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cybersécurité

La GRC veut pouvoir lire vos données cryptées

Pour combattre la cybercriminalité, la GRC aimerait un plus grand accès aux renseignements privés des Canadiens.

D’après des documents obtenus par la CBC, la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) estime qu’elle n’aurait pas les outils nécessaires afin de combattre la cybercriminalité au pays. C’est ce qu’aurait déclaré la nouvelle commissaire de la GRC, Brenda Lucki, dans une note interne à son entrée en fonction.

« De plus en plus, la criminalité s’effectue sur internet et les enquêtes deviennent internationales, mais la capacité et les outils d’investigation de la GRC n’ont pas suivi la cadence », peut-on lire dans le rapport. La cybercriminalité au Canada est en constante hausse, si l’on se fie à l’augmentation des incidents rapportés aux autorités, qui ont grimpé de près de 60 % entre 2014 et 2016.

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Le plus grand problème de la GRC serait que son accès aux renseignements privés des citoyens est limité. La situation actuelle fait que, pour pouvoir consulter les renseignements d’utilisateurs d’internet, le corps de police fédéral a besoin d’un mandat. Et les technologies de cryptage compliquent encore plus les choses.

Le prédécesseur de Brenda Lucki, Bob Paulson, était un fervent militant en faveur d’une plus grande accessibilité aux données des citoyens. Dans un document envoyé au premier ministre Justin Trudeau, la GRC avait rédigé une liste de recommandations à suivre pour l’aider à mieux faire son travail.

Entre autres, la GRC recommandait l’adoption d’une loi qui contraindrait des suspects à remettre aux autorités tous leurs accès et mots de passe, si leur téléphone ou ordinateur devaient être fouillés. La GRC voulait également avoir accès aux renseignements de base sur les utilisateurs d’internet sans devoir obtenir un mandat au préalable, et que les fournisseurs d’internet et de téléphonie mobile aient l’obligation de stocker les données de leurs clients, comme les messages textes, les appels et les courriels (si la GRC obtient un mandat).

Les systèmes de cryptage, en particulier, sont un problème pour les enquêteurs de la GRC, qui n’ont pas les ressources et l’aide fédérale nécessaires pour décrypter efficacement l’information qu’ils obtiennent. « Près de 70 % de toutes les conversations interceptées par la GRC sont cryptées », peut-on lire dans le rapport remis à Brenda Lucki. Le cryptage est une technologie utilisée de plus en plus, non seulement par les criminels, mais aussi les personnes qui désirent garder leur vie privée, ou des gens comme des journalistes d’enquête qui doivent travailler secrètement.

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Heureusement, le comité de la Sûreté publique et de la sécurité nationale de la Chambre des communes a déposé un rapport dans lequel il dit déconseiller un changement aux lois en place régissant le cryptage d’informations. Scott Bardsley, porte-parole pour le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a quant à lui affirmé à la CBC que « le cryptage est essentiel à la survie de notre cybersécurité, de la vie privée et de l’économie numérique ».

Il reste encore à voir quelles seront les positions de Brenda Lucki sur le sujet, et si elle est prête à transmettre les mêmes demandes que son prédécesseur. Le gouvernement a de son côté promis d’allouer plusieurs centaines de millions de dollars à la création d’une escouade spéciale pour combattre la cybercriminalité.

Billy Eff est sur internet ici et .