L’année dernière, la date du 1er mai avait laissé un goût amer dans la bouche de l’exécutif – suite à l’incendie d’un McDo et d’une pelleteuse, qui plaçait la classe politique en PLS pendant plusieurs jours. Du coup, pour le millésime 2019, les grands moyens étaient de sortie à Paris, d’autant plus que les Gilets jaunes seraient cette fois-ci de la partie. 7 400 policiers et gendarmes seraient alors autorisés à aller « percuter » les manifestants un peu énervés, prévenait la veille le ministère de l’Intérieur. Rien de mieux pour célébrer ce jour dédié à tous ceux qui « chérissent » le travail, selon la définition toute personnelle du président de la République.
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Ce mercredi, le rendez-vous est donc donné à Montparnasse pour un départ prévu à 14 heures 30 avec le cortège syndical. Mais vers midi et demi, l’ambiance est déjà tendue dans le cortège de tête, placé devant les ballons de la CGT et autres. Pressés de s’élancer vers la place d’Italie avant les syndicats, des manifestants en jaune ou en K-Way noirs goûtent aux premiers coups de tonfas et salves de gaz lacrymogènes de la journée. Après deux heures bien tendues, où quelques brasseries ont ramassé des jets de pavés, le cortège syndical s’élance enfin, encadré de chaque côté par des lignes de CRS. Dans le cortège compact, on se tient les uns les autres et on entonne les slogans classiques contre les forces de l’ordre – « Tout le monde déteste la police » – ce qui n’est pas forcément commun pour un 1er mai.
Une petite heure plus tard, les tout premiers manifestants arrivent déjà sur la place d’Italie et se trouvent bien seuls. Le reste du cortège est bloqué en amont à proximité du commissariat du XIIIe arrondissement, ciblé par quelques jets de pierres et de bouteilles. Pendant que les forces de l’ordre inondent la place d’Italie de gaz lacrymogène et multiplient les charges agressives sur les quelques manifestants déjà arrivés, le reste du cortège rebrousse chemin boulevard de l’Hôpital.Pendant l’heure qui suit, la police fait ainsi reculer sur plusieurs centaines de mètres les manifestants, dont certains allument sur le trajet quelques feux de scooters ou balancent des coups de marteaux dans des agences bancaires. La confusion est par moments totale, si bien que des manifestants se retrouvent parfois pris en étaux entre deux lignes de CRS, qui hurlent chacune de reculer. Entre deux braseros, ça gueule « Medic ! » pour venir en aide aux manifestants blessés. Le peu de clarté de la stratégie choisie par les forces de l’ordre amène à des scènes inédites, comme lorsque des CRS sans doute un peu paumés chargent les syndicalistes de la CGT.
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Finalement, sur les coups de 17 heures, le cortège se remet doucement en branle dans le bon sens pour repartir vers la place d’Italie. Sur les murs du boulevard, des traits d’esprits plus ou moins réussis attirent l’œil. Pêle-mêle : « Liberté, Égalité, Brasier », « Pamela m’a radicalisé » ou « Lallement [NDLR, le nom du préfet de police] à Paris : un petit air d’occupation ». Les manifestants arrivent enfin sur la place les yeux rougis par une journée passée dans les lacrymos. Pendant qu’une Marseillaise – suivie de « Ahou, ahou ! » – est entonnée au milieu de la place, certains commencent à la quitter pour aller rejoindre la place de Contrescarpe, où l’on célèbre le premier anniversaire de l’affaire Benalla.La journée s’achève alors sur 330 interpellations, selon la préfecture de police, des dizaines de blessés, et un goût lacrymo tenace au fond de la gorge.La suite des photos ci-dessous :
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