Avec l'ancien punk qui parcourt 15 000 km par année à vélo
Crédit : Dan Pelissier

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Avec l'ancien punk qui parcourt 15 000 km par année à vélo

Fred Tremblay carbure aux boissons gazeuses et aux bonbons.

Cet article fait partie de la série « Les vraies affaires ».

Fred Tremblay n'avait pas enfourché de vélo depuis son adolescence lorsqu'il s'est mis à en refaire après s'être blessé au travail. « Je me suis cassé l'épaule et mon thérapeute m'a suggéré le vélo pour me remettre en forme, » raconte-t-il. « À cette époque, je pesais plus de 300 livres et mon état d'esprit était très négatif. »

Tremblay, qui a passé sa jeunesse à baigner dans les scènes punk et hardcore, a mis peu de temps avant de faire du cyclisme sa nouvelle obsession. « Avec chaque trajet, le nombre de kilomètres augmentait. Je me suis mis à apprécier le défi d'aller toujours plus loin, toujours plus vite, dit-il. Ça a eu un effet boule de neige et le vélo a vite rempli ma vie. En une année, j'ai perdu 135 livres. C'était un tournant décisif pour moi. »

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On l'a rencontré pour lui parler du temps et de l'argent qu'il y consacre, de son régime de boissons gazeuses et de bonbons lors d'un long trajet, et de la croix qu'il a faite sur son ancienne vie de punk.

VICE : Combien de temps passes-tu sur ton vélo?
Fred Tremblay : Entre 20 et 40 heures par semaine, mais ça dépend des semaines. J'essaie d'aller au travail en vélo tous les jours et je fais parfois même un trajet différent pour revenir.

Ça fait combien de kilomètres par année?
Plus ou moins 15 000.

À quel moment est-ce passé d'un hobby à une passion?
J'ai commencé à me rendre au travail en vélo il y a cinq ans environ. Mon bureau était à 35 km de chez moi, donc ça faisait 70 km de vélo par jour. C'est lors de ces trajets que j'ai remarqué l'effet psychologique que ça avait sur moi. Je peux me concentrer ou me vider la tête. Je ne vis aucun stress. Je vis seulement dans le moment présent.

Ça fait beaucoup de kilomètres, ça. Quel est ton travail? A-t-il été affecté par le vélo?
Je suis superviseur-chef pour une entreprise de transport. Je supervise 52 camionneurs et une équipe de répartiteurs. Mon patron m'a dit que je n'étais pas aussi efficace les rares fois où je n'allais pas au travail en vélo, et je pense que c'est vrai. J'ai même un endroit où ranger mon vélo à l'intérieur et je peux prendre une douche avant le travail.

Je suis passé de chauffeur de camion à superviseur d'équipe et je pense que ma passion pour le vélo et ma trajectoire professionnelle vont de pair. C'est sur mon vélo que des idées de projets me viennent à l'esprit, c'est là où la plupart des décisions importantes de ma vie ont été prises.

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T'ennuies-tu de ton ancienne vie dans le monde de la musique?
Quand je commence quelque chose, je m'y lance à 100 %, et à l'époque, jouer dans des groupes, la scène musicale, c'était toute ma vie. Mais quand je me suis mis au vélo, j'ai réalisé que j'avais des démons intérieurs, et que c'était la seule chose qui m'aidait à les chasser vraiment. Je me suis éloigné de la musique peu à peu, surtout par manque de temps.

J'apprécie tout ce que la musique m'a apporté durant toutes ces années. J'en garde des amis, des histoires, mais c'est le vélo qui m'a vraiment aidé à mûrir et à régler de nombreux problèmes.

Tu n'es pas intéressé par le cyclisme de compétition?
Peut-être que si je m'étais sérieusement mis au cyclisme plus tôt, mais encore là, non. C'est tout un autre niveau de dévouement, et j'apprécie ma vie telle qu'elle est en ce moment.

