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Crime

Tout ce qu’on sait de la vague de bombes qui ciblent les démocrates

Dix colis suspects ont été envoyés à d’importantes figures politiques de gauche. La droite crie au complot. Le FBI enquête.
Tout ce qu’on sait de la vague de bombes qui ciblent les démocrates
Des policiers patrouillent à l'extérieur des bureaux de Time Warner, après une alerte à la bombe. Crédit: EPA/JUSTIN LANE

À deux semaines des élections de mi-mandat, l’Amérique est secouée par la circulation d’une dizaine de colis suspects contenant des engins explosifs, visant des démocrates et leurs partisans, dont Hillary Clinton, Barack Obama, Joe Biden et Georges Soros. La chaîne CNN fait également partie du lot.

VICE résume les grandes lignes de l’événement.

Comprendre ce qu’il s’est passé

Retour en arrière. Lundi, le milliardaire et philanthrope George Soros reçoit dans sa boîte aux lettres une enveloppe dans laquelle se trouve une bombe. C’est un engin plutôt petit, un tuyau de six pouces rempli de poudre explosive. Soros est un activiste politique et donateur notoire du parti démocrate, ayant généreusement soutenu les campagnes de John Kerry, de Barack Obama et d’Hillary Clinton. Il est régulièrement la cible de critiques et de théories du complot venant de l’extrême-droite. La bombe est récupérée par un concierge de sa résidence en banlieue de New York.

Mardi soir, les Services secrets américains trouvent un engin similaire dans une enveloppe adressée à l’ancienne candidate présidentielle Hillary Clinton. Dans les heures qui suivent, ils trouvent un autre colis adressé à Barack Obama.

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Mercredi matin, c’est l’alerte à la bombe dans les bureaux de CNN à New York. Ceux-ci se situent en plein Manhattan, au Time Warner Center, un complexe de deux tours de 229 mètres de haut.

Le colis était cependant adressé à l’ancien directeur de la CIA sous Obama, John Brennan. Brennan est un fervent critique de l’administration Trump et a accusé le président d’avoir fait de la collusion avec la Russie lors des élections de 2016. Il intervient régulièrement à CNN, en plus de collaborer à NBC et MSNBC.

Un autre colis devait parvenir à l’ancien procureur général des États-Unis sous Obama, Eric Holder. Mais le colis portait la mauvaise adresse, et il a été livré à l’adresse de retour, soit celle du bureau de Debbie Wasserman Schultz, qui était présidente du Comité national démocrate durant la dernière campagne électorale.

Mercredi soir, le FBI confirmait que deux autres colis avaient été adressés à une représentante démocrate de la Californie, Maxine Waters. L’un ciblait son bureau à Washington, l’autre a été intercepté à Los Angeles.

Puis l’affaire a continué tôt jeudi matin, on apprenait que les colis suspects avaient fait d’autres cibles. Deux colis étaient adressés à l’ex-vice-président démocrate Joe Biden, qui réside au Delaware, et dont le nom circule pour l’élection présidentielle de 2020. Un autre colis supplémentaire visait Robert De Niro, à New York. L’acteur est un vif opposant du président américain.

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Le complot que décrie la droite

La droite américaine n’a pas tardé à se faire entendre et à laisser croire que tous ces colis n’étaient qu’un grand complot orchestré par la gauche, pour faire mal paraître la droite. Les exemples sont nombreux. Le subreddit The_Donald regorge de mèmes, de captures d’écran et de messages qui vont en ce sens.

Sur Twitter aussi, le complot s’est lâché lousse.

« De fausses victimes d’agression sexuelles. De faux réfugiés. Maintenant, des fausses bombes à la poste. On apprend tous maintenant de quelle manière les médias de gauche sont des maîtres de la distorsion, de la déformation et de la tromperie », écrit le commentateur politique conservateur et auteur Dinesh D’Souza.

« Les enquêteurs doivent sérieusement regarder dans les groupes d’extrême gauche comme Antifa, pour les bombes envoyées à Soros, Obama et aux Clinton », a écrit John Cardillo, un animateur de radio de droite qui collabore à Rebel Media, dans un tweet qui a depuis été supprimé. « Tout ceci sent la tactique de gauchistes détraqués qui savent qu’ils perdent. »

Même son de cloche du côté de l’animateur pro-Trump Bill Mitchell, qui a lancé sur Twitter « Ces “colis explosifs” envoyés aux médias et aux importants démocrates sont recouverts de la propagande de Soros, pour que les médias puissent présenter le parti républicain comme “la horde dangereuse”. Pure merde. »

Et la liste continue.

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Il y en a eu également eu des échos au Québec; le vlogueur de droite Stu Pitt criait mercredi matin aux FAKE NEWS.

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Où en est l’enquête

Il y a encore beaucoup de zones de floues dans cette histoire. Aucune des bombes n’a explosé. On ne rapporte aucun blessé. On ignore qui aurait pu envoyer les colis, mais le FBI suspecte que certains d’entre eux auraient pu être envoyés à partir de la Floride. Les autorités américaines avancent que ces événements semblent reliés. Les dix colis portaient tous la même adresse de retour, celle de Debbie Wasserman Schultz.

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Aucun suspect n’a encore été arrêté. Le FBI assure que « l’enquête est de la plus haute importance », et qu’il fait équipe avec la Joint Terrorism Task Force. L’agence fédérale rappelle qu’il est possible que d’autres paquets soient toujours en circulation.

Quant à l’hypothèse avancée par la presse américaine que les bombes seraient des canulars, le chef de police de New York, James O’Neil s’est refusé tout commentaire.

Justine de l'Église est sur Twitter.