La rivalité qui a failli mener au carnage dans la scène rap de Québec

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Culture

La rivalité qui a failli mener au carnage dans la scène rap de Québec

La petite histoire des tensions entre le 83 et Limoilou Starz.

« Y a eu aucun mort, mais ça a failli aller loin », lance d’emblée Shoddy, pionnier de la scène rap de Limoilou. « C’était le début du hip-hop québécois, et on voulait être les premiers à prendre notre place. On était sur le bord de la porte pis on voulait empêcher que les autres rentrent. Ça allait dans l’esprit du rap en général, un style qui a commencé avec des battles et des histoires de quartier. On a grandi en suivant cette vague-là. »

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Unifiée au milieu des années 1990 grâce à Preshapack, collectif issu de la Rive-Sud qui regroupait des rappeurs de part et d’autre de la capitale, la scène rap de Québec prend un tout autre tournant en 1998, année où perce La Constellation. Dans la foulée du succès de Dubmatique l’année précédente, le duo formé de 2Faces et Onze, deux piliers de la scène de la Rive-Sud, lance Dualité, un premier album très près de l’esthétique du rap français, autant dans les compositions que dans les textes, le langage et l’accent.

« La Constellation venait de sortir, pis, mon entourage et moi, on n’aimait pas ça. Ça nous représentait pas. Les gars avaient un accent français, et nous, on venait juste de laisser tomber ça. Notre accent québécois était de plus en plus prononcé », se souvient Shoddy, qui formait alors le duo Black Beretta avec son ami Teshlé. « On les voyait à MusiquePlus, ces gars-là, et on se demandait pourquoi. C’était l’époque où le hip-hop venait encore massivement des quartiers pauvres et, nous, on sentait qu’on représentait cette partie-là de la ville. On était issus de l’immigration, alors qu’eux, ils venaient de la banlieue. On pouvait pas concevoir qu’ils soient numéro un à Québec. Ça se passera pas de même! »

« On se trouvait plus légitimes qu’eux », poursuit le Limoulois Webster, qui rappait alors en anglais au sein de Northern X. « Pourquoi, nous, on n’a pas les moyens de sortir des clips? Pourquoi on n’a pas d’album? »

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« Ensuite, y a des gens de notre entourage qui ont commencé à écrire des textes contre eux. Dès qu’on a vu cette tendance-là, on a embarqué tout de suite, » poursuit Shoddy, en riant.

Dans un bâtiment désaffecté de Lebourgneuf qui abritait auparavant un Ikea, les deux clans se rencontrent lors d’un spectacle du groupe marseillais 3e Œil, pour lequel ils assurent chacun la première partie. Devant plusieurs centaines de personnes, Black Beretta entonne alors Pas d’promo, une salve contre La Constellation. Membre de Taktika, jeune groupe de la Rive-Sud soutenu par La Constellation, B-Ice assiste au concert. « Dès que j’ai entendu le diss, je suis allé voir 2Faces. Il était en train de jaser avec quelqu’un dans la salle. Je lui dis : “T’as-tu entendu ça? Ils viennent carrément de vous insulter!” »

Le lendemain, 2Faces se rend aux Arshitects du son, émission quotidienne diffusée sur les ondes de CHYZ, la radio étudiante de l’Université Laval. « C’est là qu’il nous a invités pour un battle », se rappelle Shoddy.

Le lundi suivant, Shoddy se rend à CHYZ en compagnie de ses complices Webster et Teshlé, ainsi que de Romain La Quinnine et Boogat du groupe Andromaick. « On arrive là super crinqués en faisant des freestyles d’avance pour se réchauffer. On s’attend de battle contre La Constellation, mais finalement, c’est juste 2Faces. Onze avait pas l’air trop down de faire du beef. »

« C’est là qu’il faut donner tout le props et le crédit à 2Faces. Il a eu des couilles », reconnaît Webster. « Il est resté droit devant tout le monde, c’était légendaire. Moi, j’étais le cinquième à passer, j’attendais mon tour. J’étais en train de me booster l’ego l’autre bord de la porte, mais, finalement, l’émission s’est terminée avant que j’arrive au micro. »

