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Mode

J’ai porté un jeans JNCO pendant deux semaines

Tout le monde te dit à quel point tu auras l'air d'un tueur, mais personne ne te prévient que tu seras une zamboni sur deux pattes.
Devin Pacholik dans ses jeans JNCO

Du début des années 90 à celui des années 2000, de nombreux adeptes de raves, de hip-hop, de skate ou encore de hardcore ont porté un type de jeans qui ne passait pas inaperçu : les JNCO. Plus ample était le pantalon, plus forte était l'affirmation de soi – et plus sûre était la disqualification du marché du travail.

Quand j'étais jeune, je voulais aussi des jeans JNCO. Je suis passé par plusieurs phases : death métal, skate, anarchie, et il aurait bien complété mon uniforme. Mais ma mère m'aimait et me l'a interdit. Maintenant que je suis adulte, comme je peux porter les pantalons que je veux, j'ai décidé d'acheter un jeans JNCO et de le porter pendant deux semaines pour voir comment ma vie en serait changée.

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En fin de compte, l'entrée dans la culture JNCO est pas mal plus chère que je l'aurais imaginé. Je pensais trouver un jeans bon marché dans une friperie ou sur internet, mais non. Aucune des friperies de Regina (où je vis) que j'ai visitées n'en tenait. Les JNCO sont, semble-t-il, devenus des pièces de collection et les plus amples se détaillent 300 $ chacun sur eBay. Je n'avais pas envie de changer de vie à ce point-là.

J'ai fini par en trouver un – neuf, jambe de 50 pouces de large, 186,81 $ canadiens – directement sur le site web de la maison mère de JNCO à Los Angeles. Quelques jours plus tard, le colis est arrivé et j'ai enfilé pour la première fois de ma vie un jeans JNCO.

Pour maximiser cette expérience, j'ai participé à sept activités différentes au cours d'une période de deux semaines. Chaque fois, j'ai interrogé autant de personnes que possible. Je leur ai demandé s'ils aimaient ou non mon jeans JNCO et j'ai compilé les résultats pour connaître le taux d'approbation. J'ai noté tous les commentaires et supporté toute la honte.

Jour 1 : Conférence

La première journée, je participais à l'enregistrement en public d'une balado intitulée Des adultes lisent des textes qu'ils ont écrits quand ils étaient jeunes. J'avais imaginé que ce serait amusant mais, dès que je suis sorti de chez moi, j'ai compris que c'était une erreur. Chaque pas dans la neige était une épreuve risquée. Mon téléphone et mes clés étaient tombés hors d'atteinte dans mes poches en apparence sans fond. Et j'ai dû affronter une foule de plus de 200 personnes. J'avais combiné mon jeans JNCO à un cardigan rouge et un t-shirt, et c'est ainsi vêtu que j'ai dévoilé une partie de mon enfance.

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Commentaires du public
14 personnes interrogées
Taux d'approbation de 50 %

« Courageux, audacieux. Ça me rappelle les raves. »

« Pour moi, le jeans, c'est 80 % de fonctionnalité et 20 % d'esthétique. Là, c'est un double échec. »

« Est-ce que tu le rentres dans tes bas quand tu prends ton vélo? »

Jour 2 : Concert classique

Les concerts classiques et les vêtements soignés vont de pair, comme le beurre d'arachide et la confiture de fraises. Par comparaison, les concerts classiques et le jeans JNCO vont aussi bien ensemble que du beurre d'arachide et une allergie aux arachides. J'assistais à un concert de l'Ensemble baroque de Per Sonatori qui s'intitule Viola de Gamba. La viole est un instrument à cordes qu'on joue avec un archet, qui ressemble un peu au violoncelle et date du 15e siècle. En français, Viola de Gamba se traduit par « viole de jambe »… Parlant de jambes, j'étais évidemment le seul à ce concert qui portait un jeans JNCO. Assis au balcon de la prestigieuse Église Knox-Metropolitan, j'ai écouté cette musique lumineuse, seul. J'étais venu avec ma femme, mais elle ne s'est pas assise avec moi.

