« Sex Education », une série pour ados qui t’apprend à être fierce
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« Sex Education », une série pour ados qui t’apprend à être fierce

En attendant des cours d’éducation sexuelle qui ont de l’allure, il y a Netflix.

J’ai grandi en regardant des affaires plates, comme Edgemont, et de nombreux « coming of age » immatures comme les huit American Pie, Pas encore un film d’ado, Eurotrip et Road Trip, où l’accent est généralement mis sur l’importance de fourrer des filles chaudes.

À la place, je pense que j’aurais aimé grandir avec des séries rafraîchissantes comme Sex Education.

La nouvelle série de Netflix arrive dans un contexte où, même aujourd’hui, l’éducation sexuelle à l’école fait toujours controverse. Au Québec, après des années de tergiversations, les cours devaient enfin se donner à la rentrée de 2018 pour tous les niveaux, et on constate que plusieurs parents et l’archevêché de Montréal s’y sont opposés, et que leur implantation tarde toujours dans plusieurs commissions scolaires.

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Chez nos voisins ontariens, le premier ministre Doug Ford a préféré abroger le programme d’éducation sexuelle modernisé en 2015, qui abordait le consentement et la cyberintimidation, pour revenir au programme élaboré en 1998. L’affaire est contestée en cour présentement.

La sexualité, on l’apprend comme on peut. Auprès de son entourage, à l’école, sur internet, dans les œuvres qu’on consomme. Dans un tel contexte, avoir des modèles qui ont de l’allure, ce n’est pas juste souhaitable; c’est essentiel.

Et je pense que les créateurs de la série ont réussi leur coup avec Sex Education. On y suit Otis, le fils socially awkward d’une thérapeute sexuelle très décomplexée, qui est tout l’opposé de sa mère : la sexualité le rend mal à l’aise, au point où il n’a jamais osé se masturber. Mais il a un don pour aider les gens à comprendre leur sexualité. De fil en aiguille, il met sur pied une clinique de thérapie sexuelle clandestine à son école, en s’alliant avec Maeve, une fille aussi badass qu’intelligente.

C’est ainsi qu’à travers les histoires de quelques ados, on aborde une foule de problèmes sexuels aussi variés que pertinents. En quelques séances de thérapie, il est question d’insécurité par rapport à l’image corporelle; d’absence de désir; de retard éjaculatoire; de blackmail et de nudes; de consentement; de masturbation; et de manque d’introspection par rapport à ses propres désirs sexuels. L’émission aborde aussi l’avortement, l’engagement émotionnel, le slut-shaming, le cross-dressing, l’envie pressante de perdre sa virginité (tant chez l’homme que chez la femme) et l’affirmation de soi.

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Photo fournie par Netflix

Et j’aime, lorsqu’on aborde des thèmes comme l’homosexualité, qu’on aille plus loin que la simple histoire de coming-out. Ici, le gars le plus populaire de l’école est ouvertement homosexuel (et, doit-on dire, absolument flawless), et remet le bully à sa place quand il s’en prend à un autre gars homosexuel, en lui rappelant que l’homophobie, c’est out. Et quand Otis reçoit en thérapie un couple de lesbiennes qui n’arrivent pas à s’épanouir au lit, le problème ne réside pas dans l’acceptation de leur orientation sexuelle; il est de nature émotionnelle. Bref, on est ailleurs, et ça fait du bien.

Quand on prend du recul, on remarque qu’en seulement huit épisodes, on arrive à dresser un programme sexu pas pire complet, en restant dans un ton léger, et en présentant la sexualité comme tout à fait normale, même si elle comporte une multitude de facettes.

L’importance de prendre la parole

Bien sûr, la série n’est pas parfaite. Elle manque de réalisme, et pas seulement parce qu’on est en Angleterre et qu’il ne pleut jamais. Les situations sont souvent farfelues, les ados sont joués par des acteurs dans la vingtaine, et certains personnages sont trop caricaturaux, mais c’est l’apanage de pas mal tous les teenage romances jamais écrits pour la télé.

Et évidemment que ça n’a pas vraiment rapport, un ado vierge et sans expérience qui a une clinique de thérapie sexuelle. Mais au moins, on véhicule un message clair : celui de l’importance du dialogue. L’émission met en scène des jeunes qui se confient à une tierce personne, qui extériorisent leurs problèmes, et qui vont discuter honnêtement de leurs sentiments avec leur partenaire. Et en face à face, même pas par texto.

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C’est comme ça qu’ils règlent leurs problèmes, pas autrement. La prise de parole est positive, affirmative et même salvatrice. On encourage les jeunes à briser le tabou et à parler simplement de leur sexualité.

Ce n’est pas en retardant la mise en place de cours d’éducation à la sexualité qu’on envoie un message d’ouverture aussi clair.

Un morceau de robot pour Netflix.

(Et aussi je veux juste ajouter que la musique et l’esthétique des outfits sont insanes.)

Justine de l'Église est sur Twitter.
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