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La Stade français retrouve Leicester et Manu Tuilagi, le mauvais garçon du rugby anglais

Le centre international anglais de Leicester est un magnifique joueur capable de changer le cours d'un match. Mais il traîne aussi quelques belles casseroles.

La famille Tuilagi est bien connue des amateurs de rugby. Elle nous vient des îles Samoa et tous ses membres sont des golgoths aux muscles saillants et aux charges dévastatrices. Henry et Manu sont les plus connus d'entre eux : le premier a joué plusieurs années à Perpignan, club avec lequel il a remporté le championnat de France en 2009, et le second est l'un des plus grands talents de l'équipe d'Angleterre. Mais il y a aussi Freddi, Alesana, Andy et Vavae. Tous ont un physique de déménageur et pratiquent un jeu physique et violent, à la limite du règlementaire.

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Ce dimanche, Manu Tuilagi affronte le Stade français avec son club des Tigers de Leicester en quart de finale de la Champions Cup, la fameuse Coupe d'Europe. Il est de loin de plus talentueux de la fratrie. Mais il est surtout celui qui s'est le plus distingué par ses multiples frasques. Notre homme traîne en effet quelques belles casseroles.

2011 : âgé de seulement 20 ans, Manu pète un plomb lors d'un match de championnat d'Angleterre face à Northampton. Il balance trois coups de poing à l'insupportable Chris Ashton : gauche, gauche, droite en pleine face. Durant la rencontre, il ne reçoit qu'un carton jaune mais est suspendu cinq matches a posteriori.

L'enchaînement est parfaitement exécuté.

La même année, Manu dispute la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande avec l'Angleterre, pays où il est arrivé très jeune, à l'âge de 13 ans. A la fin de la compétition, et pour faire rire les copains, il se jette d'un ferry qui ramenait son équipe dans la baie d'Auckland après une escapade touristique. Manque de bol pour Tuilagi, sauter d'un bateau est interdit en Nouvelle-Zélande. Il écope d'une amende de 3000 livres et passe une heure en garde à vue. « Je suis vraiment désolé, c'était stupide et je demande pardon à tout le monde pour la gêne occasionnée », indique le joueur après son plongeon.

2013 : Cette année-là, Manu Tuilagi est sélectionné pour participer à la tournée australienne des Lions britanniques, sélection du Royaume-Uni et de l'Irlande, peut-être le plus grand honneur que peut recevoir un joueur de rugby outre-Manche. Les Lions remportent cette tournée et le Premier ministre David Cameron reçoit alors l'équipe au 10, Downing Street pour les féliciter. Au moment de la photo de groupe, le petit plaisantin d'origine samoane lui fait des oreilles de lapin. C'est marrant mais ça passe très mal dans le monde de la bureaucratie et des costards cravates. Du coup, il est une nouvelle fois obligé de s'excuser poliment et publiquement. Et Richard Cockerill, son coach à Leicester s'est fendu d'une réaction aux allures de rappel à l'ordre : « Il est assez mature pour savoir qu'il n'aurait pas dû le faire ». Peut-être pas en fait.

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Le petit rigolo. Photo Reuters / Chris Harris.

2015 : Le 26 avril, il agresse un chauffeur de taxi et montre brusquement son désaccord à deux policières qui voulaient le menotter. Il doit s'acquitter d'une amende de 8 462 euros. « En tant que modèles et ambassadeurs du jeu, la plus belle des attitudes est attendue de la part de tous les rugbymen anglais, sur et en dehors du terrain, a réagi le sélectionneur de l'Angleterre après ce nouveau dérapage. J'ai parlé avec Manu et il comprend et accepte le fait que ses erreurs soient très graves ». Du coup, le trois-quarts centre n'est pas sélectionné pour la Coupe du monde, au même titre que le talonneur Dylan Hartley, autre bad boy du rugby anglais, aujourd'hui capitaine du XV de la Rose. Nouvelles excuses du joueur.

2015 : Il est arrêté pour excès de vitesse et doit s'acquitter d'une amende de 1000 livres.

Mais le cadet de la famille Tuilagi ne se résume pas à ses déviances extra-sportives. Il est avant tout un super joueur de rugby qui, comme ses frères, est une force de la nature capable de changer le cours d'un match. D'ailleurs, lorsqu'il a fait ses débuts en sélection, le grand Jonny Wilkinson ne tarissait pas d'éloge sur Manu : « Il a tout pour devenir un modèle pour les jeunes joueurs. Il a la puissance, la vitesse mais aussi une incroyable vision du jeu. J'ai senti l'excitation monter rien qu'à le regarder dans les yeux avant le match ». Il est un parfait alliage de force physique donc (115 kg), de vitesse et de vivacité avec ses redoutables appuis qui créent de l'incertitude chez les défenseurs adverses. Le tout avec la mentalité guerrière propre aux joueurs samoans. Il provoque chez les fans la même excitation que Sonny Bill Williams, Julian Savea, Matt Giteau, Israel Folau, tous capables de faire gagner des matches sur une action, aussi bien en défense qu'en attaque.

Manu Tuilagi a fait son retour en équipe nationale à l'occasion du dernier Tournoi des six nations. On l'a notamment vu plaquer le Gallois George North, lui aussi un monstre, qui filait à l'essai. Grâce à son intervention, l'Angleterre s'est imposée sur le fil face aux Gallois avant de remporter le Grand Chelem face aux Français. Au centre de la ligne d'attaque anglaise, il devrait très rapidement former un duo explosif avec le tout aussi talentueux Jonathan Joseph.

Dimanche au stade Welfrod Road de Leicester, l'Anglo-Samoan portera le numéro 12 et sera opposé au Stade français, qui tentera de sauver sa saison qui, pour le moment, il faut bien l'avouer, est vraiment dégueulasse pour un champion de France en titre (l'équipe occupe la 12e place du Top 14, ndlr). On espère que son homologue parisien Jonathan Danty, ainsi que ses collègues de la troisième ligne, Sergio Parisse, Raphaël Lakafia et Jono Ross chaufferont bien leurs épaules avant d'entrer sur le terrain. Une place en demi-finale de Coupe d'Europe est tout de même en jeu.