Qui aurait cru qu'un jour un hologramme humanoïde à la voix synthétique saurait rassembler et faire vibrer une communauté de plusieurs millions de fans partout dans le monde. Considérée comme l'icône Vocaloid la plus populaire de tous les temps, la pop-star virtuelle Hatsune Miku 初音ミク vient de souffler ses dix bougies, mais, bizarrement, il semblerait que la diva soit restée scotchée sur son sweet sixteen.
Publicité
Du haut de ses 158 cm, la gamine aux très longues queues de cheval turquoise est devenue, en l'espace d'une décennie, l'un des produits incontournables de la culture pop contemporaine japonaise. Phénomène marketing inédit, l'attrait de cette idole en dit long sur la complexité d'une société nippone excentrique, à la fois fascinante et incomprise. Avouons qu'il n'est quand même pas si simple de comprendre comment l'hologramme d'une jeune chanteuse virtuelle épargnée par la puberté se démerde pour faire du gros sold-out dans des stades et des salles immenses. De même, comment expliquer pourquoi femmes, enfants et hommes de tous âges s'agglutinent par milliers à ses concerts pour agiter énergiquement des glowsticks \ (•◡•) / pendant 3 heures et chanter en cœur les titres phares d'une pop-star faite de 1 et de 0.Pour ces millions de fans et d'otakus du monde entier qui iront même jusqu'à lui sociofinancer un sanctuaire, cette cyber-celebrity est, malgré elle, un personnage d'intérêt public. Au-delà de sa popularité qui dépasse les frontières physiques de l'archipel, Hatsune est également une influenceuse mode, lifestyle et musicale invétérée. Mais n'oublions pas qu'elle a été avant tout un simple personnage et accompagnement visuel pour l'une des premières voix offertes par le logiciel de synthèse vocale Vocaloid.C'est Yamaha, la multinationale experte en motos et motoneiges, mais aussi en matos musical, qui a développé Vocaloid. Ce logiciel de synthèse vocale permet à n'importe quel être humain doté d'un ordinateur de générer des chansons en tapant ses propres paroles et en les associant à une mélodie déposée sur un piano roll telle une pétale de rose. Bien évidemment, la J-Pop reste le genre le plus représenté, mais si le rap vous fait encore plus kiffer, libre à vous d'essayer de faire de la concurrence à T-Pain.La magie opère cependant lorsqu'on utilise sa propre créativité, l'étendue de sa culture musicale, la puissance de son cerveau et, enfin, la tonne d'options et de configurations offertes par l'interface. Jouer avec l'intensité des prononciations, aiguës ou graves, timbre adulte ou enfant, ou balancer quelques vibratos pour donner un peu de dynamisme et de kawaï-itude, par exemple, sera la clé pour gratter un statut de gars respectable parmi la communauté geek Vocaloid. Celle-ci est très présente sur YouTube, sur les forums et wikis spécialisés et bien évidemment sur Reddit.
Un logiciel musical développé par Yamaha est à l'origine de la diva
Publicité
À l'achat, le logiciel comprend une banque de voix (préenregistrées avec de vrais acteurs et chanteurs) qui diffère selon la version, et chaque box correspond à un personnage-icône ayant une apparence et une personnalité propre à sa voix. Par exemple, une édition ayant une banque vocale féminine sera forcément rattachée à un personnage féminin. Beaucoup de ces protagonistes resteront bloqués sur la plateforme et le parcours Vocaloid « classique », mais une poignée d'autres réussiront à atteindre un marché un peu plus large et lucratif. Hatsune Miku en est le plus bel exemple.
Du logiciel à la scène internationale et au marketing de masse
Publicité