Qu’est-ce qui arrive aux dépouilles non-réclamées?
Photo : Ben Smith/Flickr

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Qu’est-ce qui arrive aux dépouilles non-réclamées?

Au Québec, celles-ci sont de plus en plus nombreuses ces dernières années.

Le nombre de corps non réclamés connaît une croissance exponentielle dans les dernières années. Quel sort est-il réservé à ces dépouilles abandonnées?

Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), le nombre de corps non réclamés aurait plus que doublé entre 2006 et 2015, présentant une augmentation de 59 % de dépouilles non réclamées en comparant les deux années. Mine de rien, les 309 corps abandonnés en 2015 ont coûté près de 226 674 $ au MSSS. Le Bureau du coroner a constaté pour sa part la même croissance en comparant les années 2007 et 2016 ; 45 corps il y a 10 ans, contre 89 corps dans la dernière année.

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Il n'y a aucune étude qui peut expliquer ce phénomène, a soutenu la coroner en chef, Catherine Rudel-Tessier, lors d'un court entretien téléphonique. Il s'agit d'une donnée plutôt hasardeuse, mais « c'est certain qu'il y a de l'isolement et un vieillissement de la population québécoise », a-t-elle rappelé.

Les familles ont 30 jours pour se manifester

Un corps est signalé non réclamé lorsque la famille ne s'est pas manifesté dans les 30 jours suivants le décès. Pour chaque cadavre abandonné, la famille doit être contactée afin de disposer du corps de la manière souhaitée. La famille, si elle est joignable, peut décider de ne pas prendre en charge la dépouille.

« La famille doit absolument signer un document [indiquant le refus de la prise en charge du corps]. Les membres de la famille ne peuvent pas juste dire "j'veux rien savoir de la dépouille" », a expliqué Geneviève Poirier, directrice des opérations et responsable des situations de corps non réclamés chez les complexes funéraires Magnus Poirier.

Malgré les recherches exhaustives du Bureau du coroner, il arrive parfois que la famille vienne d'un autre pays et qu'une situation se conclue des années plus tard. Mais avant, le Bureau du coroner se charge donc d'annoncer l'identification de chaque corps sur leur site internet. Il s'agit d'une liste exhaustive qui dénombre des corps retrouvés à partir de 2014 jusqu'à maintenant, qui sont entreposés ou inhumés aux frais de l'État. Dans certains cas, même si elle n'est pas prise en charge par la famille, quelques organismes à but non lucratif (OBNL) amassent des fonds pour offrir des funérailles aux corps non réclamés, en toute dignité.

« Pour la dignité humaine »

Dans un échange de courriels avec Marie-Claude Lacasse, responsable des relations de presse au ministère de la Santé et des Services sociaux, on confirme que les dépouilles non réclamées sont embaumées ou incinérées au complexe funéraire préalablement choisi.

La Fondation Gilles Kègle, dans la région de Québec, a initialement pour mission d'offrir des soins et un toit pour les gens de la rue. Deux fois par année, sa fondation sert à financer des funérailles pour des corps non réclamés. « Nous enterrons environ 30 personnes à chaque cérémonie et c'est très dispendieux. Mais nous faisons ça pour la dignité humaine », a expliqué Gilles Kègle lors d'un entretien téléphonique.

L'abbé Claude Paradis, qui œuvre dans l'organisme Notre-Dame de la rue à Montréal, organise également une cérémonie annuelle en septembre pour les corps non réclamés, où les gens de l'organisme Notre-Dame de la rue et des proches viennent se recueillir. L'abbé Paradis prépare aussi quelques commémorations au courant de l'année pour les enfants disparus ou les dépouilles d'enfants mort-nés.