devient trop stressante, on passe à la peinture.

BS : Je n'aime pas être à temps plein sur quelque chose parce que je m'en lasse rapidement. Je manque définitivement de finition dans tout ce que je fais. J'aime sauter d'un endroit à l'autre.

Pochette de «Cell Phone 1». Crédit: David Whitten

Depuis vos débuts, vous êtes constamment associés à la scène des afters montréalais. Est-ce que vous considérez que vous faites toujours partie de ça? DW : Je crois qu'en effet c'était surtout vrai à nos débuts. J'avais un problème avec mon sommeil. J'allais normalement me coucher vers 15 h et je me réveillais aux alentours de 3 h le matin.

Publicité

BS : Pour ma part, j'avais l'habitude de faire du 6 h à 15 h dans le cadre de mon travail. En revenant à la maison, je faisais une « sieste » et je me retrouvais à me réveiller aux alentours de 2 h.

DW : À cette époque, un ami de Beaver était responsable du défunt Silver Door, où il y avait toujours beaucoup de monde la nuit. On a fini par y faire notre premier concert et ce fut une bonne chose parce qu'aux heures où l'on jouait, les gens étaient là pour faire la fête et s'éclater au son de la musique. La réception était donc meilleure que si on jouait plus tôt et à un autre endroit.

BS : Pour te donner une idée à quel point on faisait partie de cette scène, je n'ai jamais payé un seul de mes verres en trois ans.

DW : Pas même un Pepsi!

BS : Depuis, on s'est relativement calmés. Je me suis rendu compte que je n'étais pas invincible et qu'on peut se sentir mieux dans son corps quand on adopte un mode de vie plus sain que celui que j'avais précédemment. Maintenant, on garde nos énergies pour les tournées.

DW : Beaver a aussi découvert la lecture… [rires]

Quels sont les partys à ne pas manquer à Montréal en 2017? BS : Vite comme ça, je te dirais qu'il y a les soirées Lip, organisées par notre amie Frankie Teardrop, qui valent vraiment le détour. Elle fait un travail incroyable.

DW : Quoi d'autre?

BS : Hum… Newspeak?! [rires]

Beaver, la chanson « Cash Out » de votre nouvel album Cell Phone 1 parle justement d'un moment où tu étais en état second au Silver Door, que tu décris comme « une des plus belles sensations à vie. » Est-ce que tu t'inspires souvent de faits vécus pour écrire? BS : À vrai dire, mon écriture est très intuitive. Je n'écris pas méthodiquement. Pour Cash Out, il s'agissait d'omettre les détails précis dudit moment. Je voulais seulement mettre en mots l'émotion qui s'y rattachait.

Publicité

DW : Souvent en studio, je le laisse chanter et il sort une belle chanson qui vient de nulle part. Ensuite, j'isole la piste de la voix, je l'écoute et la note sur un papier puis je lui dis : « Tu as chanté ça », et il me regarde d'un drôle d'air et me répond : « Vraiment? Non? J'ai chanté ça? T'es sûr? »

Cell Phone 1 sort ce vendredi sous l'étiquette Fantôme Records. Vous pouvez précommander l'album en formats numérique et physique sur Bandcamp.

VICE Québec vous offre l'écoute exclusive de Cell Phone 1 jusqu'à vendredi

Concert de lancement : 14 avril 2017 au Théâtre Fairmount,  Montréal, QC. 22h00 
Avec Persons et Bernardino Femminielli.