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La Colombie-Britannique poursuit 40 fabricants et distributeurs d’opioïdes

La province veut récupérer les sommes dépensées pour les soins rendus nécessaires par la crise des opioïdes.
Crédit: AP Photo/Toby Talbot

Le gouvernement de la Colombie-Britannique traîne en Cour suprême plus de 40 fabricants et distributeurs d’opioïdes, a-t-on annoncé mercredi en point de presse.

Avec une poursuite sans précédent au pays, la province veut récupérer les sommes injectées dans les soins de santé en réponse à la crise des opioïdes, qui a fait des milliers de morts jusqu’à maintenant.

D’après le gouvernement britanno-colombien, les compagnies visées sont impliquées dans une épidémie de dépendance et ont ignoré la santé et la sécurité de la population, pour ne se concentrer que sur les profits. Il argue que ces compagnies ont mal informé les patients comme les professionnels de la santé sur les risques associés aux opioïdes.

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« Il est temps que les fabricants d’opioïdes prennent leurs responsabilités pour les conséquences humaines et financières que leurs produits ont fait subir à tellement de familles de la Colombie-Britannique », a affirmé le procureur général de la province, David Eby, par voie de communiqué.

La province croit que ces compagnies ont « sérieusement endommagé » le système de santé britanno-colombien. La poursuite n’a cependant pas précisé quel montant leur serait réclamé en dommages.

Il est à noter que la poursuite est déposée par la Colombie-Britannique, mais si la Cour suprême accepte la requête comme étant un recours collectif, les autres provinces et territoires canadiens pourront s’y joindre. On indique que les discussions avec les autres provinces et territoires sont en cours.

Difficile de dire combien de temps le tout pourrait durer. La prochaine étape sera de remettre une copie de la poursuite à chacune des compagnies concernées par la poursuite, et d’attendre leur réponse.

Pas la première poursuite

D’après le Globe and Mail, le géant pharmaceutique Purdue Pharma fait partie des compagnies visées.

En 2007, aux États-Unis, au terme d’une poursuite criminelle et civile, cette même compagnie avait été condamnée à verser 635 millions en dommages pour avoir affirmé que l’OxyContin était un médicament moins sujet à la dépendance et aux abus que les autres médicaments contre la douleur.

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Au Canada, une poursuite contre la compagnie pharmaceutique est toujours en cours, et elle a été menée par les victimes elles-mêmes, explique le Globe and Mail. Purdue Pharma n’a pas admis sa culpabilité dans la crise, mais l’entreprise a offert 20 millions de dollars, dont deux millions iraient aux provinces. La Saskatchewan a refusé la proposition, la jugeant insatisfaisante. Depuis le mois de mars, le recours collectif stagne.

Le journal torontois situe d’ailleurs l’émergence de la crise des opioïdes au milieu des années 1990; elle coïncide ainsi avec l’arrivée de l’OxyContin sur le marché, vendu par Purdue Pharma.

Alors que les opioïdes étaient surtout utilisés pour soigner les patients atteints d’un cancer en phase terminale, Santé Canada a approuvé son utilisation pour la douleur modérée et sévère. On note que l’OxyContin a été l’opioïde à action prolongée le plus vendu de la décennie suivante. Sa popularité est allée de pair avec une hausse marquée des cas de surdoses et de dépendance, tant chez ceux qui en obtenaient légalement que ceux qui se procuraient des médicaments contrefaits.

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La poursuite actuelle se déroule dans un contexte où la crise des opioïdes continue de faire des ravages au pays, et qu’on n’en voit pour l’instant pas l'issue. Dans une sombre année record, près de 4000 personnes sont mortes d’une surdose d’opioïdes l’an dernier. La Colombie-Britannique est l’épicentre de cette crise au Canada; 1450 personnes y sont mortes par surdose après avoir consommé des drogues illégales en 2017.

Justine de l'Église est sur Twitter.