Commentaires du public
10 personnes interrogées
Taux d'approbation de 40%

« C'est un peu inapproprié. »

« Nü métal à l'extrême. »

« Je pensais que tu portais une jupe. »

Jour 3 : Balade au centre-ville

On pourrait croire que le centre-ville de Regina est inspiré du jeans JNCO : beaucoup d'espace vide. Ç'a été le jour le plus difficile. Je suis resté figé pendant 20 minutes devant le Cornwall Centre, le centre commercial de Régina, comme son nom ne l'indique pas. J'avais peur de croiser quelqu'un que je connais, et le malheur a frappé. J'ai vu un ancien camarade du secondaire, qui est devenu policier. Il escortait un adolescent menotté. Quand il m'a croisé, j'ai vu dans ses yeux qu'il m'a reconnu. Il m'a regardé de la tête aux pieds, en s'attardant au jeans. Honnêtement, je pense qu'il avait plus honte pour moi que pour l'adolescent qu'il avait arrêté. Et même cet ado me regardait avec désapprobation.

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Commentaires du public
20 personnes interrogées
Taux d'approbation de 25%

« J'aurais peur de prendre l'escalier mécanique. »

« J'adore. J'en ai un pareil. »

« Quand tu t'es approché, j'ai craint pour ma vie. »

Jour 4 : Tournoi entre amis

À ce point, mon pantalon n'avait plus trop l'air neuf. Dans le temps, tout le monde vantait le look des JNCO, mais personne ne mentionnait que très vite ils sont aussi sales que le dessous d'une balayeuse de rue. Ce soir-là, je rejoignais mes amis pour un tournoi de Super Mario Strikers. C'est le seul genre de tournoi que le jeans JNCO permettait. Ç'a été la sortie la plus agréable parce que mes amis me connaissent et m'acceptent. Il voyait au-delà de l'adulte qui porte un jeans JNCO. Mon équipe, les Christ Punchers, a terminé en deuxième place et, malgré mon pantalon, j'ai osé tenter une danse de célébration sur la musique de Linkin Park.

Commentaires du public
12 personnes interrogées
Taux d'approbation de 60%

« Si tu m'avais demandé "Qu'est-ce qui te convaincrait d'en porter?" Je t'aurais répondu "Des menaces de mort, peut-être." »

« Ça me rappelle une autre époque. Une époque plus simple. Une époque plus agressive. C'est confus. »

« C'est carrément la pire chose que je n'ai jamais vue. »

« Ils sont bons pour la poubelle. »

Jour 5 : Soirée romantique

Ma femme, Jill, n'avait pas hâte à cette soirée. Je l'ai emmenée chez Nest, un chic piano-lounge. Dès qu'elle a vu qu'on pouvait choisir nos places, elle s'est précipitée vers une table du fond. J'ai commandé un sous-marin au steak parce que je le méritais. Le service a été excellent et la serveuse a même accepté de prendre une photo de nous : Jill, moi et le pantalon. Elle a fait comme si c'était une demande habituelle chez Nest, ce qui doit être salué, car c'est un pas vers l'acceptabilité sociale de la culture JNCO.

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Commentaires de ma femme
Une personne interrogée
Taux d'approbation de 0%

« C'était embarrassant. Je n'ai jamais marché aussi vite de l'entrée à la table. Le seul bon côté, c'est que personne que je connais ne m'a vue. Tu m'en dois une. »

Soirée entre amoureux

Jour 6: Travaux de rénovations

Vers la fin de ces deux semaines de quête de soi, j'ai découvert un grave problème de moisissure dans notre sous-sol. Les travaux nous ont coûté des milliers de dollars et jamais je n'aurais pu acheter les JNCO si j'avais appris plus tôt qu'on aurait désespérément besoin d'argent. À la fin, pour repeindre les murs, j'ai bien sûr porté mon jeans JNCO. Je l'ai taché de peinture à plusieurs endroits et j'ai renversé différentes choses en marchant. Ma femme m'a demandé d'arrêter. J'ai pu aller jouer aux jeux vidéo, grâce au JNCO.

Commentaires de ma femme
Une personne interrogée
Taux d'approbation de 0%

« Arrête. »

Jour 7 : Présentation à l'université

On m'a invité à prendre la parole au département d'anglais de l'Université de Regina. Le titre de ma présentation était  Tout est dans le pantalon : Comment un journaliste pigiste devient célèbre. Je m'attendais à une salle comble, mais seulement dix personnes se sont présentées. J'ai parlé de l'importance d'être audacieux dans la vie et dans le travail, en pointant la traîne de denim suspendue à ma taille. L'assistance n'a eu aucune question.

Commentaires du public
3 personnes interrogées
Taux d'approbation (à main levée) de 33%

« Ils sont larges. »

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