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Véritable événement dans la capitale, ce battle est suivi très attentivement par les jeunes des deux rives. « J’étais en centre jeunesse à l’époque, et on écoutait ça dans les cellules sur nos radios », se souvient le Limoulois Souldia. « Ce battle-là faisait jaser directement dans la rue. La tension commençait à monter. »

Les clans s’affirment

En 1999, la scène de Québec s’affirme haut et fort grâce à Berceau de l’Amérique, album lancé sous Explicit Productions, une toute nouvelle étiquette hip-hop indépendante fondée par Patrick Marier et 2Faces. La compilation met de l’avant les principaux rappeurs de l’heure, autant ceux de Québec (Structure, Taktika, Canox, DJ Nerve) que de Montréal (Muzion, King, Catburglaz). Andromaick accepte de prendre part au deuxième volume de la compilation quelques mois plus tard, mais d’autres refusent la main tendue. « 2Faces est même venu nous voir pour nous demander d’inclure une chanson de Black Beretta, et on a carrément dit NON. On était totalement fermés à l’idée de collaborer avec la Rive-Sud. En fin de compte, on s’est juste tiré dans le pied », admet Shoddy.

La scène rap de Québec évolue donc sur deux territoires parallèles. « Y a un ravin qui se creusait et on se divisait un micromarché à deux, observe Webster. D’un autre côté, ça nous a aussi poussés à être ultra tight au micro. On savait que nos ennemis allaient nous écouter. »

En 2000, les rappeurs de la Rive-Sud concertent leurs efforts pour créer la bannière du 83, en référence aux premiers chiffres des numéros de téléphone de la région. Le 83 devient le nom d’un collectif regroupant 2Faces, Taktika, Onze et Canox. Avec la sortie de son premier album homonyme l’année suivante, le groupe devient un phénomène à la grandeur du Québec, notamment grâce à MusiquePlus qui diffuse abondamment ses clips. « On venait de créer quelque chose de monstrueux », résume T-Mo, membre de Taktika.

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Presque au même moment, Limoilou Starz voit le jour au parc Bardy. Mené par Shoddy et Webster, le collectif rassemble une dizaine de rappeurs du quartier, notamment GLD, L Nino, L Parano, Seif et William International. À eux seuls, ces deux collectifs cimentent le sentiment d’appartenance que chaque jeune fan de rap entretient pour son bord de la ville fortifiée.

Avant-plan : William International, GLD, L Parano, Shoddy, Webster / Arrière-plan : Alex Baptiste, Romain la Quinine (Andromaick) (Photo fournie par Webster)

« C’est à partir de ce moment-là que ça s’est mis à partir en couille. L’entourage de chacun des clans l’a vraiment pris à cœur, analyse Webster. C’est devenu un phénomène de masse. Les jeunes qui grandissaient à Limoilou ou sur la Rive-Sud haïssaient l’autre côté sans nécessairement savoir pourquoi. »

« Y a des gens plus street aussi qui se sont ingérés là-dedans, ajoute Shoddy. Ces gens-là ne savaient pas s’exprimer au micro, donc ils le faisaient autrement… »

« On était entourés de gens qui baignaient pas juste dans le milieu du rap, explique T-Mo. Là-dedans, y avait beaucoup de gars qui faisaient de la magouille et qui avaient vraiment pas froid aux yeux. C’était plus juste du rap, c’était rendu une affaire de chums. »

Souldia fait partie de ces jeunes adolescents qui suivent la parade. « Je détestais la Rive-Sud, car les plus vieux m’avaient dit que c’était de même. Des fois, on sortait pis on se crinquait entre nous autres, à des moments comme la Saint-Jean où toute la ville se réunissait. Ça menait à des grosses batailles avec les autres jeunes de la Rive-Sud. On voulait rien savoir, on bougeait à 30 personnes. C’était la même animosité de l’autre bord. On voyait souvent des gars du coin revenir complètement saccagés après un passage sur l’autre rive. »

