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Un satellite russe ravive la peur d'une course aux armements spatiaux

La Russie et la Chine continuent à renforcer leur présence dans l'espace. Leur objectif : ne pas se laisser semer par les États-Unis, la première puissance militaire spatiale.
Image: NASA

La peur de la guerre spatiale progresse. Depuis quelques mois, l’administration Trump cherche à créer une sixième branche de l’armée américaine pour l’espace, la bien-nommée « Space Force ». La semaine dernière, la sous-secrétaire en charge du contrôle, de la vérification et de la conformité des armes, Yleem Poblete, a jeté de l’huile sur le feu dénonçant le « comportement très anormal » d’un satellite russe lors d’un discours aux Nations unies.

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« Nous ne sommes pas sûrs de ce que c’est et nous n’avons aucun moyen de le savoir, a expliqué Poblete lors d’une conférence sur le désarmement. Cependant, les plans russes pour ce satellite sont troubles et représentent évidemment un développement troublant. »

Le Ministère de la défense russe décrit le satellite comme un « inspecteur d’appareils spatiaux », mais Poblete a affirmé que son comportement « n’était conforme à rien de ce qui a été observé jusqu’ici dans les secteurs de l’inspection en orbite ou de la conscience situationnelle spatiale, même dans les autres activités d’inspection satellitaire russe. »

Alexander Deyneko, un diplomate russe présent à la conférence, a décrit le discours de Poblete comme « un ensemble d’accusations sans fondement, diffamatoire et basé sur des soupçons. »

Poblete n’a pas révélé de détails sur les manoeuvres du satellite. Impossible de juger de sa dangerosité réelle ou supposée en l’absence d’informations supplémentaires. Reste que les commentaires de la sous-secrétaire renvoie au problème pressant de la militarisation de l’espace — et notamment des technologies à double usage.

« Double usage » est un terme désignant les objets déployés officiellement pour des motifs « normaux » mais qui peuvent être utilisés à des fins militaires. Exemple : un satellite-réparateur capable d’altérer un satellite adverse. En plus d’inquiéter profondément les experts en sécurité spatiale, les engins spatiaux à double usage sont difficiles à encadrer d’un point de vue légal.

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« Le problème, c’est que dans l’espace, certains pays — les États-Unis, notamment — font des choses “troublantes” à d’autres pays, souvent grâce au double usage inhérent à la plupart des technologies spatiales » explique Joan Johnson-Freese, professeur spécialiste des affaires de sécurité intérieure au Naval War College de la marine américaine, dans un mail à Motherboard.

Johnson-Freese utilise l’exemple du X37-B, un projet de drone spatial top secret. En dehors de l’US Air Force, son responsable, personne ne sait quel est son objectif. Le département d’État américains se méfie des projets russe et chinois à double usage, et vice-versa. Quoi de plus normal ?

« La Russie et la Chine renforcent clairement leurs programmes militaires spatiaux dans le but de réduire l’écart de force entre les États-Unis et le reste du monde, explique Johnson-Freese. Malheureusement, les États-Unis sont bloqués sur une posture de “Faites ce que je dis mais pas ce que je fais.” Personne ne fait ou développe des choses qui n’ont pas déjà été faites par eux. »

C’est la raison pour laquelle l’administration Trump a ben du mal à justifier le concept de la Space Force. C’est vrai, les États-Unis sont sans doute menacés de toutes parts dans l’espace : attaques cinétiques, attaques informatiques, tout semble possible. Des satellites potentiellement suspects, parmi lesquels l’engin dénoncé par Poblete la semaine dernière, devraient être surveillés de près.

Cependant, résoudre les tensions qui agitent les nations bellicisto-spatiales — particulièrement la Chine, la Russie et les États-Unis — suppose la rédaction et la signature d’un traité sur le contrôle des armes spatiales. En l’absence d’un tel accord, la communauté spatiale et internationale doit s’attendre à voir plus de ces engins menaçants envahir le ciel.