Je me suis privé de ma voiture pendant deux semaines

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Je me suis privé de ma voiture pendant deux semaines

Voici ce que j'ai appris.

Cet article fait partie de la série « Les vraies affaires » .

Vu depuis la ville de région où j’ai grandi, rien n’incarnait plus l’urbanité que le taxi.

Formé par les films, mon esprit avait tissé des liens forts entre le taxi et les notions de liberté, de mystère et d’aventure que j’associais aux métropoles. Être libre de partir n’importe où, n’importe quand, simplement en levant le bras. Ne jamais savoir sur quel chauffeur on allait tomber. Pouvoir utiliser des phrases célèbres comme « Suivez cette voiture! » ou « Dans le Sud pour 17$ ». Se demander si reculer en taxi fait baisser le compteur.

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Mais mon déménagement à Montréal a éventuellement fait capituler mes fantasmes de rat des champs. Comme beaucoup de monde, j’ai rangé l’idée de vivre en taxi comme les New-Yorkais d’Hollywood, et je me suis trouvé une voiture.

Et puis VICE m’a demandé de m’en passer pendant deux semaines.

Le défi

Les règles étaient les suivantes : vaquer à mes activités normales, mais en échangeant ma voiture contre les taxis et l’auto-partage, à la Auto-mobile et Car2Go, puis compiler le total des dépenses et les comparer à ce que me coûtent mes déplacements motorisés habituellement.

Voici donc, sans plus attendre, les résultats de l’expérience. En 14 jours, j’ai fait 16 trajets, qui m’ont coûté 166,41 $.

  • 123 $ pour 5 courses de taxi
  • 36,60 $ pour 3 courses avec Auto-mobile
  • 6,81 $ pour 1 course avec Car2go
  • 0 $ pour 5 lifts offerts par des amis

Quant à elles, mes dépenses annuelles pour faire rouler la voiture sont de 2740 $, ce qui donne 105 $ pour 14 jours.

  • 960 $ pour l’entretien et l’immatriculation
  • 600 $ d’assurance auto
  • 140 $ pour la vignette de stationnement
  • 960 $ d’essence (80 $ par mois)
  • 80 $ de contraventions

Ainsi, je réaliserais donc une économie mensuelle d’environ 120 $. Posséder une voiture semblerait donc être nettement plus avantageux. Sauf qu’il faut ajouter le prix de la voiture elle-même. J’ai une auto un peu ancienne déjà payée, alors je ne la compte plus vraiment comme une dépense mensuelle. Sinon, à 120 $ par mois ou moins, on peut se trouver une minoune avec encore quelques années de vie dans le corps. Au-delà de ce montant, la polygamie automobile devient plus avantageuse que la propriété.

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Ce que j'ai appris

J’avais négligé le poids sur l’âme d’un tas de tôle, de ses accessoires et responsabilités connexes. Pendant 14 jours, plus de viraillage pour trouver un stationnement, plus de changement de bord de rue. La lumière surprise sur le tableau de bord n’est pas mon problème. Je n’ai pas pensé à l’essence, jamais. Et quiconque possède une auto devrait vivre une fois la satisfaction d’abandonner sans vergogne son Car2go une fois arrivé à destination.

En revanche, le prix de la désinvolture, c’est le confort. Les déplacements n’étaient pas aussi agréables que dans mon habitacle habituel avec les boutons aux bonnes places (j’ai été obligé d’aller sur YouTube pour trouver comment enlever le frein à main d’une Nissan Leaf) et une prise pour mon câble auxiliaire. Autant les taximans sont fins, autant je n’ai pas toujours le goût d’écouter de la musique haïtienne ou le hockey. Et fuck le Bluetooth : au moment où on réussit à s’y connecter, on est arrivé à destination.

Cependant, ma critique la plus fondamentale de la dépendance aux véhicules des autres, c’est qu’il est difficile de trouver une voiture quand tout le monde en veut une. Car2Go et Auto-mobile ne sont pas fiables dans mon quartier entre 9 heures et 18 heures. J’ai aussi failli abandonner le défi le jour où il pleuvait à boire debout et que la station de taxi à côté de chez moi était vide et les taxis dans la rue étaient pleins.

Surtout, le hasard a fait que je n’ai pas eu à sortir de la ville pendant les deux semaines de l’expérience. Heureusement parce que je n’aurais pas voulu retomber dans le système étouffant de la réservation, collecte et retour à heures précises des voitures de location.

Bref, même si les voyages interurbains ne représentent qu’une toute petite partie de mes déplacements, ils sont la raison principale pour laquelle je consens à posséder une voiture. Le verdict? Je vais garder ma voiture en ville pour les fois où je dois en sortir. J’accepte parfaitement l’absurdité de cette situation. Jusqu’à ce qu’elle casse, j’imagine.

Cet article a été publié grâce au soutien de la Banque Nationale.