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Sexe

Tout ce que les clients d’escortes disent pour être émouvants ou chiants

Les clients, ce ne sont pas des mecs aussi parfaits que Justin Trudeau, mais ils ne sont pas diaboliques non plus, même si ça leur arrive de critiquer les vergetures et le choix de profession d'une escorte.
Photo : « Rolla », Henri Gervex

Au Canada, la loi C-36 offense énormément les travailleuses du sexe, qui y voient un obstacle à leur autonomie financière. Elles ont gagné le droit d'être des travailleuses du sexe, mais ne peuvent pas annoncer leurs services, ni avoir de clients, car les clients sont criminalisés. C'est comme si un restaurant ouvrait et montrait des photos de leur mezzé grec avec chapati, mais que ses clients — assis, affamés et bavant sur leur chemise Prada — n'avaient pas le droit d'en commander. Comment payer son loyer et des bottillons vantés par des blogues mode comme ça, sans clients pour goûter à des mets délicieux ou à une chatte fraîcheur lavande?

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Les clients, ce ne sont pas des mecs aussi parfaits que Justin Trudeau, mais ils ne sont pas diaboliques non plus, même si ça leur arrive de critiquer les vergetures et le choix de profession d'une escorte. Ceux qui étranglent des travailleuses du sexe, proposent des rendez-vous dans des terrains vagues et piquent des billets de cinquante dollars ne sont pas des clients : ils sont des agresseurs et des voleurs. Les autres, les vrais de vrais clients, ne souhaitent ni faire peur, ni se retrouver sur une liste noire. Parfois ils critiquent l'utilisation des condoms et c'est vraiment ennuyant de devoir leur rappeler à quoi ils servent (à ne pas mettre enceinte une autre femme que leur épouse et à ne pas gagner à la loterie de la syphilis), mais ils sont essentiels à la survie de toute personne dans l'industrie du sexe.

Des travailleuses du sexe m'ont confié à quel point les clients pouvaient être touchants et frustrants.

Qu'est-ce qu'un client vous a dit pour vous émouvoir?
Vana : « Grâce à moi, il a plus confiance en lui. Il m'a annoncé qu'il allait faire des projets auxquels il avait renoncé avant de me rencontrer. »

Chantelle : « Je suis une masseuse. Je n'ai pas pris de cours ou rien. J'ai un client qui vient me voir même s'il habite le New Hampshire. Il dit que lorsque je le touche, il oublie qu'il n'a pas d'enfant, que ses employés ne l'aiment pas, que sa famille ne le comprend pas. C'est triste, mais je l'aide un peu à être bien. »

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Marilou : « Un homme veuf depuis 10 ans, après un massage érotique sans extra, avait les yeux plein d'eau. Il m'a remercié pour ma douceur, car aucune femme ne l'avait caressé depuis la mort de sa femme et il avait oublié à quel point un câlin pouvait faire du bien! »

Lilianne : « Le commentaire le plus sympa que j'ai reçu est celui d'un gentil monsieur qui m'a dit que je lui donnais l'impression d'être beau et aimé. »

Madeline : « Je t'aime. Épouse-moi. »

Coralie : « Les meilleurs souvenirs pour moi, ce ne sont pas leurs paroles, mais plutôt leurs cadeaux. Un homme qui va me donner de l'argent en pourboire, sans que je demande un extra, va me faire plaisir. Surtout maintenant, alors qu'ils essaient tous de profiter de leur position de dominant, qu'ils tentent de baisser nos tarifs puisque rien ne définit vraiment les cadres légaux de notre profession. »

Améthyste : « Un client habitué m'a écrit suite à un rendez-vous : "Merci pour le très beau moment passé en ta compagnie. Et toute ma gratitude pour ta sincérité, ton support et tes encouragements. Et surtout pour m'avoir fait comprendre, au cours de nos rencontres, que la vie est plurielle, que les certitudes sont des dogmes, que la normalité est une contrainte imposée par la société. Cette normalité, source de souffrance. Merci de m'avoir tout simplement ouvert l'esprit. Je te souhaite de belles vacances et t'embrasse fort." »

Qu'est-ce qu'un client vous a dit pour vous frustrer ou vous mettre mal à l'aise

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Vana : « Dix minutes avant un rendez-vous, le gars me demande si je vais avoir peur de lui, car il est violent et il veut me frapper. Je n'ai pas donné suite et je suis rentrée chez moi. À l'époque j'étais très isolée. S'il m'avait fait du mal, personne ne l'aurait su… »

Chantelle : « Quand un client m'a dit, devant mon patron, que je n'assumais pas d'être travailleuse du sexe et que je devrais me prendre en main. »

Marilou : « En pointant mes quelques petites vergetures sur mon petit mou de ventre, un client a eu l'air dégoûté. Il m'a dit que puisque j'avais eu des enfants, je ne devais pas être serrée et qu'il voudrait juste que je le suce. Je lui ai expliqué que je n'avais pas eu d'enfant et que j'avais perdu 100 livres à la sueur de mes efforts. Il a voulu baiser finalement. Mais je lui ai dit : "Non tant pis, rhabille-toi et fait de l'air. » »

Madeline : « Un client qui tente de "mecspliquer" la gestion de ma vie et de mon argent. L'un d'eux m'a dit: "Si tu gérais mieux ta thune, comme moi, tu ne serais pas pute. C'est ça votre problème à vous, vous dépensez trop d'argent, vous ne savez pas vous gérez. Je te conseille d'apprendre à le faire parce que la beauté n'est pas éternelle." C'était lui à qui j'ai dû faire claquer 30 000 dollars en 4 ans. Et c'est lui qui veut me faire des leçons de gestion d'argent? Oh et c'est le même qui m'avait demandé de l'épouser. »

Coralie : « Une fois, en salon, un jeune type me demande "comment j'en suis arrivée là". Je lui ai dit simplement "comme toi, par la porte". »

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Améthyste : « "Mais pourquoi fais tu ça? Tu es trop intelligente pour faire ce travail! Je ne comprend pas." Quand un client me dit ça, j'ai l'impression que ça sous-entend qu'il a, à la base, une vision dévalorisante et négative des travailleuses du sexe. »

Erika : « Ça me décourage quand un client croit que sa vie est parfaite parce qu'il peut se payer deux escortes dans un bain à remous avec du champagne. Je dois faire semblant d'être impressionnée et faire comme si c'était excitant d'être dans un fantasme de remake de vidéoclip. Il y a plein de clients comme ça. Et après deux bains à remous avec un gars saoul, ça va, je suis blasée. »

Olive : « Le plus frustrant… j'hésite. Celui qui m'appelle alors que je l'attends devant un café. Il me demande comment je suis habillée, puis il raccroche, et reste ensuite injoignable. Ou celui qui me donne rendez-vous à 8h30 du matin et qui me dit à 8h qu'il n'a que la moitié de l'argent et qu'il aura le reste à 10h peut-être. Je suis retournée me coucher illico contre mon amoureuse que j'avais réveillée pour rien en me levant. Après il y a aussi celui qui m'a filé un rencard à l'adresse d'un terrain vague… »

Kristen : « Quand des clients me disent que je suis une trop "bonne fille" pour faire ce genre de travail, que je mérite mieux dans la vie. Ça m'énerve en tabar…C'est comme s'ils disaient que c'est un métier honteux que seulement les crasses peuvent faire. J'ose rarement les confronter. Je sens qu'ils me disent cela pour se déculpabiliser d'avoir des rapports sexuels tarifiés. Anyway, ces hommes sont le genre de clients que je vois une seule fois. Rarement des réguliers. »

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