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« Fallait toujours être accompagné de 10, 15 personnes. Impossible pour moi de me rendre seul avec ma blonde sur la Grande-Allée, se rappelle B-Ice. Officiellement, y a jamais vraiment eu de diss track, et c’est peut-être ça le problème. Ça montrait que ça allait se régler dans la rue. C’en était ridicule. Parfois, on était avec nos fiers-à-bras pis on finissait par se battre pour rien, contre n’importe qui. On avait besoin de se prouver, et ça dégénérait. Même que, des fois, certaines personnes de notre entourage, pour ne pas dire des dealers, finissaient par se faire tapocher lorsqu’ils avaient à faire de la business avec des gars de l’autre bord. Ça sortait carrément de la musique. »

La tension à son comble

Devant la montée de l’animosité, Shoddy prend les grands moyens. « Un après-midi, je travaillais à la boutique NYC sur la 3e avenue. La porte était entrouverte, pis il y a des gars qui sont passés en voiture en m’envoyant chier pis en criant “83!”. Là, j’ai constaté que j’étais une cible facile, car je suis souvent seul à la boutique… Pour remédier à ça, je me suis pris une arme à feu. Je la gardais en tout temps en dessous de ma caisse. »

Exaspérés d’entendre des ragots à leur endroit, Shoddy et Webster veulent « régler les affaires » une bonne fois pour toutes. En 2003, un spectacle qui tourne mal au Kashmir agit comme la goutte qui fait déborder le vase. Ce soir-là, Webster fait partie d’un gros spectacle hip-hop, notamment en compagnie du 83. « Ça avait brassé. Moi, j’étais en solo. Eux, en crew. »

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« Disons qu’on était en puissance, raconte B-Ice. Pendant le show, Webster et moi, on s’est pognés en haut. On se parlait à deux centimètres de la face. Je lui ai dit de s’en venir dehors pour qu’on règle ça. Il est pas sorti finalement, et c’est tout à fait légitime, car c’était pas équitable. Ça aurait vraiment mal viré… »

« On était gonflés à bloc, se souvient T-Mo. Dehors, ça a viré en bagarre… mais avec des punks qui passaient par là! »

Avant-plan : Canox et B-Ice / Arrière-plan : T-Mo, Onze et 2Faces (Photo fournie par T-Mo)

La tension monte d’un cran peu après, cette fois au Liquor Store à la Place de la Cité. « Un membre du 83 avait talkshité sur moi là-bas en disant que j’étais un pussyhole, donc la semaine d’après, on est débarqués à 30 personnes. On avait des gars armés dans des voitures, raconte Shoddy. On arrive là, pis, finalement, y a aucun membre du groupe, mais quelques connaissances de l’entourage. On passe des messages, on leur demande ils sont où, on leur dit de les appeler. On voulait pas être venus là pour rien. »

En pleine nuit, T-Mo reçoit un appel d’un de ses amis. « Il me dit que les gars de Limoilou viennent de débarquer. On appelle en renfort des gars du groupe, dont B-Ice qui était vraiment notre bagarreur à l’époque. Fallait aller défendre notre équipe, mais on savait que l’ambiance était malsaine. La prochaine fois qu’on se croisait, c’étaient les armes. »

« On débarque là-bas à 10, 12, et eux, ils devaient être 30. En tout cas, une méchante gang, ajoute B-Ice. On rentre dans le bar chercher nos boys, en fonçant dans le motton de Limoilou. Là, on avait la chienne. »

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« On les voit arriver comme une armée. Une grosse gang de gars qui marchent en même temps, relate Shoddy. B-Ice et moi, on se met à se pousser. On a des gros goons de six pieds à côté de nous. Ça brasse. Finalement, les bouncers pis la police arrivent. Dès qu’on voit ça, on leur donne rendez-vous pour se péter la gueule une bonne fois pour toutes. On leur propose les plaines d’Abraham, un point neutre et emblématique de la guerre contre les Anglais. »

En chemin, toutefois, les ardeurs se calment, et certains membres de la garde limouloise reculent. « Le tiers de nos effectifs s’est découragé, poursuit Shoddy. C’est un peu normal, car dans une grosse gang comme ça, c’est pas tout le monde qui est aussi crinqué. T’sais, la cause est-tu vraiment là? Est-ce qu’on veut vraiment mourir pour du rap? Y en a qui étaient ben chums avec nous autres, mais qui n’étaient pas nécessairement prêts à faire un 25 ans pour une situation de même. Ils ont préféré s’en aller chez eux… Bref, on arrive là-bas. Il fait super froid, il vente. Au loin, on entend quasiment les fantômes de la bataille des plaines. »

Après quelques minutes d’attente, l’équipage de Limoilou Starz se rend à l’évidence : les membres du 83 ne se présenteront pas au rendez-vous. « C’est comme s’il y avait eu une force positive qui nous avait empêchés de commettre l’irréparable », dit B-Ice.

