Le R’n’B thérapeutique de Mind Bath
Photos par Shannon Stewart. Stylisme par Stephane Christinel
Musique

Le R’n’B thérapeutique de Mind Bath

« Dans chacune des chansons, je raconte toutes sortes d’histoires de façon poétique auxquelles plusieurs jeunes queers pourront s’identifier. »

Après son premier EP I was young et son projet collaboratif réalisé avec la productrice Ouri, l’artiste montréalais Mind Bath nous revient avec un tout premier album solo paru sur son propre label, Bedroom Dubs.

Michael Brock, de son vrai nom, nous a séduits avec Baby You Can Free Your Mind, un album intime où les thèmes d’amour, de sexualité et de spiritualité se conjuguent aux réalités de la jeunesse queer d’aujourd’hui. « Dans chacune des chansons, je raconte toutes sortes d’histoires de façon poétiques auxquelles plusieurs jeunes queers pourront s’identifier, a-t-il dit lors de notre entrevue. J’offre Baby You Can Free Your Mind en guise de guérison collective à quiconque qui a besoin d’un peu de réconfort. »

Publicité

Sa voix R’n’B et ses mélodies méditatives nous transposent dans un univers où spiritualité, sensualité et intensité sont en symbiose. C’est à travers ses histoires poétiques que Mind Bath se dévoile de façon un peu plus vulnérable.

VICE l’a rencontré juste avant son lancement torontois au Drake Underground pour discuter de l’époque difficile qui a entouré la création de son album.

VICE : Quelle direction as-tu voulu prendre pour ton premier album?

Michael Brock : Le premier album est toujours assez spécial et unique, car il représente l’aboutissement d’un long processus créatif. Dans mon cas, j’ai traversé des épreuves difficiles au moment où je l’ai produit. Je n’étais pas au top émotionnellement et spirituellement parlant. Et vu ce qui se passait dans ma vie personnelle, j’ai eu besoin de plus de temps pour le terminer. C’est le projet le plus real que j’ai fait jusqu’à présent, car il transpose tout ce que j’ai pu vivre à ce moment-là.

Le titre de l’album, Baby You Can Free Your Mind, fait référence à quoi?

C’est drôle parce que jusqu’à il y a à peine deux mois, l’album était self-titled. Un jour, je l’ai écouté en boucle en conduisant vers Toronto. J'avais eu une journée de merde et j’étais vraiment triste. Et ça m’a frappé, après tout ce que j’ai vécu lors de la création de l’album, j’ai eu l’impression d’être enfin libéré de cette peine. Automatiquement, j’ai texté mon manager en lui disant que je voulais que l’album s'appelle « Baby You Can Free Your Mind », issu des paroles de Dreamin, une des chansons de l’album. L’ironie est que c’est un projet incroyablement profond pour moi, mais qui à la fois m’a permis d’être beaucoup plus light-hearted aujourd'hui.

Publicité

Quelle place occupe la chanson phare, Scorpio, sur l’album?

C’est la première chanson que j’ai écrite dans ma vie, il y a de ça sept ans. Je l’avais sortie sous mon vrai nom à l’époque. Puis, un jour, je l’ai montrée à mon amie, la productrice Ouri. Elle a adoré et y a ajouté un instrumental, mais les mélodies, les paroles et la structure y étaient déjà. Avoir ajouté Scorpio dans l’album est pour moi la preuve que la création n’est jamais linéaire. Quelque chose d’anodin à une certaine étape de ta vie peut, sept ans plus tard, être super puissant.

Pourquoi as-tu choisi d’accorder une importante place à ta voix dans chaque morceau?

Quand j’ai commencé à produire, ma musique était beaucoup plus expérimentale. C’était plutôt des sons issus d’une passe où je me droguais, où je vivais à Berlin et je sortais en boîte. J’enregistrais des vocals distortionnés sur des tracks techno. Mon premier EP était vraiment plus électronique. Mais, avec les années, j’ai fait de plus en plus confiance à ma voix, et la voix a pris de plus en plus de place dans mes projets.

1559850694580-mindbath-collage

On te décrit souvent comme un artiste R’n’B. Que penses-tu de cette étiquette?

Le problème avec l’étiquette du R’n’B est que du moment où tu as une musique sensuelle et downtempo, les gens vont dire que c’est du R’n’B. Oui, c’est mon genre préféré, et je suis plus qu’honoré que les artistes noirs l’aient créé. Ce que je fais par contre a un son un peu différent. Et en tant qu’artiste blanc, c’est très important de nous éduquer sur cette comparaison pour que notre authenticité artistique respecte les politiques et les origines du genre. Je dirais plutôt que m’a musique est sans genre, mais s’inspire de certaines particularités du R’n’B.

Publicité

Les artistes indépendants ont plus que jamais l'occasion de lancer leur propre carrière sans le soutien des labels et des majors. Explique ton choix de sortir cet album de façon complètement indépendante? As-tu des conseils pour ceux qui voudraient t’imiter?

[Rires] J’aimerais te dire que c’est simplement un boss move, mais pas tout à fait. J’ai analysé les opportunités qu’on m’offrait ici, et j’ai finalement décidé de le sortir sous mon propre label Bedroom Dubs. Je conseille de suivre son intuition et de prendre les contrats de label très sérieusement. Apprenez à connaître les gens avant de signer quoi que ce soit pour plusieurs années. Rappelez-vous que vous n’avez besoin de personne, mais que c’est eux qui ont besoin de vous. Vous êtes l’art, et ils sont la business. Ce combo peut être magique et destructeur à la fois. Un jour, j’aimerais signer avec le bon label et avoir plus de support financier.

Pour plus d'articles comme celui-ci, inscrivez-vous à notre infolettre.

Te vois-tu poursuivre ta carrière à Montréal ou tu aimerais davantage exporter ta musique autre part?

Ça va sembler super basic, mais je ne passerai pas un autre hiver ici, ça, c’est sûr. J’aime ma famille montréalaise et ce que la ville m'a permis de devenir en tant qu’artiste. Je n’aurais pas pu faire cet album ailleurs qu’ici. Mais, en même temps, je rêve comme tous les artistes que ma musique m’amène au bout du monde. Et surtout avoir la possibilité de m’offrir des vacances et partir loin avec Ouri, quelque part de très, très chaud.

Mind Bath se produira à Toronto le 7 juin prochain, au Drake Underground.