Tu ne prends pas de jours de congé contrairement à la plupart des cyclistes. Tu peux m'expliquer pourquoi?
Je ne sais jamais quand je devrais me reposer ou prendre une pause. Parfois, je vais me rendre à la douleur avant de me rendre compte de ce que je suis en train de faire. Ma fiancée est plus douée que moi. Elle m'encourage à écouter mon corps, à prendre une pause de temps en temps, mais elle sait comment je suis. Mon cerveau n'arrête jamais donc je dois continuer à être actif. J'ai besoin de bouger.

…Et tu refais le plein avec des bonbons et des boissons gazeuses.
Le cola est le meilleur "anti-coup de barre". Quand tu fais un long trajet et que tu sens ton niveau d'énergie descendre, ton corps a besoin de carburant. Comme des bonbons. Je devrais manger plus sainement et je sais qu'il existe d'autres options, mais les bonbons et le cola sont si délicieux.

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Combien as-tu de vélos maintenant?
En ce moment, quatre, mais j'en ai acheté et revendu d'autres au fil des ans. On a une blague dans le monde du vélo : N+1, c'est-à-dire le nombre de vélos que tu possèdes actuellement, plus celui que tu convoites. Beaucoup de gens, dont moi, aiment faire du vélo, peu importe la saison ou les conditions. Il faut avoir le bon vélo pour ça. Un vélo pour la route, un pour la montagne, etc. Ça crée une dépendance. J'ai déjà un nouveau vélo en tête pour le printemps prochain.

À part celui pour aller au travail, as-tu d'autres trajets réguliers?
Faire le tour du lac Memphrémagog est l'un de mes trajets favoris et j'essaie de le faire une fois par mois. J'adore les Cantons de l'Est. J'aime aussi aller dans le Vermont et dans le nord de l'état de New York. Les paysages sont incroyables.

Depuis que la distance pour me rendre au travail est plus courte, je vais souvent sur le Mont-Royal le matin pour rallonger mon trajet. Nous sommes chanceux d'avoir cet endroit en plein cœur de la ville.

Tes vacances sont aussi orientées vers le vélo. Où iras-tu bientôt, et où as-tu été récemment?
Mon trajet le plus récent, c'était un aller-retour entre Montréal et Portland, au Maine, avec cinq de mes amis. Trois jours à l'aller, une journée à la plage et trois jours pour revenir. J'aimerais aussi un jour faire du vélo en Europe, et même au Japon.

Combien dépenses-tu par année, pour le cyclisme?
C'est drôle, les gens pensent que c'est abordable. C'est vrai que ça peut l'être, mais je suis sûrement un peu plus intense que la moyenne. Avec l'achat de vélos, l'entretien, les fins de semaine à l'extérieur de la ville, les vacances, ça s'additionne. Faire du vélo peut être bon marché, mais en une année, pour moi c'est entre 10 000 et 15 000 dollars.

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Est-ce que les paysages sont importants lorsque tu choisis un trajet ? Est-ce que tu t'arrêtes pour prendre des photos?
Les paysages, c'est ce qui compte vraiment. À vélo, tu vois des choses que tu ne verrais jamais autrement. J'essaie de tout documenter, autant que possible. Lorsque j'étais en tournée avec des groupes, je ne prenais jamais de photos et c'est l'un de mes plus grands regrets. J'essaie donc de toujours prendre des photos.

Ça compense pour la douleur, j'imagine?
Faire du vélo de route peut sembler facile, mais c'est physiquement intense. Ça demande beaucoup de tolérance et de gestion de la douleur lorsqu'on pédale à fond. J'adore le moment où ton cerveau s'éteint lors d'un long trajet. Tu ne penses ni à la douleur ni à la fatigue. C'est là que je me sens heureux. Cette adrénaline, c'est la raison pour laquelle je reviens toujours au vélo. J'adore aussi la fatigue que tu ressens après une longue randonnée. C'est un sentiment très satisfaisant, et ensuite tu dors vraiment bien.

Cet article a été publié grâce au soutien de la Banque Nationale.