« La lecture que je fais de cette histoire-là, c’est que, malgré l’animosité, on avait quand même du respect pour chacun de ces gars-là, poursuit T-Mo. Là, y a des choses malencontreuses qui se passent et, d’une certaine façon, on savait que le premier qui allait porter un coup allait en subir les conséquences. On savait aussi que, si on faisait un move, les kids qui ont pas rapport là-dedans allaient également embarquer. On savait qu’on avait créé ça… Y en a autour de nous qui avaient rien à perdre, et ça aurait très bien pu mal se terminer. »

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« La vérité, là-dedans, c’est que les plus wise, c’est clairement le 83, proclame Webster. S’il était arrivé de quoi ce soir-là, y aurait eu de la vengeance. Dieu merci, on ne s’est pas rendus là! »

La « paix des braves »

Au point mort pendant plusieurs mois, les relations entre les deux clans prennent une tout autre tournure au tournant de 2004. Invités à prendre part à un spectacle de Sans Pression au cégep Garneau, les membres de Limoilou Starz reçoivent la visite impromptue de B-Ice. « Je venais voir mon bon ami Carl XL, un gars qui gravite dans le milieu du rap avec Sans Pression. C’était un peu corsé pour moi de me présenter là, mais, en même temps, je savais que Carl était un solide gaillard, le genre de gars avec qui tu ne te fais pas écœurer. J’arrive là-bas de bonne foi. Dans ma tête, ça a pu de bon sens, ce qui se passe. Ça a trop pris d’ampleur et ça mène à rien de bon. Pendant le show, je croise Shoddy en arrière d’une table de merch. C’te gars-là, je le respecte, j’ai fait mes premiers shows avec lui, mais le conflit nous a fait oublier cette époque-là. Il me regarde avec un petit cheese et, là, y avait deux choix : soit qu’on se tape sur la gueule ou qu’on se serre la main. Finalement, on choisit la deuxième option. On commence à se parler, à se dire que c’est allé trop loin. Peu à peu, la tension baisse. »

« Toute la soirée, ça allait exploser ou pas. On se dévisageait, se souvient Webster. Finalement, B-Ice vient me voir et me dit “faut qu’on se parle”. »

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« Web semblait encore avoir sur le cœur l’épisode du Kashmir, poursuit B-Ice. Il était super énervé, mais, en se parlant, il s’est calmé. En un claquement de doigts ou presque, ça s’est réglé. »

Après le spectacle, B-Ice, Shoddy, Webster et l’équipe de Sans Pression se rendent au pub de l’Université Laval pour reprendre les discussions. « C’est là qu’on a jeté les bases de la paix des braves, révèle Webster. On s’est dit qu’on allait chacun retourner de notre bord pour ramener la paix. Fallait transférer le knowledge aux jeunes. Ça a pas été si simple. Même aujourd’hui, y a encore des gens à Limoilou qui détestent la Rive-Sud. »

« Genre des gars qui sont allés en prison trop longtemps… » dit Souldia, en riant.

« Le lendemain, j’ai appelé mes chums pour leur dire que c’était réglé, raconte B-Ice. C’était loin de faire l’unanimité. Pour certains, y a des situations qui étaient impardonnables. »

« Quand B-Ice m’a rappelé pour me dire qu’il avait parlé à Shoddy et Webster sans qu’ils se tapent sur la gueule, j’en revenais pas, poursuit T-Mo. Juste après, les gars nous ont invités chez Webster. Moi, ça devait faire quatre ans que j’avais pas remis les pieds à Limoilou. Encore là, je me demandais si c’était pas un guet-apens! On a décidé d’y aller juste nous deux, sans être accompagnés pour ne pas jeter de l’huile sur le feu. On est arrivés avec une caisse de 24 pis on a jasé avec les gars. On a mis cartes sur table. Je revoyais le bon vieux Web que j’avais connu au cégep. »

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Histoire de lancer un message fort à la scène rap de la capitale, les deux clans organisent un spectacle conjoint à Charny, sur la Rive-Sud, en juillet 2004. Publiée sur l’album L’affaire Taktika en 2005, la chanson Dans ma ville (remix) officialise « la paix des braves » en mettant en vedette la crème des rappeurs de tous les arrondissements et périphéries de la capitale, jeunes comme vétérans. « Ç’a été historique pour la scène de Québec. On était tous réunis dans le même booth avec une bonne énergie », se souvient T-Mo.

