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Le mot « islamophobie » trouble le PQ et la CAQ

La journée nationale contre l’islamophobie ne fait pas l’unanimité
Crédit photo : La Presse canadienne/Jacques Boissinot

Les deux principaux partis de l’opposition à Québec se positionnent contre l’instauration d’une journée nationale contre l’islamophobie.

En mémoire de l’attaque contre la grande mosquée de Québec qui a fait six morts l’an dernier, plus de 70 organisations musulmanes canadiennes ont demandé au Canada de faire du 29 janvier une « journée nationale de commémoration et d’action contre l’islamophobie ».

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« Les communautés musulmanes canadiennes sont toujours bouleversées de ces horribles attentats qui ont coûté la vie de six hommes musulmans qui étaient en train de prier dans leur mosquée », peut-on lire dans la lettre transmise au premier ministre Trudeau vendredi dernier, cosignée par près d’une centaine d’organisations.

Si Justin Trudeau n’a toujours pas fait connaître sa position sur le sujet – son cabinet n’a d’ailleurs pas donné suite aux questions de VICE –, au Québec, les partis se sont déjà prononcés. Et l’accueil est mitigé.

Le Parti libéral n’a pas tranché sur la question, mais s’est dit ouvert à la démarche, tandis que Québec solidaire appuie la demande. Par contre, la Coalition avenir Québec (CAQ) et le Parti québécois (PQ) ont rejeté la demande d’emblée, rapporte La Presse.

« Nous croyons que la journée du 29 janvier devrait être consacrée à commémorer la mémoire des victimes de cette terrible tragédie », a expliqué la CAQ dans un courriel au quotidien numérique. « Il s'agit du geste intolérable d'une seule personne et non pas celui d'une société entière. Les Québécois sont ouverts et accueillants, ils ne sont pas islamophobes. »

Pour sa part, le PQ n’aime pas la formulation proposée par le Centre national des musulmans canadiens et souhaite changer le mot islamophobie, qu’il juge trop controversé, pour les termes « sentiment anti-musulman ». « Le PQ s'oppose à toute forme de discrimination et de racisme, mais également à l'intégrisme religieux, parfois lui-même intolérant », a ajouté Bruno-Pierre Cyr, attaché de presse de Jean-François Lisée, en entrevue avec La Presse.

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Le Centre culturel islamique de Québec (CCIQ), où a eu lieu l’attaque de l’an dernier, ne se désole pas outre mesure de la réaction de l’opposition. « Nous sommes assez contents qu’il y ait un débat! » a réagi le directeur des communications du Centre, Mahedine Djamai, en entrevue avec VICE.

« Nous sommes un peu surpris que l’on mélange des choses, qu’on dise que d’être contre l’islamophobie équivaut à dire que les Québécois sont racistes. Ce sont deux choses complètement différentes », a-t-il poursuivi, dans une critique à peine voilée contre la CAQ.

Il a poussé un léger soupir lorsque questionné au sujet du choix de terminologie du PQ. « Si ça fait leur affaire d’appeler ça un “sentiment anti-musulman”… Mais bon, nous on utilise le mot islamophobie. Et on utilise les mots attentat terroriste. »

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Mahedine Djamai assure que la communauté musulmane juge que les Québécois sont ouverts et accueillants, et non pas racistes. Il cite à ce chapitre l’élan de solidarité des Québécois au lendemain de la tuerie à la mosquée, tout comme la mobilisation générale pour qu’Aymen Derbali puisse s’offrir une maison adaptée à ses besoins, lui qui souffre de paralysie depuis qu’il a été criblé de balles en tentant de sauver les fidèles le soir de l’attaque.

« Maintenant, il faut s’asseoir ensemble et trouver des solutions pour que ça ne se reproduise pas », a affirmé M. Djamai.

Le CCIQ n’a pas obtenu de réponse à leur demande du cabinet de Justin Trudeau, mais espère peut-être en obtenir une à son passage à Québec le 18 janvier prochain, pour une séance de questions-réponses avec les citoyens.

Justine de l'Église est sur Twitter.