Trois pavillons de l'université Concordia ont été évacués par la direction de l'établissement vers 11h30 mercredi, à la suite de menaces à la bombe à l'endroit d'étudiants musulmans. Des policiers ont été déployés sur les lieux, mais aucun explosif n'a été retrouvé.Les autorités comme plusieurs médias ont reçu une lettre de menaces, signée par le coordonnateur de la branche du Council of Conservative Citizens of Canada (Conseil des citoyens conservateurs du Canada, ou C4) de Concordia - ou, du moins, un groupe qui s'est donné ce nom.
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On y prévient qu'entre mercredi à midi et vendredi 14h, une petite bombe artisanale explosera chaque jour dans certains bâtiments « où les musulmans se tiennent ». On ne compte pas les tuer, précise-t-on, mais plutôt « blesser certains d'entre eux ».On relate qu'une membre du C4 a formulé des plaintes à l'association étudiante de Concordia à propos de « de la prière du vendredi et des discours souvent anti-Chrétiens et anti-Juifs », mais que ces plaintes n'ont pas été entendues. On critique également le fait que des hommes musulmans se promènent en gougounes entre leur local de prière et les toilettes, ce qui perturberait les étudiants qui tentent d'étudier ou de manger. Le groupe décrie en outre avoir vu des hommes se laver les pieds dans les lavabos des toilettes publiques.La lettre assure que le climat a changé depuis que Donald Trump a été élu, et que le comportement des musulmans ne sera plus toléré. Le C4 exhorte l'université à interrompre toute activité religieuse sur le campus.L'association des étudiants de Concordia a rapidement condamné cet acte violent sur sa page Facebook, assurant qu'elle « souhaite assurer la communauté musulmane qu'elle va continuer à travailler à défendre leur droit d'avoir des lieux de prière sur le Campus ».Le recteur Alan Shepard a aussi diffusé un message d'inclusion. « Nous nous soutiendrons les uns les autres et nous nous ferons un point d'honneur de demeurer un établissement accueillant et inclusif pour tous les étudiants, employés et professeurs », a-t-il exprimé par voie de communiqué.
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Quel est ce groupe, le C4?
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Leur groupe Facebook compte présentement un peu plus de 500 membres. Au moment d'écrire ces lignes, plusieurs d'entre eux affichaient des drapeaux confédérés sur leur photo d'utilisateur, considéré par plusieurs comme un symbole raciste.Le CofCC aurait d'ailleurs eu un impact sur le jeune Dylann Roof, qui a ouvert le feu le 17 juin 2015 dans une église de Charleston, tuant neuf Noirs. Le meurtrier avait écrit un manifeste raciste justifiant son crime, dans lequel il soulignait que les écrits du CofCC avaient influencé sa radicalisation, lui faisant prendre conscience « que quelque chose ne tournait pas rond » après avoir lu « des pages et des pages de meutres brutaux de Blancs perpétrés par des Noirs. » Roof a été condamné à mort l'an dernier.À Montréal, l'opération policière s'est conclue en après-midi mercredi, sans que les agents du SPVM aient retrouvé la moindre trace d'explosifs dans l'université. L'enquête a été transférée à la division des crimes majeurs du SPVM, qui tente de retracer le ou les auteurs du courriel.L'association étudiante de Concordia a pour sa part demandé à la direction de l'établissement de suspendre tous les cours et examens pour le reste de la semaine, puisqu'une partie la communauté étudiante et universitaire musulmane ne se sentirait plus en sécurité depuis l'alerte.L'université a plutôt fait savoir que les cours reprendraient dès 18h, mercredi.L'événement survient un mois après l'attentat de la grande mosquée de Québec, où six musulmans ont été assassinés. Le principal suspect dans cet affaire, le québécois blanc Alexandre Bissonnette, n'a pas encore subi son procès.