Image fournie par Webster

« À partir de là, ç’a été une délivrance, estime B-Ice. Je pouvais me promener à Québec avec une fille sans penser à ce qui pourrait m’arriver. C’était peut-être juste de la paranoïa, mais, des fois, je me sentais comme si mon char pouvait sauter. Le drame était toujours possible. »

« Le message a pas passé du jour au lendemain non plus, nuance T-Mo. Y a des gens qui comprenaient pas d’où venait le conflit et qui voulaient que ça se continue. Ça a pris une couple d’années avant qu’on en entende plus parler du tout, mais, éventuellement, les gens sont passés à autre chose. Ils ont compris que ça servait à rien d’entretenir ça, que de détester un quartier juste pour détester un quartier, ça avait pas rapport. »

Au tournant de la décennie actuelle, la signature de Souldia chez Explicit Productions consolide cette période d’accalmie. « C’est là que le mouvement de paix est devenu plus fort », estime Shoddy.

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« Ce qui m’a amené là, c’est la musique de Saye, que j’ai entendue pour la première fois en prison », relate Souldia, à propos du rappeur de la Rive-Sud recruté par Explicit. « Dès que je suis sorti en 2011, je suis allé connecter avec lui pour collaborer. Il m’a proposé de rencontrer Patrick Marier d’Explicit pour signer un deal. »

« Ce bro-là est la personnification des deux rives, soutient Webster en parlant de Souldia. Il a combiné l’écriture tranchante de Limoilou et la structure professionnelle de la Rive-Sud. »

Signe que l’eau a coulé sous les ponts depuis l’apogée des tensions, Shoddy a lui aussi accepté un contrat avec Explicit Productions pour son album MF2 en 2017. « C’était ma chance. J’avais toujours trouvé que leurs beats sonnaient bien, que leurs vidéos étaient beaux. J’aurais été niaiseux de rester entêté seul dans mon coin… »

Deux décennies après le spectacle qui a tout déclenché, ce dernier reconnaît que cette histoire lui a amené plus d’inconvénients que d’opportunités. « J’ai su, par après, que le plan de 2Faces quand il a eu son deal, c’était de sortir d’autres bons groupes de Québec », explique Shoddy, qui a serré la main du rappeur pour la première fois en 2016 lors du spectacle anniversaire de Taktika au Festival d’été de Québec. « Avec l’aide d’Explicit à l’époque, Limoilou Starz aurait été ben plus gros. On aurait eu une meilleure promotion, des plus gros moyens. »

Pour sa part, T-Mo tente de voir le côté positif de tout ce conflit. « Pour les gars de mon équipe, ç’a été une façon de voir sur qui on pouvait compter. Dans une guerre comme ça, les liens que tu tisses deviennent solides. Mais bon, au-delà de ça, la chose que je retiens, c’est qu’il faut toujours garder ouvertes les voies de communication entre les camps. Dans une situation de la sorte, soit que tu laisses empirer les choses, soit que tu essaies de créer un dialogue. »

« Au point où on était rendus, c’était plus facile de laisser les choses empirer que d’aller contre notre orgueil pis mettre notre poing sur la table. Tout était là pour que le conflit perdure, mais on avait des têtes sur les épaules, abonde dans le même sens B-Ice. Je suis plutôt fier de ça. »

« Ce qu’on a vécu a tellement été profond que, maintenant, on va marcher côte à côte pour l’éternité, projette Webster. En fin de compte, on fait partie de la génération des bâtisseurs à Québec. On a repris le flambeau allumé par Preshapack pis on a soufflé dedans… Jusqu’à allumer le brasier. »