Créé avec Toyota Canada

Habiter loin, voir loin

Préoccupé par les changements climatiques, William Gagnon a tout plaqué pour trouver des solutions durables dans les Territoires du Nord-Ouest.
William Gagnon_Article Header Image

Cet article fait partie de Ré:Génération, un partenariat entre VICE et Toyota qui souligne les histoires et les personnes liées au mouvement croissant pour l’énergie durable.

Créé avec Toyota Canada

Quand il est question de mettre un frein aux changements climatiques, on essaie tous de faire notre effort, du mieux qu'on peut. Pour certains, des petits gestes vertueux au quotidien apaisent notre écoanxiété, mais il y en a d'autres pour qui ce n'est simplement pas assez.

Publicité

« J'avais fait un bacc en génie du bâtiment à Concordia, ainsi que des études en gestion durable du carbone à l'Université du Québec à Chicoutimi », raconte William Gagnon. Le jeune homme de 27 ans, originaire de la banlieue de Montréal, vient également de compléter un fellowship en décarbonisation dans les milieux autochtones à la prestigieuse université new-yorkaise Cornell.

Tout plaçait donc William sur une trajectoire à peu près certaine dans le milieu du développement durable. Pourtant, le vrai éclat de génie survient lorsqu'il travaillait comme coordonnateur dans une grande firme d'architecture. « On m'a mis sur un projet qui n'avait aucune valeur de développement durable : un stationnement à étages à l'aéroport de Montréal! », dit Gagnon en riant.

avec plusieurs dizaines de milliers de dollars en dettes étudiantes, le jeune homme se trouve un emploi à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest. « Je me suis juste lancé », confie William. « Je n'avais aucune idée c'était où, ou ce que j'allais y faire. Finalement, c'est en arrivant ici que je me suis rendu compte que je vivais les impacts des changements climatiques. Dans les communautés que je visitais, on ne me parlait que de ça, à tous les jours. Ici, c'est super tangible, la glace fond, les poissons se font plus rares. Ce n’est pas ''dans 50 ans…'', c'est maintenant. »

Par contre, les Territoires du Nord-Ouest représentent pour Gagnon une réelle opportunité de créer des changements dans les communautés. Jusqu'à décembre dernier, William travaillait sur un projet de construction pour le Northern Centre for Sustainability, un laboratoire innovateur basé sur les Objectifs de développement durable de l'ONU. Situé dans le Nord circumpolaire, ce serait le premier bâtiment à bilan de carbone négatif au Canada.

Publicité

Mais comment faire pour avoir un bilan de carbone négatif? William et son équipe ont eu quelques idées ingénieuses. « Si on prend un bois qui pousse à proximité et que l’on replante chaque arbre qui est abattu, le bois, c’est un super matériau pour notre bilan de carbone. De plus, j’ai découvert une technologie en Finlande. C’est comme de la combustion de biomasse, pour le chauffage, mais cette biomasse est comprimée pour faire des pastilles de carbone pur, qui peut être planté et favorise la santé du sol. C’est donc un procédé à carbone négatif. »

Cette technique est d’ailleurs une excellente idée pour la région, où le prix du chauffage représente une dépense énorme. « C'est très agréable, mais la vie est plus difficile en termes de logistique. Il fait froid, évidemment, et on peut se ramasser avec une facture de chauffage de 2000 $ », dit Gagnon, à propos de sa nouvelle terre d’accueil.

Selon les plans, le Northern Centre for Sustainability devrait servir de quartier général où des entrepreneurs locaux pourraient réaliser des projets touchant la lutte contre les changements climatiques. Et depuis son arrivée dans les TNO, Gagnon ne cesse de participer à des projets du genre. Il a par exemple proposé des idées pour le Yellowknife Smart Cities Challenge, grâce auquel Gagnon et son équipe ont pu recevoir 250 000 $ en bourse. Leur idée : transformer Yellowknife en ville sans pollution lumineuse. Cela aurait pour but non seulement de redonner aux habitants de la ville leur ciel étoilé, mais attirerait également des touristes, qui pourraient venir admirer les aurores boréales.

Aujourd'hui, William continue d’imaginer le futur de la région, en tant qu’agent du développement économique, au Conseil de développement économique des Territoires du Nord-Ouest. Avec cet emploi, il espère pouvoir créer des ponts avec les communautés autochtones et encourager des projets de développement durable, ainsi que créer une économie circulaire dans ces communautés souvent oubliées par les gouvernements.

Souvent invité à donner des conférences, d'Anchorage à Shenzhen, en passant par une présence au COP25 à Madrid, Will se plaît à rassembler les idées les plus innovantes qu'il rencontre lors de ses déplacements, afin de les ramener et tenter de les mettre en pratique dans sa région. Il évoque, par exemple, un avion électrique qu'il a pu piloter en Scandinavie, et qui pourrait être bénéfique dans sa région, où beaucoup de transport personnel et commercial s'effectue par voies aériennes.

« Dans les communautés nordiques, on voit un réel intérêt pour les énergies renouvelables, surtout dans le secteur des bâtiments. On dépense 20 millions de dollars par année en diesel que l'on doit importer de l'Aberta. Ça semble être peu, mais on est seulement 44 000 habitants dans les TNO, donc ça revient à un gros montant par personne », conclut l'ingénieur. « Si on arrêtait d'importer du diesel et qu'on créait un système électrique pour nous-mêmes, ça créerait des emplois et ça nous sauverait beaucoup d'argent! »