La vie d’ermite n’est pas dépourvue de scandales

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La vie d’ermite n’est pas dépourvue de scandales

Karl Kurz s'est installé dans un ermitage autrichien en 1967. Quelques années plus tard, il perdait la vie.

Cet article a été initialement publié sur VICE Autriche.

En mars dernier, la petite ville autrichienne de Saalfelden, située dans la province de Salzbourg, s'est mise à la recherche d'un nouvel ermite susceptible d'intégrer l'un des derniers ermitages d'Europe centrale – bâti sur une falaise à plus de 1 000 mètres au-dessus de la ville.

Selon la description du poste, le candidat devait entretenir « un lien profond avec la foi chrétienne » et avoir envie de vivre sans chauffage, sans eau courante, sans électricité et sans Internet. Le poste n'étant pas rémunéré, l'ermite devait également être autonome.

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Toutes les photos sont de Paul Donnerbauer

Après un processus de sélection qui s'est étalé sur plusieurs semaines, c'est Stan Vanuytrecht, 58 ans, originaire de Belgique, qui a été choisi parmi 50 candidats venus du monde entier. Il avait pour tâche de perpétuer les 350 ans d'héritage de l'ermitage de Saalfelden.

Comme il m'a été impossible de contacter Stan – étant donné que, eh bien, c'est un ermite – je me suis mis en tête de découvrir la raison pour laquelle autant de gens rêvent d'une vie marquée par la solitude et l'isolement.

Pour ce faire, je suis allé jusqu'à Salzbourg, avant de parcourir 80 kilomètres dans le sud de la province. En suivant le cours de la rivière Saalach, j'ai entamé mon ascension vers l'ermitage depuis le petit village de Bachwinkl ; une montée difficile, rendue encore plus complexe par la neige.

Le château de Lichtenberg

Le chemin menait au château de Lichtenberg, construit en 1 130 et autrefois habité par des chevaliers. Il se situe juste au-dessous de l'ermitage du XVIIe siècle et sert de terminus pour se rendre dans ce dernier. Il est possible d'y déposer des dons pour l'ermite actuel sous un petit abri.

La route est longée de mémoriaux et de panneaux en bois – la région est un lieu de pèlerinage important. Une cabane en bois ornée de « plaques funéraires » rappelle une ancienne coutume alpine pour présenter ses respects au défunt.

L'entrée de la chapelle de l'ermitage

Et pourtant, les ermites n'y ont pas toujours vécu dans la prière et la solitude. Karl Kurz s'est installé dans l'ermitage en 1967 et une suite d'événements l'a mené vers une mort certaine.

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Feu Franz Wieneroiter, ermite lui aussi, écrit dans ses chroniques que, le soir du 27 septembre 1970, alors que Kurtz priait dans le salon, des coups de feu ont soudainement été tirés dans sa direction. « Un inconnu a tiré huit coups de feu dans l'entrée… les projectiles ont traversé la porte et pénétré à l'intérieur de la pièce. Même les fenêtres ont été brisées. »

L'entrée de l'ermitage

Si Kurz n'a pas été blessé, il ne s'est jamais vraiment remis du choc. La patrouille chargée de l'enquête n'a pu trouver son assaillant nulle part. Elle a toutefois découvert une note déposée sur la fenêtre, sur laquelle pouvait-on lire : « Juste un avertissement. Après, il sera trop tard. »

Dans les jours et les semaines qui ont suivi, les menaces ont continué de pleuvoir – qu'elles soient adressées envers la police ou le presbytère. Un mot, reçu sur une carte postale, promettait « deux balles dans ses genoux ». À ce moment-là, Kurz est devenu « très inquiet », rapporte Wieneroiter.

Pendant le déroulement de l'enquête, après que Kurtz a semblé tenir des propos contradictoires, la police a commencé à le soupçonner d'avoir organisé sa propre tentative de meurtre afin d'accroître sa popularité auprès des locaux et des visiteurs. Ce qui laissait penser qu'il aurait pu chercher à attirer une telle attention est qu'il avait participé à une émission – intitulée What Am I ? – peu de temps avant la fusillade. Son apparition télévisée avait attiré les visiteurs en nombre. Kurtz a fini par avouer avoir tiré les coups de feu lui-même, avant de se suicider en sautant d'un train en marche quelques jours plus tard.

Malgré les aveux et le décès de Kurtz, la police a continué de recevoir des lettres de menace. Une d'entre elles expliquait que Karl Kurz avait été piégé et n'avait pas planifié la fusillade. L'expéditeur avait placé huit douilles dans un récipient de la chapelle de l'ermitage pour montrer qu'il ne plaisantait pas.

Dans le cadre d'une enquête portant sur une autre affaire criminelle, la police a suivi la piste d'un homme vivant dans le village voisin de Maishofen, à près de 10 kilomètres de Saalfelden. Le suspect avait lui aussi postulé pour le poste d'ermite, mais sa candidature avait été rejetée en raison de son passé criminel. L'expertise de son écriture a prouvé qu'il était bien à l'origine des lettres. Il a tout avoué.